Rafle du Vél' d'Hiv : Hollande accuse "la France" et s'attire une salve de critiques
Les déclarations du chef de l'Etat sur la responsabilité de l'Etat français dans la mort de 13 000 Juifs provoquent des réactions indignées dans la classe politique.
La rafle du Vél' d'Hiv, "un crime commis en France par la France". Cette phrase, prononcée par François Hollande dimanche 22 juillet au sujet de la déportation de plus de 13 000 Juifs arrêtés à Paris par la police française les 16 et 17 juillet 1942, provoque des réactions indignées dans la classe politique lundi.
• Jean-Pierre Chevènement (MRC) : "L'Etat français de Vichy n'est ni la République ni la France"
La phrase de François Hollande revient, selon le président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC), à "faire comme si Pétain était la France". "Le président Hollande a malheureusement omis de dire que les crimes commis par les policiers et les gendarmes français, lors de la rafle du Vél' d'Hiv, l'ont été sur l'ordre de l'Etat français de Vichy collaborant avec l'Allemagne nazie", relève le sénateur du Territoire de Belfort sur son blog.
Le fondateur du MRC rappelle que "deux présidents de la République, Charles de Gaulle et François Mitterrand, avaient tenu sur la ligne selon laquelle l'Etat français de Vichy n'était ni la République ni la France".
• Henri Guaino (UMP) : "Ma France, elle n'était pas à Vichy, elle était à Londres"
L'ex-conseiller spécial de Nicolas Sarkozy s'est dit tout bonnement "scandalisé" par les propos de François Hollande. "Ma France, elle n'était pas à Vichy, elle était à Londres depuis le 18 juin", a lancé le député UMP, visiblement remonté, sur BFMTV et RMC.
"Ce qui a été commis au moment de la rafle du Vél' d'Hiv est une abomination. C'est une horreur (…). Mais la France, qu'est-ce qu'elle a à voir avec cela ?" a-t-il ajouté. "Peut-être que M. Hollande se sent plus proche de la France des notables apeurés qui se sont précipités à Vichy après l'armistice ? Ce n'est pas ma France."
• Rachida Dati (UMP) : "Tous les Français n'ont pas été complices de cette barbarie"
Plus mesurée, la députée européenne UMP et ancienne garde des Sceaux s'est associée, sur Europe 1, aux déclarations de François Hollande. "Je dis simplement attention. Tous les Français n'ont pas été complices de cette barbarie. Il faut aussi le rappeler", a nuancé la maire du 7e arrondissement de Paris.
Roselyne Bachelot prend également ses distances avec la charge lancée par Henri Guaino. L'ancienne ministre de la Santé du gouvernement Fillon publie un commentaire un peu énigmatique sur Twitter.
#RafleVeldhiv Les Présidents doivent faire le devoir de mémoire au nom de la France. C'est bien. Mais chacun de nous a aussi ce devoir.
— Roselyne Bachelot (@R_Bachelot) July 23, 2012
• Paul-Marie Coûteaux (Rassemblement bleu Marine) : "Le président de la République contrevient à la vérité historique"
Le président de Souveraineté, indépendance et libertés, qui s'est rallié à Marine Le Pen (FN) pendant les législatives, refuse d'imputer à la France des crimes "qui ne sont pas davantage de [sa] responsabilité (…) que ne le furent les atrocités commises par l'occupant sur le sol national". "Le président de la République contrevient à la vérité historique, ajoute-t-il dans un communiqué. Faut-il rappeler que c'est la France qui accueillit le plus grand nombre de réfugiés de confession juive, et en France qu'en furent sauvés le plus grand nombre ?"
Il semble que le reste du discours de François Hollande sur la rafle du Vél' d'Hiv ait été omis par ses détracteurs. Ce crime "fut aussi un crime contre la France, une trahison de ses valeurs. Ces mêmes valeurs que la Résistance, la France libre, les Justes surent incarner dans l'honneur", a en effet conclu le chef de l'Etat.
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