Benoît Hamon, lâché par Manuel Valls, dénonce "une grande faillite morale des élites politiques"
Le candidat socialiste à la présidentielle, invité de franceinfo jeudi, a commenté le choix de Manuels Valls en faveur du candidat d'En Marche, lui reprochant son "manque absolu de cohérence".
Benoît Hamon, invité jeudi 30 mars de franceinfo, a réagi au choix de l'ex-Premier ministre socialiste, Manuel Valls, de voter pour Emmanuel Macron dès le premier tour de la présidentielle. Le vainqueur de la primaire de la gauche a expliqué qu' "objectivement", il ne "s'attendait pas à grand-chose de la part de Manuel Valls".
Le député PS a dit voir dans l'attitude de l'ex-Premier ministre, "un manque absolu de cohérence et une démonstration d'une grande faillite morale des élites politiques françaises".
Valls vote Macron : "Ne pas respecter la démocratie pour combattre un péril démocratique", un "manque de cohérence" pour Hamon #8h30Aphatie pic.twitter.com/2qepItK0ZD
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"Parler du risque qui existe pour la démocratie quand un parti anti-démocratique comme le FN pèse si lourd dans le paysage politique […] et commencer à pointer ce risque en ne respectant pas soi-même la démocratie, c’est cela le symbole le plus lourd. Ce n'est pas tant le manque de loyauté à mon égard", a estimé Benoît Hamon.
Le candidat du PS a cité des propos de l'ancien Premier ministre dans L'Obs, pour affirmer que "Manuel Valls conçoit de passer des compromis avec François Fillon, s'il l'emportait, et pas avec Benoît Hamon : ça en dit long !". Benoît Hamon a ensuite affirmé qu'il incarnait la gauche de gouvernement. "Dans la gauche de gouvernement, il y a gouvernement, exercice du pouvoir, mais il y a gauche aussi."
Valls envisage des compromis avec Fillon "et pas avec Hamon", "ça en dit long", "j'incarne la gauche de gouvernement" dit Hamon #8h30Aphatie pic.twitter.com/qhffS06dLA
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Le PS doit-il sanctionner Manuel Valls ? Benoît Hamon dit préférer faire campagne, par exemple "à Béziers cet après-midi, pour s'affronter aux électeurs du FN", et ne pas s'intéresser aux rendez-vous d'après présidentielle. "Je ne suis pas un fétichiste des appareils du PS et si j'avais dû compter sur eux, je n'aurais pas gagné la primaire", a-t-il déclaré.
"Je n'avais pas les élus avec moi, j'ai gagné. C'est le peuple de gauche qui m'a donné une légitimité et c'est parce qu'il m'a donné la vie, que personne ne me la reprendra", a-t-il ajouté, évoquant "les caciques qui veulent aujourd'hui choisir en fonction de leurs petites rentes politiques".
"Je ne suis pas un fétichiste des appareils du PS, si j'avais dû compter sur lui je n'aurais pas gagné la primaire", dit Hamon #8h30Aphatie pic.twitter.com/DTkHc81oPq
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Le "plafond à la dynamique Mélenchon"
Le candidat du PS à la présidentielle a regretté que Jean-Luc Mélenchon ait refusé sa main tendue, bien que le choix de Manuel Valls en faveur d'Emmanuel Macron ait levé "l'hypothèque", invoquée par le candidat de la France insoumise pour refuser toute alliance.
Refus d'alliance de Mélenchon: "dans la centralité que j'ai à gauche, j'ai la capacité de parler à tout le monde", estime Hamon #8h30Aphatie pic.twitter.com/cGDhw59E0V
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"Il me semble que, dans la centralité qui est la mienne à gauche, j'ai la capacité de parler à tout le monde. Je ne pense pas que Jean-Luc Mélenchon ait cette centralité. Le projet qu'il défend nous déplace sur un segment qui ne pourra pas rassembler toute la gauche", a expliqué Benoît Hamon, avant d'estimer qu'il y avait "un plafond à la dynamique Mélenchon".
Interrogé sur la proposition du secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, d'œuvrer pour une rencontre à quatre, entre lui-même, Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot, Benoît Hamon a répondu que "de facto", la réunion n'aurait pas lieu.
Le projet "du passé" d'Emmanuel Macron
À propos du programme d'Emmanuel Macron, auquel se rallient "dirigeants de droite et dirigeants de gauche, qui ont tous gouverné ces vingt dernières années", Benoît Hamon a estimé que "le projet ne fait que perpétuer ce qui s'est déjà passé et ce qui a déjà échoué". Le candidat de la gauche à la présidentielle a affirmé que "l'argent pollue la campagne". "Et encore davantage quand nous sentons que dans les programmes électoraux de puissants lobbies pèsent sur les choix politiques", a-t-il ajouté. Benoît Hamon a cité "le compte pénibilité qui n'est pas repris par Emmanuel Macron". "Il prend à la lettre le programme du Medef" a-t-il affirmé. "Que dans la même phrase, Emmanuel Macron ait dit je veux rompre avec la droite de 34 et la gauche de 81 (...) c'est aussi absurde qu'indigne".
Macron veut "rompre avec la droite de 34 et la gauche de 81", "c'est aussi absurde qu'indigne" estime Hamon #8h30Aphatie pic.twitter.com/0zxR03yn7N
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Regardez l'intégralité de l'intervention de Benoît Hamon sur franceinfo le jeudi 30 mars 2017.
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