Complément d'enquête : "Fichage ethnique, communautarisme : la fracture"
Robert Ménard a mis le feu aux poudres, en mars dernier, au détour d'une phrase. Dans sa commune de Béziers, il prétend repérer les musulmans à leurs prénoms. À l'heure où les crispations identitaires se multiplient, faut-il, comme le maire de Béziers, montrer du doigt les minorités ? "Complément d'enquête", jeudi 18 juin, à 22h25, sur ce fameux "vivre-ensemble" qui s'effrite dans notre pays.
Robert Ménard a déclenché une véritable polémique en mars dernier lors de l'émission Mots croisés sur France 2. Il expliquait alors avoir établi des statistiques ethniques au sujet des enfants de sa commune. Une enquête a été ouverte dès le lendemain de ses propos, qui ont soulevé l'indignation, notamment des parents d'élèves de Béziers. "La gauche n' a pas de leçon à donner sur les statistiques ethniques, a -t-il lancé pour défendre son action. Je vous rappelle que Manuel Valls était favorable aux statistiques ethniques. Il a même dit qu'il allait présenter un projet de loi." Le maire de Béziers fait allusion à cette phrase de Manuel Valls, alors maire d'Évry, en 2009, sur le "manque de 'Blancos' dans sa ville".
"Je veux des écoles avec des mélanges"
Pourquoi compter le nombre d'enfants musulmans dans les écoles ? "Ça sert à prendre les bonnes mesures, explique Robert Ménard. Je veux des écoles avec des mélanges. Pour pouvoir mélanger, il faut le savoir." Pour lui, il y a des "seuils de tolérance". "À un moment donné, on fait fuir, dans les quartiers, dans les écoles, tous les gens qui ne viennent pas de ce milieu-là", explique le sulfureux maire de Béziers. Mais, ajoute-t-il, "je n'ai jamais employé le mot de 'fiche', 'fichier' et encore moins de 'fichage'. Les listes qu'on, a ce sont les listes que nous fournit l'Éducation nationale."
Le fichage ethnique est interdit en France
L'utilisation des statistiques ethniques, est, pour certains, un moyen de lutter contre la discrimination. Après les attentats de janvier, à Paris, la phrase de Manuel Valls sur "l'apartheid territorial, social et ethnique" relevait de cette idéologie. Le Premier ministre s'était d'ailleurs dit prêt, en mars dernier, à avancer sur "une réflexion" tout en précisant qu'elle resterait "dans un cadre constitutionnel". En 2009, Manuel Valls était même clairement favorable aux statistiques ethniques. Il faisait partie des députés signataires d'une proposition de loi " visant à lutter contre les discriminations liées à l'origine réelle ou supposée". L'article 16 introduisait un "ressenti d'appartenance" dans les études spécialisées.
La France, à l'inverse des pays anglo-saxons, refuse les politiques ciblées, les quotas ou les statistiques ethniques pour traiter tous les citoyens à égalité. Complément d'enquête retrace le curieux parcours de Robert Ménard, un ancien journaliste devenu le roi de la provocation et soutenu par le FN. En France, les crispations identitaires se multiplient. Pour lutter contre les discriminations, il faudrait compter, classer les gens selon leurs origines. Car il y a des ghettos en France. Comment faire pour ressouder le pays ?
Au sommaire :
Robert Ménard, provocateur sans frontières
Armer la police municipale, lutter contre les paraboles, interdire d'étendre le linge aux fenêtres, dénoncer cette France multiculturelle... Robert Ménard, le maire de Béziers, s'est fait une spécialité de briser les tabous. La provocation, c'est la marque de fabrique de l'ancien journaliste anonyme, devenu puissant patron de Reporters sans frontières. Portrait d'un ancien gauchiste passé à la droite de la droite, par Mathieu Fauroux.
Ghetto ethnique : le coup de Bard
Un vent de ras-le-bol souffle sur le quartier du petit Bard, à Montpellier. Les 2 000 habitants sont pour la plupart d'origine maghrébine, et un groupe de mères a décidé de dénoncer ce qu'elles appellent de la ségrégation. Elles ne veulent plus de la vie communautaire. Elles refusent que leurs enfants français grandissent avec l'accent marocain. Reportage de Laure Pollez, au milieu d'un ghetto ethnique.
Minorités aux USA : le compte est bon ?
En Californie, les universités ne sont plus autorisées à appliquer la discrimination positive. Les quotas, c'est fini. Reportage de Olivier Sibille à l'université d' UCLA, où, malgré la loi, la direction tente tout de même de promouvoir les minorités.
La rédaction de Complément d'enquête vous invite à commenter l'émission sur sa page Facebook ou sur Twitter avec le hashtag #Cdenquete.
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