: Infographies Régionales : pourquoi le PS panique
Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a annoncé la tenue prochaine d'un référendum sur "l'union de la gauche" aux régionales. Une initiative qui traduit une certaine peur de la déroute lors des élections régionales de décembre.
Même François Hollande n'était pas au courant, à en croire Le Parisien. Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a créé la surprise, samedi 19 septembre, en annonçant l'organisation prochaine d'un référendum. Le "peuple de gauche" sera interrogé pour savoir s'il est favorable à l'unité entre les socialistes et les autres forces de gauche lors des élections régionales de décembre.
Une telle consultation est pour le moins étonnante. Elle est surtout inédite, à moins de trois mois d'un scrutin qui s'annonce dévastateur pour le PS. "Il est très important d'avoir la gauche rassemblée pour garder les régions", martèle Jean-Christophe Cambadélis pour justifier son initiative. Le premier secrétaire a en tout cas des raisons de s'inquiéter, comme vous l'explique francetv info en trois infographies.
Parce qu'il y a trop de candidatures à gauche
Divisée sur la politique de l'exécutif, la gauche ne fera pas front commun en décembre, comme le montre notre carte ci-dessus (où seuls les candidats de gauche apparaissent). Là où Les Républicains et l'UDI partent groupés, le Parti socialiste ne pourra notamment pas d'emblée compter sur le soutien d'EELV, son ancien allié au gouvernement. "Au premier tour, les écologistes vont présenter leur projet, et au second tour il s'agira de travailler au rassemblement", justifie Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts.
Cette position d'autonomie agace au sein de son propre parti, qui fait face aux départs de nombreux cadres ces dernières semaines, mais Emmanuelle Cosse juge la proposition de référendum de Jean-Christophe Cambadélis "baroque". En Ile-de-France, le PS devra donc compter avec la candidature d'Emmanuelle Cosse elle-même (EELV), mais aussi avec celle de Sylvain de Smet, un autre écologiste, ainsi qu'avec celles de Pierre Laurent (Parti communiste) et de Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière). Dans d'autres régions, le Front de gauche doit encore valider sa stratégie, mais le PS n'aura jamais totalement le champ libre : il sera toujours concurrencé par deux à quatre adversaires à sa gauche.
Parce que les premiers sondages sont défavorables
Le PS s'engage dans la bataille des régionales avec des sondages pour le moins calamiteux. Après dix-sept années à gauche, l'Ile-de-France, la région la plus peuplée, pourrait basculer dans l'escarcelle de la droite : Claude Bartolone et Valérie Pécresse sont au coude-à-coude au second tour, selon une étude BVA. En Nord-Pas-de-Calais-Picardie, le PS est relégué en troisième position, loin derrière le FN, à qui la région semble pour l'heure promise, à en croire un récent sondage Odoxa pour Le Parisien et BFMTV.
Seules les grandes régions Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes et Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées semblent encore résister à la déroute annoncée. La gauche devrait les remporter avec une nette avance, à en croire les derniers sondages réalisés localement.
Parce qu'il ne peut plus se permettre la tactique du "front républicain"
Face au Front national, le Parti socialiste a longtemps défendu le "front républicain" : il préférait se désister, et laisser la droite l'emporter, plutôt que de faire gagner le Front national. A priori, tout cela est de l'histoire ancienne. Le PS pointe à la troisième place dans les sondages en Nord-Pas-de-Calais-Picardie et en Provence-Alpes-Côte-d'Azur, régions convoitées par les frontistes, mais Jean-Christophe Cambadélis a déjà prévenu : "Les déclarations extrémistes de Christian Estrosi et de Xavier Bertrand [candidats des Républicains] sur les réfugiés empêchent désormais le front républicain", a-t-il expliqué à Libération.
En réalité, la gauche peut, de toute façon, difficilement se le permettre aux régionales. Si les sondages se confirment dans les urnes, le PS et ses alliés devraient perdre la majeure partie de leurs élus en décembre dans ces deux régions, même s'ils se maintiennent. Et si le PS devait se désister entre les deux tours, à la faveur du "front républicain", il devrait alors laisser le champ libre à la droite et au FN dans les hémicycles : il n'aurait, dans ce cas, aucun élu dans les conseils régionaux concernés. Et cela pendant six ans.
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