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Départs en série au PS : "On est dans une descente aux enfers et elle n'est pas terminée"

Après les départ de Benoît Hamon et de Manuel Valls, Patrick Lafarge estime que le PS est "plus proche de rentrer dans l'Histoire que de se projeter dans l'avenir". Il prédit un "choc" aux élections sénatoriales de septembre. 

Article rédigé par franceinfo
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Au siège du Parti socialiste, à Paris, le 9 janvier 2017. (TRISTAN REYNAUD / SIPA)

Après que Benoît Hamon a quitté le Parti socialiste et lancé samedi le Mouvement du 1er juillet, le politologue Patrick Lafarge a estimé, dimanche 2 juillet sur franceinfo, que le PS est "totalement déserté". Il évoque une "descente aux enfers" du parti et prévoit un "choc" pour les prochaines élections sénatoriales en septembre. "Les partis politiques changent de nom assez souvent. Là, il y a des problèmes de finances, des problèmes de patrimoine, des problèmes de salariés", justifie-t-il. "On est plus proche de rentrer dans l'histoire que de se projeter dans l'avenir", tranche-t-il.

franceinfo : deux ténors du Parti socialiste, Benoît Hamon et Manuel Valls, s'en sont allés... Est-ce une bonne nouvelle pour le PS ?

Ce n'est ni une bonne ni une mauvaise nouvelle pour le PS. Le bateau est totalement déserté, puisqu'à cette liste on peut rajouter le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, qui a présenté sa démission avant même le congrès, son bras droit Christophe Borgel, chargé des élections, qui renonce à la politique, le groupe à l'Assemblée nationale qui a enlevé son nom de Parti socialiste. On est dans une descente aux enfers qui semble être une étiquette trop lourde à porter par les uns et les autres. Et la descente n'est pas terminée avec le choc des sénatoriales du mois de septembre. Aujourd'hui, François Patriat, au nom du président de la République, est en train de manoeuvrer pour constituer un groupe qui va vider très largement le groupe socialiste avant même les résultats.

Personne ne peut reprendre la barre du navire PS aujourd'hui ? Le PS est-il mort et enterré ?

À partir du moment où les sociaux-démocrates sont sous le charme de Macron et que ceux qui étaient sur la gauche de la gauche du PS quittent le parti, cela ne laisse que les derniers gardiens du Temple. J'attends de voir ce que va faire Martine Aubry. Il faut bien comprendre que le PS est un nom. François Mitterrand avait changé le nom pour prendre le "Parti socialiste" à Epinay. Donc, c'est un problème d'étiquette : les partis politiques changent de nom assez souvent. Là, il y a des problèmes de finances, des problèmes de patrimoine, des problèmes de salariés. J'ai une pensée pour les salariés du PS qui apprennent ces nouvelles les unes après les autres, ce qui veut dire qu'il va y avoir un plan de licenciement. C'est clair qu'on est plus proche de rentrer dans l'histoire que de se projeter dans l'avenir.

Benoît Hamon dit qu'il veut changer les méthodes, ouvrir les portes, accueillir la société civile, créer des comités locaux... Tout cela, c'est Emmanuel Macron avec La République en marche, non ?

Oui, par définition. Emmanuel Macron a créé quelque chose que tout le monde rêvait de faire mais que personne ne pouvait faire. Il y a déjà une course à la présidentielle 2022 qui se met en route, avec Jean-Luc Mélenchon qui se présente comme étant le principal opposant en espérant le relais des mouvements sociaux. Benoît Hamon a un avantage colossal par rapport à beaucoup d'autres : il a déjà une présidentielle dans les pattes, il a l'expérience. Au début, il peut  aussi être le principal opposant. Le problème pour lui va être : sur quelle tribune va-t-il pouvoir être visible ?

Benoît Hamon peut-il convaincre les électeurs de gauche aujourd'hui ?

Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon sont tous les deux sous l'admiration de ce qu'il s'est passé en Angleterre. Le leader [travailliste] Jeremy Corbyn, qui était considéré comme un peu mauvais et dépassé, a réussi, dans les dernières législatives, à remobiliser, en particulier l'électorat jeune, de banlieue, et à mettre Theresa May en grande difficulté. D'autre part, on considère que tout exercice du pouvoir génère des mécontents, et donc qu'Emmanuel Macron va obligatoirement avoir des gros problèmes en termes de perception et d'enthousiasme. Auront-ils la capacité de rebond par rapport au mouvement social, à la loi El Khomri bis, c'est-à-dire ce qui va être voté au Parlement à partir de septembre ? C'est le point d'interrogation. Ils jouent et ils espèrent avoir les premiers signaux positifs de leur démarche à partir de la fin d'année.

Départs en série au PS : "On est dans une descente aux enfers et elle n'est pas terminée", estime Patrick Lafarge, politologue

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