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Pourquoi le grand public boude-t-il Windows 8 ?

Avec moins de 2% de part de marché, le dernier-né des systèmes d'exploitation de Microsoft peine à faire son trou sur le marché des ordinateurs de bureau. Francetv info vous explique pourquoi.

Article rédigé par Vincent Matalon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Deux mois après le début de sa commercialisation, le dernier-né des systèmes d'exploitation de Microsoft équipe seulement 1,72% des ordinateurs de bureau. (MARIO TAMA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Windows 8 tarde à prendre son envol. Deux mois après le début de sa commercialisation, le 26 octobre 2012, le dernier-né des systèmes d'exploitation de Microsoft équipe seulement 1,72% des ordinateurs de bureau, selon des données recueillies par Net Applications. C'est peu, surtout quand on compare ces performances commerciales avec celles de ses grands frères. Deux mois après sa sortie en octobre 2009, Windows 7 était présent sur environ 6% des ordinateurs. Même Windows Vista, à qui le site américain PC World avait décerné le titre de "plus grande déception high-tech de l'année 2007", faisait mieux (liens en anglais).

Windows 8 a pourtant de quoi séduire : ses performances et sa rapidité de démarrage sont louées par la version française de PC World, quand Clubic.com lui reconnaît de vrais progrès en matière de consommation de mémoire et de performances graphiques. Mais alors, qu'est-ce qui coince ? La réponse tient en trois mots : la nouvelle interface. Francetv info recense quelques éléments de ce domaine qui freinent l'adoption de Windows 8 par le grand public.

La disparition du menu "démarrer"

Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé : le menu "démarrer", présent dans le coin inférieur gauche de l'écran depuis Windows 95, a disparu avec la nouvelle version du système d'exploitation. Il a été remplacé par un écran d'accueil, un temps baptisé Metro, optimisé pour un usage sur écran tactile, mais également utilisable à la souris.

Démonstration de la nouvelle interface de Windows 8 sur un écran tactile, le 26 octobre 2012 à Hong Kong. (KIN CHEUNG / AP / SIPA)

Des vignettes de couleur, où se mélangent applications et informations mises à jour en temps réel (nouvel e-mail, météo…), remplacent le menu déroulant auquel les utilisateurs de PC étaient habitués depuis dix-sept ans. Forcément, ça déroute. Clubic.com juge que le processus d'utilisation classique est "clairement interrompu" par le passage à l'interface Metro, et regrette la perte de fonctionnalités telles que l'affichage des documents récemment ouverts.

Le bon vieux bureau, une "rustine"

Plus déconcertant encore : le nouvel écran d'accueil remplace le bon vieux bureau à l'allumage de l'ordinateur. Mais il ne le remplace pas totalement, puisqu'une des fameuses vignettes sert justement à y accéder.

Problème : certains programmes ont été adaptés à la nouvelle interface, quand d'autres s'exécutent depuis le bureau traditionnel. Ce qui n'est pas pour plaire à un journaliste du Point qui, lassé d'être "ballotté" entre les deux, a décidé de revenir vers Windows 7. "L'ancien bureau est devenu une sorte de rustine, juge-t-il, sans le menu démarrer qui rassemble les raccourcis vers toutes les applications, il n'est plus du tout un espace de travail efficace." Un journaliste de la version française de PC World ne dit pas autre chose : "Impossible de ne pas être un minimum frustré par le résultat qui souffre tout de même beaucoup du fameux syndrome du cul entre deux chaises."

Un système (trop) pensé pour le tactile

L'interface de Windows 8 est donc optimisée pour les écrans tactiles, la tablette made in Microsoft, Surface, en tête. Mais les PC dotés de tels écrans sont encore très rares. Sur le site communautaire Reddit (en anglais), un internaute qui dispose d'un ordinateur de bureau avec écran tactile ne boude pas son plaisir : "C'est simple, efficace, élégant (...), et de nombreuses fonctionnalités tactiles rendent le système d'exploitation plus intuitif. Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai essayé de toucher l'écran d'autres ordinateurs pour accéder facilement à un menu, maintenant que j'y suis habitué."

"Mais sans écran tactile, ajoute cet internaute, la plupart de ces nouvelles fonctionnalités ne sont pas du tout pratiques." Un avis identique à celui du journaliste du Point cité ci-dessus, pour qui "tout est gâché par la volonté de Microsoft d'enfermer ses utilisateurs dans des usages tactiles même s'ils ne disposent que d'un clavier et d'une souris".

Windows 7 continue d'être plébiscité

Enfin, de nombreux utilisateurs ne voient tout simplement pas l'intérêt de passer de Windows 7 à Windows 8. A la différence de Windows Vista, qui avait été largement critiqué et peu adopté après sa sortie (il n'équipe aujourd'hui que 5,67% des ordinateurs de bureau), Windows 7 a séduit. Le même PC World qui plaçait Vista au sommet de sa liste des produits décevants en 2007 a, deux ans plus tard, adoubé Windows 7 en le faisant entrer à la onzième place des "meilleurs produits de l'année".

Résultat : plus de 45% des ordinateurs fixes sont aujourd'hui équipés de Windows 7, quand 39% "tournent" encore sous Windows XP, sorti il y a plus de onze ans. Toujours sur Reddit, de nombreux internautes affichent leur réticence à l'idée de remplacer un système d'exploitation qui fonctionne déjà bien.

Reste que de nombreux sites internet, comme celui du Guardian et Lifehacker.com (liens en anglais), conseillent à leurs lecteurs de passer à la nouvelle version de Windows. Leurs arguments ? Ses bonnes performances, son prix raisonnable (il est actuellement disponible en téléchargement pour moins de 30 euros)… et la possibilité d'installer des logiciels tiers désactivant la nouvelle interface.

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