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Bayrou et les assistants parlementaires du MoDem : trois questions sur les nouvelles révélations

"Le Canard enchaîné" affirme que le président du parti centriste et sa secrétaire particulière sont également soupçonnés d'emploi fictif au Parlement européen.

Article rédigé par franceinfo
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Le ministre de la Justice, François Bayrou, le 13 juin 2017 à Béthune (Pas-de-Calais), lors d'une visite de soutien à la candidate La République en marche aux législatives, Marguerite Deprez-Audebert. (DENIS CHARLET / AFP)

C'est un élément supplémentaire dans l'affaire des assistants parlementaires d'eurodéputés MoDem qui pourrait intéresser le parquet de Paris. Alors qu'une enquête préliminaire est ouverte pour "abus de confiance" et "recel" de ce délit, Le Canard enchaîné fait de nouvelles révélations, mercredi 14 juin, qui plongent un peu plus dans la tourmente le président du MoDem et ministre de la Justice François Bayrou. Et avec lui le gouvernement d'Edouard Philippe, en pleine campagne des élections législatives. Ces informations soulèvent plusieurs questions.

Que révèle "Le Canard enchaîné" ?

Dans son édition de mercredi, Le Canard enchaîné affirme que la secrétaire particulière du président du MoDem, Karine Aouadj, a signé en 2010 un avenant à son contrat, faisant d'elle l'assistante parlementaire "locale", c'est-à-dire basée à Paris, de la député européenne Marielle de Sarnez, également vice-présidente du MoDem.

La moitié, puis les deux-tiers, de la rémunération de la secrétaire particulière de François Bayrou ont dès lors été réglés par le Parlement européen, le reste par le MoDem, ajoute l'hebdomadaire satirique.

Or, selon des sources de l'entourage de François Bayrou citées par Le Canard enchaîné, Karine Aouadj, "collaboratrice personnelle de François Bayrou", "n'a jamais travaillé pour l'Europe". Pendant des années, Karine Aouadj a travaillé pour François Bayrou, dont elle gérait notamment l'emploi du temps, jusqu'à ce que le centriste soit élu maire de Pau en 2014, affirme le journal. 

Marielle de Sarnez assure à l'hebdomadaire que "Karine" Aouadj s'occupait bien de son "secrétariat" et ses "déplacements". "François [Bayrou] ne l'occupait pas plus de deux jours par semaine", car "le MoDem traversait le désert", plaide l'actuelle ministre déléguée aux Affaires européennes.

Reste que "Karine Aouadj ne s'est jamais prévalue de sa qualité d'assistante parlementaire européenne", assure au journal l'avocate et écologiste Corinne Lepage, ancienne membre du MoDem.

Que répond François Bayrou ? 

Il n'a "jamais existé" d'emplois fictifs d'assistants parlementaires européens au sein du MoDem, a assuré mercredi sur RTL le garde des Sceaux. "Il y a eu des mi-temps, des collaborateurs qui étaient à mi-temps ou à tiers de temps, ou à 60% de leur temps, à temps partiel, travaillant avec des parlementaires européens et qui, pour l'autre mi-temps, avaient des responsabilités à l'intérieur de notre organisation", a expliqué François Bayrou.

Ils étaient "payés en fonction de leur travail, par le MoDem, et par le Parlement européen", a affirmé le responsable centriste. "Chaque fois que le temps devenait important, ils étaient pris en charge à 100%" par le parti politique, a-t-il ajouté.

"Qu'est-ce qu'il y a de plus légal, de plus normal et de plus moral que d'avoir, comme ça, mi-temps pour un élu et mi-temps pour un mouvement, qu'est-ce qu'il y a de plus normal que ça ?", a encore demandé le président du MoDem.

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VIDEO. "Je ne sais pas vivre sans liberté de parole" répond François Bayrou à Edouard Philippe fbayrou (RTL)

Qu'en dit le gouvernement ? 

Officiellement, le gouvernement accorde toujours sa confiance à son ministre de la Justice, mais il le rappelle à l'ordre. Car le garde des Sceaux continue de s'opposer ouvertement à son Premier ministre, en entendant conserver sa liberté de parole, quitte à donner l'impression de faire pression sur les médias.

Malgré les soupçons, François Bayrou reste le mieux placé pour porter le projet de loi de moralisation de la vie publique, a réaffirmé le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, sur BFM TV.

Mais "le jour où le garde des Sceaux serait mis en examen, s'il devait être mis en examen, il démissionnera immédiatement, c'est la règle qu'a fixée Edouard Philippe et nous la tiendrons", a réaffirmé Christophe Castaner.

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