Info Médias. Le casse-tête du décompte des temps de parole pour la présidentielle
La campagne présidentielle commence officiellement ce mercredi. Pour les médias audiovisuels, cela donne le top départ du fastidieux décompte des temps de parole de chaque candidat.
À compter du mercredi 1er février, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) demande aux radios et aux chaînes de télévision de respecter un équilibre dans le temps de parole des candidats à la présidentielle. Et ce n'est pas toujours très simple, d'autant que les règles ont évolué pour cette nouvelle campagne électorale. Dans les rédactions, beaucoup s'attendent à un véritable casse-tête.
Une période d'équité, puis une période d'égalité
Jusqu'au 10 avril, on est dans la première phase de la campagne, ce que l'on appelle "la période d'équité". Les médias doivent donner la parole à tous les candidats déclarés ou présumés en fonction de leurs représentativité politique : c'est-à-dire que le candidat d'un gros parti, avec beaucoup d'élus, et qui est bien parti dans les sondages aura plus de temps de parole que le candidat d'un petit parti.
À partir du 10 avril, on entre dans la deuxième phase, celle de l'égalité. Pendant cette période, tous les candidats auront exactement droit au même temps de parole. Il s'agit évidemment de la phase la plus contraignante pour les médias. Et pourtant, la durée de cette phase est réduite cette année : elle dure maintenant deux semaines, au lieu de cinq auparavant.
Changement majeur dans le mode de comptage
Le gros changement cette année, c'est le fait que le CSA demande aux médias de comptabiliser tous les moments où un candidat est évoqué. Auparavant, on décomptait seulement le temps de parole : un discours, une interview, ou un meeting. On déclenchait le chronomètre lorsque le candidat ou l'un de ses soutiens commençait à parler.
Dorénavant, il faut décompter aussi le temps d'antenne : lorsqu'un journaliste, un expert, ou un invité parle d'un candidat. Il existe toutefois une exception : lorsque les propos sont "explicitements défavorables", dit le CSA. Prenons l'exemple de François Fillon. Si l'on parle de son programme économique, il faut le décompter. Si en revanche, on parle de l'affaire Penelope Fillon, dans ce cas-là ce ne sera pas décompté. Cette nouvelle règle implique donc que les calculs doivent être faits avec beaucoup de finesse.
Des journalistes sceptiques
Même si, dans les rédactions, on comprend bien l'idée du CSA (faire en sorte que le débat démocratique se tienne dans les meilleures conditions possibles), la question est de savoir s'il faut pour autant des règles aussi contraignantes. Le syndicat national des journalistes (SNJ) parle de "carcan" qui va "paralyser le travail des rédactions".
Certains médias craignent que cette nouvelle règle ne vienne interférer avec la liberté éditoriale, mais aussi avec le traitement de l'actualité. Il ne faut pas non plus oublier l'évolution du paysage médiatique. Beaucoup se demandent si cette règle a encore du sens, quand on sait qu'elle ne s'applique ni dans la presse écrite, ni sur Internet.
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