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Happy, l’éléphante star du zoo du Bronx que des défenseurs des animaux veulent faire reconnaître comme personne morale

Son cas a été examiné le 18 mai par la plus haute cour de justice de New York. Le verdict sera rendu dans quelques semaines mais en attendant, sa situation interroge notre rapport aux animaux et le peu de droits que nos lois leur accordent.

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Happy, l’éléphante star du zoo du Bronx sur la compte Instagram de NHRP, Nonhuman rights project.  (CAPTURE D'ÉCRAN)

Un éléphant est-il une personne morale ? Et si oui, ne pourrait-il pas avoir les mêmes droits que nous, humains ? Telles sont les questions que pose l’affaire Happy examinée en ce moment par la plus haute cour de justice de New York. Happy, c’est le nom d’une femelle éléphant, star du zoo du Bronx, née à l’état sauvage en 1971 en Thaïlande avant d’être capturée, transportée aux États-Unis puis détenue depuis 1977 dans un enclos. Un cas dont s’est saisi l’association de défense des animaux NHRP, Nonhuman Rights Project qui défend l’idée que les animaux non-humains devraient avoir les mêmes droits que nous, animaux humains.

Pour l’avocate de l’association, les besoins élémentaires de cette éléphante sont bafoués, puisqu’à l’état sauvage, les éléphants d’Asie parcourent des centaines de kilomètres et vivent en troupeau, là où elle est enfermée dans son petit enclos, seule, sans congénères. L’association demande donc que Happy soit reconnue personne morale, et qu’elle bénéficie des droits qui vont avec. Si tel était le cas, elle ne serait pas lâchée dans New York mais accueillie dans un sanctuaire pour éléphants où elle bénéficierait d’un espace bien plus vaste et côtoierait des dizaines de congénères.

Faire reconnaitre qu'un élephant partage des capacités similaires aux nôtres

Le tribunal vient d’entendre les deux parties, l’association d’une part, et le zoo du Bronx d’autre part qui a expliqué que Happy était respectée et bien soignée. Le verdict sera rendu d’ici quatre à six semaines, mais quoi qu’il arrive, ce cas nous met d’ores et déjà face à nos certitudes : pourquoi le concept de liberté serait-il différent selon qu’il s’applique à nous ou à d’autres animaux ? Pourquoi acceptons-nous d’infliger à un éléphant, un singe, un dauphin ce que nous condamnons entre humains ?

Bien sûr, si Happy était reconnue personne morale (ce qui est peu probable vu les précédentes décisions rendues en la matière), cela ouvrirait la voie à des centaines de réclamations, pour des cirques, des élevages, ou même la détention d’animaux de compagnie. Mais pour l’association, le but n’est pas de faire exploser la structure du droit, c’est de faire reconnaître qu’un éléphant n’est pas une bête, et qu’il partage avec nous des émotions comme l’empathie, la conscience de la mort, la mémoire ou encore la capacité d’apprentissage.

Au passage, si Happy est une star, c’est parce qu’elle est la première à avoir passé l’expérience du miroir, en se reconnaissant dedans et en prouvant que les pachydermes ont conscience d’être au monde. Exactement comme nous.

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