Guy Bedos refuse de présider le comité de soutien d'Arnaud Montebourg : le couac en sept actes
L'humoriste de 82 ans a décliné l'offre faite par le candidat à la primaire de la gauche, après son officialisation.
Arnaud Montebourg a lancé lundi 2 janvier "la dernière ligne droite" de sa campagne entamée à la mi-mai. Le candidat à la primaire de la gauche, organisée par le PS, a présenté son organigramme de campagne. Et, surprise, Guy Bedos y figure comme président du comité de soutien. Une nomination que l'humoriste a vite refusée, puis acceptée avant de finalement renouveler son refus. Franceinfo revient sur ce mini drame de la présidentielle, en sept actes.
Acte 1. Arnaud Montebourg nomme Guy Bedos
Guy Bedos est entré officiellement en campagne pour Arnaud Montebourg, lundi matin. Selon l'organigramme du "Projet France", l'humoriste de 82 ans est nommé président du comité de soutien du candidat.
Découvrez l'organigramme de l'équipe de campagne de #Montebourg pic.twitter.com/g8kQRKrhHE
— Le Projet France (@leprojetfrance) January 2, 2017
Dans l'entourage d'Arnaud Montebourg, "on trouvait intéressant d'avoir dans l'équipe des personnes issues de la société civile", explique son attaché de presse. "Guy Bedos est une personnalité de gauche, déçue par le quinquennat de François Hollande, qui se retrouve dans les valeurs d'Arnaud Montebourg", poursuit-il.
La rencontre entre l'humoriste et le candidat "a eu lieu il y a deux ou trois mois", explique Willy Bourgeois, l'attaché de presse d'Arnaud Montebourg, à franceinfo. En décembre 2016, Guy Bedos avait d'ailleurs annoncé, dans Paris Match, son intention de voter Arnaud Montebourg, jugeant qu'il était "un mec sincère et plus sympa que Manuel Valls".
Le comique avait en outre accompagné le candidat en Algérie, courant décembre. Lors de ce voyage, Arnaud Montebourg avait déjà proposé la nomination de Guy Bedos comme président de son comité de soutien, indique Willy Bourgeois.
Acte 2. La nomination est moquée
La nomination officielle de l'humoriste a rapidement suscité plaisanteries et commentaires acerbes, sur Twitter. Les internautes ont ironisé autant sur l'âge que sur la carrière et l'humour de Guy Bedos.
Prendre un comique pour son Comité de soutien : Guy Bedos.
— Mame'zelle Ronchon (@lucile013) January 2, 2017
Fin de la blague.#Montebourg https://t.co/M9USxs48pH
Tiens il commence à sucrer les fraise le père Guy Bedos https://t.co/CL9zxNnbHm
— Alnar Tenjo (@gogoitz) January 2, 2017
Il apporte des éléments de langage : "connasse", "saloooope". https://t.co/Kp5Fzt5Do9
— Koz (@koztoujours) January 2, 2017
Certains internautes rappellent que, ces dernières années, Guy Bedos a eu plusieurs fois affaire à la justice pour avoir commenté la vie politique à sa manière. En 2013, il avait accusé Marine Le Pen de faire "la campagne d'Hitler". La présidente du FN avait poursuivi l'humoriste en justice pour injure, mais avait été déboutée. Sur scène, en 2013, Guy Bedos avait en outre traité Nadine Morano de "conne", avant d'ajouter un "connasse", en apprenant que l'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy lui réclamait 15 000 euros pour injure publique. Le comique avait été relaxé.
Acte 3. L'humoriste refuse sa nomination
Lundi, en début d'après-midi, Guy Bedos a affirmé au Figaro qu'il n'avait pas l'intention de rejoindre l'équipe de campagne d'Arnaud Montebourg. "Je ne veux pas être président du comité de soutien. Je ne veux pas de poste, je suis un artiste", a-t-il déclaré, ajoutant : "Je vais le soutenir, mais je veux rester indépendant. Je voterai pour lui, mais je ne veux pas avoir de rôle officiel dans la campagne."
"On en a discuté, j'en ai plaisanté avec lui", a même confirmé Guy Bedos à l'AFP. Et l'humoriste d'insister : "Je lui ai même dit que je serais président avant lui."
Acte 4. L'équipe d'Arnaud Montebourg persiste
Contactée par Libération, l'équipe de campagne d'Arnaud Montebourg l'assure : en dépit de son refus, Guy Bedos reste bel et bien président du comité de soutien du candidat. Un journaliste du quotidien ironise sur Twitter :
ALORS GUY BEDOS T'ES PRESIDENT OU PAS ? LA FRANCE VEUT SAVOIR
— Laïreche Rachid (@RachidLaireche) 2 janvier 2017
François Kalfon, le directeur de campagne d'Arnaud Montebourg, renchérit dans Le JDD : "On n'aurait jamais écrit ça s'il n'y avait pas eu de discussion avec lui. Mais on ne conteste pas qu'il y ait eu une différence d'interprétation, de compréhension."
Le directeur de campagne du socialiste affirme également chercher une issue à la polémique : "On va trouver une formule qui lui convient. Il reste un soutien. (…) Le titre honorifique, il accepte l'augure. Mais c'est quelque chose dont il a senti que ça impliquerait plus que [ce qu'il pensait]."
Acte 5. Guy Bedos "accepte" finalement pour ne pas "gêner"
Au micro de RTL, en fin d'après-midi, Guy Bedos réitère ses propos, mais fait cependant machine arrière. "J'accepte" le titre, finit-il par lâcher, expliquant : "Je ne veux pas le gêner."
Le comique laisse tout de même entendre que son implication dans la campagne pourrait être très limitée. "J'ai autre chose à faire", dit-il. Et de s'interroger sur son éventuelle action : "Que faire ? Qu'est-ce qu'on attend de moi ? A part de dire que j'aime bien Arnaud Montebourg et que je vais voter pour lui, qu'est-ce que je peux faire ?"
Acte 6. Arnaud Montebourg "comprend les hésitations"
Invité de "C à vous" sur France 5, lundi soir, Arnaud Montebourg est interrogé sur le psychodrame qui a agité sa journée. "Je ne me serais pas permis (...) sans son accord", se défend le candidat, qui attribue cette "réticence" de son "ami formidable" et "soutien" "précieux" à "l'appartenance partisane" avant de glisser en guise de conclusion : "Les hésitations, on les comprend. Elles sont humaines, surtout de la part d'un grand artiste."
Acte 7. Guy Bedos refuse finalement de présider le comité
Après réflexion, il refuse finalement de présider le comité de soutien d'Arnaud Montebourg. C'est ce que Guy Bedos a annoncé, mardi 3 janvier sur BFMTV. "Je suis à gauche", affirme l'humoriste, dont les propos sont rapportés par Europe 1. Mais il ne sera pas "l'artisan d'une équipe de campagne comme un professionnel", ajoute-t-il. Le soutenir ? Oui, mais sans le rôle officiel souhaité par l'équipe de l'ancien ministre du Redressement productif.
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