"Pièces à conviction". DSK Business
En juin 2011, Dominique Strauss-Kahn est accusé de viol dans l’affaire du Sofitel de New York. Blanchi par la justice américaine, il rentrera en France et mettra un terme à sa vie politique. DSK rebondit et devient homme d’affaires. Mais une ombre ternit sa reconversion. En 2013, il s’est associé avec le financier Thierry Leyne pour créer LSK, une banque d’affaires. Puis c’est la chute : son associé se suicide en 2014, LSK affiche 100 millions d’euros de dettes et le groupe est impliqué dans le scandale des Panama Papers. Comment l’ex-directeur du FMI, qui voulait devenir président de la République française, s’est-il retrouvé dans cette sombre affaire ?
Le magazine de France 3 a enquêté sur une facette méconnue de Dominique Strauss-Kahn.
Pour des raisons liées aux droits de rediffusion, cette émission n'est plus disponible.
Dominique Strauss-Kahn a le sourire aux lèvres ce 4 septembre 2011. De retour à Paris, il a été blanchi par la justice américaine de l’accusation de viol dans l’affaire du Sofitel de New York. Les poursuites au civil ont été abandonnées en échange d’une transaction financière. Il offre l’image d’un homme soulagé. Pour son ami Karim Guelatty, "quand il revient de Washington, je pense que DSK est convaincu qu’il ne retournera pas en politique. Il a besoin d’amis et de relations dans le business".
En tant qu’ancien directeur du FMI, DSK se fait vite une place dans le monde des conférenciers internationaux. Il vend chacune de ses prestations 150 000 euros. Mais il sait que ce succès est éphémère et voit plus loin. Il aurait proposé ses services à de grandes banques françaises, mais l’affaire du Carlton de Lille éclate et freine ses nouvelles ambitions : en mars 2012, DSK est mis en examen pour proxénétisme aggravé en bande organisée dans l'affaire du Carlton avant d' être blanchi. Il veut alors lancer sa propre affaire et cherche un associé.
Un coup de foudre amical
En 2012, c’est par l’intermédiaire d’une amie commune qu’il rencontre Thierry Leyne. D’emblée, DSK est conquis par cet homme d’affaires qui a fait fortune dans la finance. Quinze ans auparavant, Thierry Leyne a créé l’une des premières sociétés de bourse en ligne. Il l’aurait vendue pour 100 millions d’euros. Lors de leur rencontre, Thierry Leyne est à la tête d’Anatevka, une compagnie financière basée au Luxembourg. Elle chapeaute 12 filiales, toutes domiciliées dans des pays au régime fiscal attractif. DSK est bluffé par cette réussite.
Le retour sur scène
En 2013, Dominique Strauss-Kahn revient sur le devant de la scène internationale. Il est nommé au conseil de surveillance de deux grandes banques russes. En Serbie, il devient conseiller économique du gouvernement. DSK retrouve même une certaine crédibilité puisqu’il est invité au Sénat par une commission d’enquête sur le rôle des banques dans l’évasion fiscale. Lors de son audition, il s’emporte contre ces "dérives". Pourtant, quatre mois plus tard, il s’associe officiellement à Thierry Leyne dans la banque LSK, basée au Luxembourg. Les deux hommes affichent une ambition sans limites et créent, au sein de LSK, un fonds d’investissement réservé aux puissants de ce monde. Leur objectif : lever 2 milliards d’euros en Chine, en Russie et en Amérique latine.
La chute
A peine DSK prend-il ses fonctions de président que les ennuis s’accumulent. La filiale luxembourgeoise de LSK perd beaucoup d’argent et l’Autorité financière luxembourgeoise commence à se poser des questions. L’entreprise va mal, et selon d’anciens salariés de LSK, certains dossiers clients ne seraient pas en règle… Thierry Leyne aurait-il siphonné les comptes du groupe à son profit ? Dominique Strauss-Kahn a-t-il pu ignorer les dérives financières du groupe et de son associé ? Le 23 octobre 2014, Thierry Leyne est retrouvé mort au pied de son immeuble à Tel Aviv. Il se serait suicidé en sautant du 23e étage. Pourquoi un tel geste ?
Le doute
Le 7 novembre 2014, LSK est déclaré en faillite. La presse dévoile l’ampleur du désastre : 100 millions d’euros se seraient volatilisés. Au Luxembourg, 156 créanciers, du modeste retraité au milliardaire, réclament leur argent auprès du tribunal de commerce. Personne ne sait où l’argent a disparu. Les soupçons prennent une autre ampleur depuis l’affaire des Panama Papers. On apprend dans un article du Monde que LSK a ouvert pour ses clients, par le biais d’une filiale, 31 sociétés dans des paradis fiscaux avant et pendant la présidence de DSK. Des circuits financiers opaques.
A Paris, une information judiciaire a été ouverte contre X. Trois juges suivent cette enquête. Dans les affaires d’escroquerie en bande organisée et d’abus de confiance, les peines encourues sont de dix ans de prison et 1 million d’euros d’amende.
L'enquête est suivie d'un débat animé par Patricia Loison, qui reçoit Stenka Quillet, coauteur du reportage, et Michel Taubmann, biographe de Dominique Strauss-Kahn et auteur du Roman de DSK (éditions du Moment).
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