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Marine Le Pen invitée de l'émission "Des paroles et des actes" : la polémique en six temps

Trois heures avant la prise d'antenne, la présidente du Front nationale et candidate aux régionales dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie a refusé de participer à l'émission de David Pujadas.

Article rédigé par Louis Boy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
La présidente du Front national, Marine Le Pen, sur le plateau de l'émission de France 2 "Des paroles et des actes", le 11 avril 2012. (THOMAS SAMSON / AFP)

Ultime rebondissement autour de l'émission "Des paroles et des actes" sur France 2 : dans un communiqué, Marine Le Pen annonce, jeudi 22 octobre, qu'elle ne se rendra pas sur le plateau de l'émission politique présentée par David Pujadas. Un refus synonyme d'annulation de "Des paroles et des actes".

La veille, la chaîne a annoncé que les rivaux de la présidente du Front national pour les élections régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie étaient également invités à débattre. L'absence de Xavier Bertrand et de Pierre de Saintignon était dénoncée d'une seule voix par Les Républicains et le Parti socialiste. Un changement de programme qui n'a pas été du goût de Marine Le Pen. Retour en six temps sur la polémique.

Acte 1 : Cambadélis et Sarkozy contestent ensemble l'invitation de Marine Le Pen

Il est rare que Jean-Christophe Cambadélis et Nicolas Sarkozy s'entendent sur quoi que ce soit. Mais mercredi, après une lettre du premier au second, le premier secrétaire du PS et le président du parti des Républicains ont saisi ensemble le CSA, d'une seule voix mais dans deux courriers séparés.

"Cette nouvelle invitation introduit une distorsion dans l'équité médiatique, qui plus est au profit d'un mouvement d'extrême droite", déplore Jean-Christophe Cambadélis dans sa lettre à Nicolas Sarkozy. Marine Le Pen a été invitée cinq fois en 36 éditions de l'émission. "A deux jours du début de la campagne, [France 2] offre une exposition médiatique de grande envergure à un candidat", note le directeur général des Républicains, Frédéric Péchenard, dans sa lettre au CSA.

La semaine précédente, Xavier Bertrand s'était déjà plaint de ne pas avoir été convié, et Pierre de Saintignon avait saisi le CSA "pour non-respect du temps de parole" dans les médias de manière générale.

Acte 2 : le CSA réagit

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel a rapidement réagi. "La possibilité d'une expression contradictoire devrait être rapidement offerte aux concurrents", quand une chaîne invite "des personnalités fortement impliquées dans la compétition électorale (...) faisant valoir directement ou indirectement une candidature", a-t-il rappelé, mercredi en fin de journée, sans citer directement France 2 ou Marine Le Pen.

L'instance, qui veille au respect des règles sur le temps de parole en période électorale, a en revanche rappelé que celles-ci ne s'appliqueront qu'à partir du 26 octobre, date officielle du début de la campagne.

Le CSA n'a "pas constaté au cours de l'année de déséquilibre majeur" qui "justifie une intervention", a précisé Francine Mariani-Ducray, membre de l'instance, sur Radio Classique. Tout en ajoutant : "Dans les jours qui précèdent la période électorale, il ne faut pas que des déséquilibres particuliers surgissent avec une mise en valeur excessive de telle ou telle personnalité très impliquée dans la campagne."

Acte 3 : la chaîne invite les concurrents de Marine Le Pen

Mercredi soir, France Télévisions annonce qu'elle invite d'autres contradicteurs face à Marine Le Pen. "Nous invitons Xavier Bertrand et Pierre de Saintignon à se joindre" à l'émission, indique le groupe, qui veut "apaiser la polémique". Invité sur France Inter, jeudi matin, le rédacteur en chef de l'émission, Gilles Bornstein, rappelle que Marine Le Pen est invitée "pour parler politique nationale". Elle débattra d'ailleurs avec Stéphane Le Foll, le porte-parole du gouvernement, et Jean-Christophe Lagarde, le président de l'UDI.

"Mais, puisque nous écoutons ce qui se passe autour de nous, nous ouvrons aussi une page pour un débat strictement régional", a expliqué le journaliste. Un débat "à armes égales, avec un égalité de temps de parole", aura donc lieu en deuxième partie d'émission.

Xavier Bertrand a proposé, par l'intermédiaire de son directeur de campagne, de répondre en duplex depuis Armentières (Nord), où il tient un meeting. Pierre de Saintignon, lui, a promis une réponse à l'invitation dans la matinée. Le porte-parole du Front de Gauche dénonce pour sa part un "scandale antidémocratique" : son candidat dans la région n'a pas été convié.

Acte 4 : Marine Le Pen pose des conditions

Dans un communiqué, jeudi midi, la présidente du FN se plaint du "manque de courtoisie et de correction" : "Je suis tenue d'accepter à la dernière minute plus de trois heures d'émission, six débats, plus les interviews des différents journalistes", déplore-t-elle. Le matin même, sur France Inter, le rédacteur en chef de l'émission assurait pourtant que l'émission aurait lieu "dans la configuration et la durée prévues".

Marine Le Pen, qui assure sur Europe 1 qu'elle "ne renoncera pas" à l'émission, pose tout de même une condition à sa présence : "Je ne peux accepter l'invitation qui m'a été faite qu'à la condition que le débat envisagé avec messieurs Saintignon et Bertrand remplace les débats initialement prévus avec messieurs Lagarde et Le Foll."

Acte 5 : "Il n'y aura pas d'autre proposition", répond David Pujadas 

En réponse à Marine Le Pen, David Pujadas explique en début d'après-midi, jeudi, que supprimer le débat avec Stéphane Le Foll et Jean-Christophe Lagarde "n'est pas envisageable". Il affirme également que "la proposition est sur la table, il n'y en aura pas d'autre."  

A francetv info, le présentateur donne quelques explications sur la manière dont a été organisée l'émission : "Nous avons voulu bâtir cette émission dans une légalité absolue, dans les règles du CSA, que nous respectons scrupuleusement. Puis, un débat est monté avec une question posée à l'Assemblée nationale. Le CSA s'en est fait l'écho, hier, en publiant, à 18 heures, une recommandation. Nous l'avons entendue." 

Acte 6 : Marine Le Pen annonce finalement qu'elle ne participera pas à l'émission

"Je ne me rendrai pas ce soir à cette mascarade qu'est devenue depuis quelques heures l'émission de David Pujadas 'Des paroles et des actes'." La présidente du Front national a finalement annoncé dans un communiqué qu'elle ne se rendra pas aux studios de la Plaine Saint-Denis. "Parce que je représente des millions d'électeurs français qui ont droit à la considération et au respect du service public, à moi, Monsieur Pujadas, on ne m'impose rien", justifie-t-elle. L'émission a donc été annulée.

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