Cet article date de plus de dix ans.

Remaniement : trois scénarios pas si fous qui s'offrent à Hollande

Maintenir ou non Ayrault à Matignon, nommer Valls Premier ministre, composer un gouvernement resserré... Découvrez les pistes à l'étude pour le président de la République. 

Article rédigé par Vincent Daniel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le président de la République, François Hollande, et son Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, le 11 juin 2013 à Paris. (CHARLES PLATIAU / AFP)

Les spéculations vont bon train : qui pour remplacer Jean-Marc Ayrault à Matignon en cas de remaniement ? Manuel Valls, répondent massivement les Français, selon un sondage Ifop publié jeudi 27 février par Paris Match. Le changement d'équipe gouvernementale est attendu soit après les municipales, en avril, soit après les européennes, en juin. 

Les principales options sont connues : le maintien de Jean-Marc Ayrault en poste, l'arrivée à Matignon de Manuel Valls, de Claude Bartolone, le président de l'Assemblée nationale, ou encore de Michel Sapin, le ministre du Travail. 

Mais François Hollande peut aussi créer la surprise. Passage en revue de trois scénarios qui sortent des sentiers battus.

Le retour des poids lourds

Très populaire à gauche et expérimentée, Martine Aubry fait aussi figure de recours. Mais l'inimitié notoire entre la maire de Lille et François Hollande reste un obstacle à sa nomination au poste de Premier ministre.

L'hypothèse d'une nomination du ministre des Affaires étrangères fait son chemin : Laurent Fabius signe un parcours sans fautes au sein d'un gouvernement abonné aux couacs. Ancien Premier ministre, ancien ministre de l'Economie, l'ancien rival de François Hollande a les épaules solides. 

Autre personnalité qui pourrait faire son retour : Ségolène Royal. L'ancienne candidate à la présidentielle "mène une campagne souterraine", explique Le Parisien. Ses proches vantent ses mérites. Discrète depuis quelques mois, elle a mis en sourdine ses critiques à l'égard du gouvernement. "Elle mérite sa place au gouvernement. C'est une grande femme d'Etat", estime Guillaume Garot, ministre délégué à l'Agroalimentaire et fidèle soutien de la présidente de la région Poitou-Charentes. Jeudi, après avoir vanté le pacte de responsabilité du chef de l'Etat, Ségolène Royal a visité le salon de l'Agriculture.

L'avis de l'expert Un retour à Matignon pour Laurent Fabius, trente ans après y avoir été nommé, ne serait-il pas un retour en arrière ? Pas forcément, pour Jean-Daniel Lévy, directeur du département opinion de Harris Interactive. "Il y a une attente de stabilité et d'expérience chez les Français. Et Laurent Fabius incarne ces valeurs, à l'image d'Alain Juppé, lui aussi apprécié des Français", explique-t-il à francetv info.

En revanche, les conditions de l'arrivée au gouvernement de Ségolène Royal ne sont "pas évidentes". "La 'magie' qu'elle pouvait susciter au cours de la présidentielle de 2007 est aujourd'hui beaucoup moins forte. Par ailleurs, la relation qu'elle entretenait avec le président de la République est encore dans les esprits. Cela pourrait entraîner des railleries", estime l'expert.

La grande valse

Selon Le Canard enchaîné du 26 février, pas moins de 14 ministres devraient faire leurs cartons. Parmi les poids lourds qui seraient sur le départ : Pierre Moscovici, qui "n'imprime pas" à l'Economie, ou Vincent Peillon, qui "fait connerie sur connerie" à l'Education. Aurélie Filippetti (Culture) serait aussi remerciée, tout comme Frédéric Cuvillier (Transports) et Kader Arif (Anciens combattants). 

La liste des sortants donnée par Le Canard enchaîné ressemble surtout à une liste des sortantes. Dix des 18 femmes qui composent le gouvernement seraient sur la sellette. Dominique Bertinotti (Famille), Marylise Lebranchu (Réforme de l'Etat), Nicole Bricq (Commerce extérieur), Michèle Delaunay (Personnes âgées), Marie-Arlette Carlotti (Personnes handicapées), Hélène Conway-Mouret (Français de l'étranger), Anne-Marie Escoffier (Décentralisation), Sylvia Pinel (Artisanat, Commerce et Tourisme) et Yamina Benguigui (Francophonie) accompagneraient Aurélie Filippetti vers la sortie. 

L'avis de l'expert La fin de la parité au sein du gouvernement "jetterait un trouble" , estime le directeur du département opinion de Harris Interactive. "On pense forcément au cas des 'Juppettes' [surnom donné aux huit femmes ministres évincées du gouvernement Juppé en 1995, après seulement quelques mois d'exercice]. Les Français plébiscitent l'égalité hommes-femmes et sont assez attachés au principe de parité", prévient Jean-Daniel Lévy.

Un gouvernement de combat

Pour faire face à la crise et à une impopularité record, François Hollande veut un gouvernement de combat. Recruter des poids lourds ne suffit pas. En remaniant son gouvernement, le président cherche à réduire un gouvernement trop pléthorique. "Le Conseil des ministres franco-allemand, où 38 Français se sont retrouvés face à 15 Allemands, aurait achevé de (...) convaincre" le chef de l'Etat, rapporte Le Figaro.

Un gouvernement resserré organisé autour d'une quinzaine ou d'une vingtaine de grands pôles confiés à des ministres est donc à l'étude. Le principal chantier reste la refondation de la citadelle de Bercy et ses sept ministres. Pierre Moscovici (Economie), Bernard Cazeneuve (Budget),  Arnaud Montebourg (Redressement productif), Benoît Hamon (Economie sociale et solidaire), Fleur Pellerin (Economie numérique), Nicole Bricq (Commerce extérieur) et Sylvia Pinel (Artisanat, Commerce et Tourisme) cohabitent actuellement, suscitant flou et manque de cohérence.

Supprimés depuis l'arrivée de François Hollande au pouvoir, les secrétaires d'Etat pourraient aussi réapparaître. Une architecture gouvernementale de combat face à la crise. "L'idée d'un gouvernement resserré, au sens du pack rugbystique, autour des objectifs de redressement, d'emploi et de croissance aurait du sens", expliquait déjà un poids lourd du gouvernement en mai 2013. 

L'avis de l'expert Pour Jean-Daniel Lévy, la question d'un gouvernement resserré "de combat" est secondaire. "La première attente des Français reste celle d'une clarification de la ligne politique : que fait le président ? Que fait le gouvernement ? La question qui se pose n'est pas tant une question de personnes qu'une question politique, note le directeur du département opinion de Harris Interactive. En nommant Valls, Aubry ou Fabius à la tête de son gouvernement, François Hollande enverra un message qui devrait informer sur l'orientation qu'il donne au pays."

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.