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En direct du monde. En Hongrie, le Premier ministre veut gérer toutes les lignes de téléphone de l’appareil d’Etat

Viktor Orban, Premier ministre hongrois va mettre en place un réseau de téléphone réservé au gouvernement et à l'administration toute entière.

Article rédigé par franceinfo, Florence La Bruyère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Viktor Orban, Premier ministre hongrois. (SVEN HOPPE / DPA)

En Hongrie, le Premier ministre nationaliste, Viktor Orban, veut mettre en place un réseau de téléphone réservé au gouvernement et à toute l’administration. 

Ces lignes de téléphone existent déjà. Elles sont gérées par un opérateur T-com, qui appartient à l’allemand Deutsche Telekom et avec lequel l’administration hongroise a des abonnements. La nouveauté c'est que c’est une entreprise d’État, la Société nationale d’information et de communication (NISZ), qui va gérer toutes les lignes de téléphone de l’appareil d’État à partir de juin 2018.


Cette entreprise était à l’origine une petite société de services informatiques. Elle a beaucoup grandi sous le gouvernement socialiste, le prédécesseur de Viktor Orban, qui l’avait chargée de mettre le service public en ligne. Mais là, Viktor Orban va encore plus loin. Il fait de cette entreprise le maître d’œuvre d’un réseau téléphonique réservé à l’État. D’où les commentaires ironiques de certains observateurs, qui font un parallèle avec la "ligne spéciale" du Parti communiste hongrois pendant la période soviétique.

Le fameux téléphone rouge 

A l'époque, les "camarades" du comité central n’avaient pas de téléphone rouge sur leur bureau. Ils avaient un grand standard de la taille d’un attaché-case, avec une bonne vingtaine de lignes. L’une de ces lignes était la ligne "rouge" également surnommée ligne  "K", comme communisme en hongrois. Grâce à cette ligne interne, les dirigeants du Parti communiste hongrois pouvaient communiquer avec les généraux, les rédacteurs en chef de la télévision et des journaux ou encore avec les directeurs des grandes entreprises d’État. Sans crainte d’être écoutés. C’était un système entièrement copié sur le modèle russe. Il a fonctionné jusqu’à la chute du communisme, en 1990.

Le gouvernement veut gérer un maximum de choses

Viktor Orban incarne une droite étatiste, convaincue que l’État doit gérer un maximum de choses. Son gouvernement a nationalisé presque tout le secteur de l’énergie. Le Premier ministre veut tout contrôler. Dans son parti, personne ne s’exprime sans autorisation. Orban a créé un ministère de la Communication, qui donne des instructions aux médias d’État sur ce qu’il faut dire et sur les personnes à interviewer.

Ce réseau téléphonique d’État pourrait être un outil de contrôle. Certains fonctionnaires transmettent des informations aux médias sous couvert d’anonymat. Viktor Orban serait irrité par ces fuites. La mise en place d’un nouveau système de télécoms peut laisser croire aux fonctionnaires qu’ils seront surveillés plus facilement.



 

 

 

 

 

 

 

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