Médecin urgentiste à Londres et viticultrice à Bordeaux
Corinne Gonet travaille souvent pour le Royal Hospital de White Chapel à Londres, une énorme ruche où l'activité frénétique ne s'arrête jamais. On se croirait au cœur d'une série américaine. «Lors d'une garde, vous faites 15 poignardés, deux «Red codes», des patients à qui on ouvre le thorax , énumère-t-elle. Il y a un ballet sans fin d'hélicoptères qui se posent avec des poli-traumatisés et des victimes de tentatives d'homicides. Quand vous demandez aux policiers pourquoi il y a tant de poignardés, ils vous répondent que c'est à cause de Jack l’Éventreur ! » L'Anglais ne se dépare jamais de son humour. Corinne Gonet vit dans le quartier prisé de Camden.
Née en Picardie, blonde et souriante, elle a 46 ans, trois enfants et plusieurs vies au compteur. Quand elle n'est pas à Londres, Corinne est à Pessac, près de Bordeaux, où elle a racheté en 1998 Château Haut-Bacalan, un honnête vignoble de 7 hectares qui produit chaque année 40.000 bouteilles. Le vin, tradition de famille du côté de son mari. Corinne a tellement accroché à ce monde de la viticulture qu'elle s'est remise à un BEP agricole à Blanquefort. Elle dit même que ce sont les études les plus intelligentes qu'elle ait suivies : «Dans la classe, certains n'avaient pas le bac. Moi, je leur donnais des cours de physique et de maths. Et on m'apprenait à tailler la vigne. On avait aussi des cours de dégustation .»
Corinne trace même un parallèle entre le vin et sa vie aux urgences. «Il faut prendre la température de toutes les cuves, maintenir le pH, l'acidité. C'est comme si vous éleviez un patient en réanimation : il faut mettre une bandelette urinaire tous les jours, regarder comment le pH évolue. Et au bout d'un mois vous le mettez en barrique ! » Le docteur Gonet promet que le vin bu avec modération est bon pour la santé, et invite les patients de l'hôpital Haut-Lévêque, juste en face de sa propriété, à venir la voir pour une dégustation quand ils sont sortis d'affaire.
Son départ à Londres en 2009, elle n'y est pour rien. «Notre petit dernier devait redoubler son CP, raconte-t-elle. On ne voulait pas qu'il perde un an. Mes trois enfants et mon mari ont voté dans mon dos pour partir en Angleterre. Je suis revenue un lendemain de garde, ils m'ont annoncé la nouvelle. Moi, je n'avais pas du tout envie ! » Son mari voulait aussi aller vendre le vin français aux Anglais, plus habitués aux cépages du Commonwealth. Corinne les ne les rejoindra qu'un mois plus tard, une fois terminées les vendanges à Pessac.
Retrouvez ce portrait dans le magazine régional d'informations Objectif Aquitaine
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.