Le Parti socialiste "adopte une position attentiste"
Rémi Lefebvre, politologue, a évoqué le "problème" du Parti socialiste, lundi sur franceinfo, alors que sa direction collégiale provisoire se réunissait pour la première fois.
La direction collégiale provisoire du Parti socialiste (PS) se réunissait pour la première fois lundi 17 juillet. Pour Rémi Lefebvre, politologue et professeur de sciences politiques à Lille, spécialiste du Parti socialiste, le PS "adopte une position attentiste". "La stratégie des dirigeants est de voir ce que le gouvernement Philippe et la présidence Macron va donner en termes de popularité et d'orientation politique", a-t-il précisé.
franceinfo : le PS a-t-il encore une place ?
Rémi Lefebvre : Le problème du PS est qu'il est coincé entre deux forces politiques qui le prennent en étau. Son utilité et sa légitimité sont donc mis en cause. Pendant de longues années, le PS occupait un espace politique assez large entre la gauche de la gauche et le centre-gauche. Depuis les élections présidentielles et l'échec de François Hollande, cet espace s'est rétréci. Le PS a du mal à trouver un espace politique. Est-il encore utile à gauche, ce PS qui a 30 députés, ou doit-il disparaître ? C'est un peu l'enjeu des mois qui viennent. L'autre problème du PS est qu’il est aujourd’hui divisé sur la question du nouveau gouvernement, comment peut-il exister par rapport à Emmanuel Macron ?
Je pense que la stratégie des dirigeants est de voir ce que le gouvernement Philippe et la présidence Macron va donner en termes de popularité et d'orientation politique.
Rémi Lefebvre, politologueà franceinfo
Il faut qu'il se distingue sans pour autant donner l'impression de cultiver des divergences qui sont artificielles ou stériles. Il y a aujourd’hui une légitimité pour Macron même si elle est fragile, mais il doit en même temps se distinguer parce qu'il occupe un espace plus à gauche. Il doit aussi se distinguer parce qu'il y a Jean-Luc Mélenchon qui fait le procès au PS d'être un parti devenu centriste ou sans identité idéologique. Depuis quelques semaines, le Parti socialiste adopte une démarche attentiste. Certes il s'est positionné contre Macron, mais les députés n'ont pas suivi derrière. On ne sait pas vraiment quelle ligne le Parti socialiste va adopter.
Changer de nom pour le parti est-il important ou est-ce un gadget ?
C'est pas forcément décisif. C'est important parce qu'un parti politique, c'est une marque. Cette marque est aujourd’hui complètement dévaluée, on l'a vu aux dernières élections, présidentielle puis législatives. Le fait d'afficher l'étendard PS était quasiment disqualificatoire. La tentation est de changer la marque, le problème est qu'il ne faut pas prendre les électeurs pour des imbéciles. Si le changement de marque est simplement une rénovation de façade, ça ne marchera pas. Il faut un changement de marque, sans doute, mais il faut une refondation plus profonde d'un parti qui a pris un positionnement très flou, et qui a une utilité qui est contestable dans le système politique.
Je pense que Solférino va être vendu, ce qui va être le moyen de faire un peu de communication et d'être implanté dans un quartier un peu plus populaire.
Rémi Lefebvre, politologueà franceinfo
Le PS a perdu 9 députés sur 10, se trouve-t-il au bord du gouffre sur le plan financier ?
Oui c'est catastrophique.Le parti socialiste n'a plus de moyens y compris au niveau local, mais ça peut être un moyen de repartir sur de nouvelles bases, de réhabiliter le militantisme. C'est une occasion de repenser ce qu'est un parti. La question du leadership ne va pas tout de suite être à l'ordre du jour. Le fait que Benoît Hamon et Manuel Valls aient quitté le Parti socialiste peut le protéger contre la tentation de produire un chef tout de suite, et de s'atteler vraiment à un travail de fond sachant qu'il n'y a pas d'élection intermédiaire pendant deux ans. C'est un atout pour le parti car il n'a pas d'autre défaite à venir rapidement. Il a un peu de temps pour construire un nouvel horizon, mais ça reste très difficile. Je suis assez sceptique sur la viabilité du PS. Il n'a pas du tout clarifié sa ligne politique, il adopte une position attentiste pour ne pas exploser mais on ne sait pas de quoi l'avenir est fait.
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