L'article à lire avant le référendum sur l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes
Les électeurs de Loire-Atlantique sont appelés à se prononcer sur ce projet contesté lors d'une consultation locale censée décider de l'avenir du futur aéroport.
Le long combat entre "pro-NDDL" et "anti-NDDL" va-t-il enfin connaître son épilogue ? Dimanche 26 juin, les électeurs de Loire-Atlantique sont appelés aux urnes pour une consultation citoyenne concernant le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Ils devront se prononcer sur la question suivante : "Etes-vous favorable au projet de transfert de l'aéroport de Nantes Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes ?" Un vote qui intervient après de multiples rebondissements dans ce dossier sensible. Avant les résultats, attendus à 20 heures, francetv info vous résume ce qu'il faut savoir.
J'ai l'impression d'entendre parler de cet aéroport depuis des années... Je me trompe ?
Des années ? C'est peu dire ! Dans Le Monde, l'un des fervents opposants à l'aéroport parle de "la plus vieille lutte de France". Il faut dire que le projet est dans les tuyaux depuis les années 1960. A l'époque, l'idée est de faire de Nantes une nouvelle métropole puissante, dotée d'un aéroport capable de contrebalancer ceux d'Orly et de Roissy-Charles-de-Gaulle. Ce "Rotterdam aérien", qui fait alors rêver le sénateur gaulliste et futur maire de Nantes, Michel Chauty, dans Presse Océan, serait ouvert vers l'Atlantique et accueillerait des supersoniques tels que le Concorde.
Le futur aéroport est alors prévu pour 1985. Pour l'accueillir, les regards se tournent vers le site de Notre-Dame-des-Landes, à une trentaine de kilomètres au nord de Nantes. Une zone d'aménagement différée (ZAD) est créée en 1974. Le conseil général de Loire-Atlantique préempte des habitations et des champs, sur une superficie totale de 854 hectares. Le projet tombe aux oubliettes, avant de ressortir dans les années 1990, sous le gouvernement Jospin. Après un débat public, il est validé par arrêté ministériel en 2003, puis déclaré d'utilité publique en 2008. Objectif : une ouverture en 2017, pour voir transiter neuf millions de passagers.
Nantes a déjà un aéroport. Pourquoi en faudrait-il un nouveau ?
Lorsque le projet refait surface dans les années 1990, ses partisans, dont le maire socialiste de l'époque, Jean-Marc Ayrault, mettent en avant la nécessité de désengorger l'aéroport de Nantes Atlantique déjà existant. Citant les données de la direction de l'aviation civile, ils affirment que le seuil de saturation (4,3 millions de passagers) pourrait y être atteint d'ici 2020.
Pour les défenseurs, un transfert à Notre-Dame-des-Landes résoudrait aussi les problèmes liés aux nuisances sonores. Ils s'appuient sur les estimations de l'aviation civile, selon lesquelles 42 000 Nantais sont actuellement exposés aux bruits, contre 2 700 personnes maximum si l'aéroport était transféré, souligne Ouest-France. Les défenseurs invoquent aussi le risque sécuritaire, s'inquiétant qu'un avion puisse s'écraser sur la ville. Ils arguent que la seule piste de l'actuel aéroport, orientée vers le centre-ville, oblige les avions à survoler l'agglomération à basse altitude.
Dernier argument en faveur d'un transfert : le potentiel d'emplois. Le syndicat mixte aéroportuaire du Grand Ouest (PDF) y voit "un projet essentiel pour soutenir le développement" économique de la région. La Chambre de commerce et d'industrie de Loire-Atlantique parie sur 3 000 à 4 000 emplois directs et indirects avec le nouvel aéroport qui, cerise sur le gâteau, serait le premier en France à afficher une "haute qualité environnementale".
Mais alors, pourquoi cet aéroport n'est-il toujours pas sorti de terre ?
Au fil des années, l'opposition s'est organisée pour dénoncer un projet "inutile" et "surdimensionné", comme l'ont conclu les inspecteurs mandatés par le ministère de l'Environnement en avril 2016. Pour les "anti-NDDL", l'actuel aéroport serait loin de la saturation, d'autant que le transport aérien pourrait finalement décliner en raison de la crise économique et du prix du carburant. "Les prévisions de trafic sont toujours surestimées", assure Guillaume Sainteny, maître de conférences à l'Ecole polytechnique, dans La Croix. Réaménager l'aéroport de Nantes se révélerait amplement suffisant.
Les opposants fustigent également l'argument de la sécurité, doutent de l'impact sur le développement économique de la région, déplorent le coût du transfert et s'étouffent quant à l'argument écologique puisque le futur aéroport sera construit sur des zones humides abritant une biodiversité riche. Et que dire de la perte d'espaces agricoles ?
Premiers à monter au créneau, les agriculteurs vivant sur le site et menacés d'expropriations ont très vite reçu le soutien d'élus écologistes locaux, avant que Notre-Dame-des-Landes prenne peu à peu des airs de Larzac bis. Depuis plusieurs années, des centaines de militants écologistes ou altermondialistes occupent en effet le terrain – devenu "la zone à défendre" (ZAD) –, sous des cabanes et des tentes, pour empêcher la réalisation des travaux prévus.
Pourquoi organiser un référendum maintenant ?
Pour le gouvernement, favorable au projet, il s'agit d'une nouvelle tentative de trouver une issue au blocage, alors même que l'opposition persiste. Après l'échec de "l'opération César" en 2012, destinée à évacuer les "zadistes", les occupants de la ZAD, Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre, avait annoncé une commission de dialogue. Le gouvernement a ensuite attendu les dernières décisions de justice, notamment celles confirmant les expulsions des habitants, pour annoncer que les tractopelles seraient de retour à Notre-Dame-des-Landes à l'automne 2016.
Or, même au sein du gouvernement, le dossier a suscité de plus en plus d'interrogations, dont celle de Ségolène Royal et de la nouvelle ministre du Logement, l'écologiste Emmanuelle Cosse. Cette dernière aurait conditionné son arrivée au gouvernement à la tenue d'un référendum local, annoncé le 11 février par François Hollande lui-même.
Que se passera-t-il dimanche soir, après le résultat ?
C'est la question que tout le monde se pose. L'annonce de cette consultation, au périmètre excluant les départements limitrophes concernés, a laissé les opposants et les partisans plutôt circonspects. Beaucoup s'accordent pour dire que cette consultation s'avère "complètement inutile", selon les mots de Franck Louvrier, conseiller régional (Les Républicains) des Pays de la Loire, favorable au projet. Ce référendum "vient trop tard, le dossier est trop avancé", résume Julien Durand, porte-parole de l'Acipa, une des associations opposée au futur aéroport.
En théorie, ce vote n'est pas contraignant pour le chef de l'Etat. Mardi, pourtant, Manuel Valls a assuré que le résultat scellera l'avenir de l'aéroport. "Si le non l'emporte, le projet sera abandonné", a assuré le Premier ministre à l'Assemblée nationale. Le gouvernement tiendra-t-il sa promesse ? Le "non" ouvrira-t-il la voie à une suspension définitive des travaux ? Le "oui" permettra-t-il de "légitimer une intervention par la force pour vider la ZAD", comme le pense le porte-parole de l'Acipa, sur le Huffington Post ? Le flou subsiste encore. Mais les opposants ont d'ores et déjà prévenu : une issue favorable au futur aéroport ne saurait stopper leur combat.
J'habite en Loire-Atlantique. Comment ça va se passer dimanche ?
Si vous avez plus de 18 ans, que vous habitez une des communes du département et que vous étiez inscrit sur les listes électorales au 1er mars, vous pourrez voter, dimanche, toute la journée. Pour cela, il suffit de vous rendre dans votre bureau de vote habituel, ou de compter sur votre procuration.
La majorité des 1 081 bureaux de vote mobilisés pour cette consultation citoyenne seront ouverts de 8 heures à 18 heures. A Rezé et Saint-Herblain, les électeurs auront jusqu'à 19 heures. Et à Nantes, on pourra voter jusqu'à 20 heures. Pour vous aider à faire votre choix, un site officiel tente de rassembler les arguments de chacun des camps. Il a toutefois été vivement critiqué par les opposants au projet.
Pardon, mais j'ai eu la flemme de tout lire. Vous me faites un résumé ? ;)
Dimanche, une consultation locale est organisée en Loire-Atlantique pour tenter de débloquer la situation inextricable concernant le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. L'idée remonte à 1965, mais elle suscite toujours la colère de militants écologistes et d'élus locaux qui dénoncent un projet "inutile". En face, ses défenseurs vantent les mérites d'un transfert qui résoudrait le problème du bruit et servirait de tremplin économique pour la région. A quelques jours du vote, chacun a avancé ses arguments. La consultation changera-t-elle la donne ? Manuel Valls a promis que oui. "Si le non l'emporte, le projet sera abandonné", a assuré le Premier ministre.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.