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Le brief éco. Les syndicats vent debout contre la prime de démission d'Amazon

C’est une initiative qui crée la polémique chez Amazon France, au point que les syndicats ont décidé de porter l’affaire devant l’inspection du travail. Il s’agit, ni plus ni moins, d’une offre de démission... Contre une prime !

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un entrepôt d'Amazon, situé à Montélimar.  (CITIZENSIDE/CHRISTOPHE ESTASSY / CITIZENSIDE)

L'initiative crée la polémique au point que les syndicats ont décidé de porter l’affaire devant l’inspection du travail. Le principe apparaît comme peu orthodoxe, au regard de la longue tradition sociale française. Chaque début d’année, le géant informatique américain Amazon propose à ses salariés qui auraient "un projet personnel" de démissionner en échange d’une prime pouvant aller jusqu’à 8 000 euros.

Les salariés en CDI peuvent démissionner avec un bonus, en fonction de leur ancienneté dans la maison. Une offre proposée, un peu comme pour les soldes, sur une période de 15 jours. Cette année, elle court depuis le 23 janvier jusqu'au dimanche 5 février.

Vigilance des syndicats

Les avis sont partagés. Pour certaines centrales, il s’agit clairement d’un plan de départs volontaires déguisé, et d’une manœuvre qui permet d’embaucher à moindre coût des intérimaires à la place de CDI (Contrat à Durée Indéterminé).

La direction d’Amazon répond que cette proposition baptisée "The Offer" existe dans tous les centres du groupe dans le monde, et qu’elle a été lancée en France en 2015. Une douzaine de salariés devraient y avoir recours cette année, après une dizaine l’an dernier.

Principe louable aux yeux d’Amazon : il s’agit d’accompagner celles et ceux qui ont envie de monter une entreprise ou une affaire, avec un soutien financier offert par l’entreprise.

Un procédé qui n'est pas illégal... 

Le dispositif a de quoi surprendre, alors que la France dispose déjà d’un véritable arsenal en matière de droit du travail, notamment le dispositif de rupture conventionnelle, un genre d’accord à l’amiable.

Seulement voilà, juridiquement, rien n’empêche un employeur d’octroyer une prime de départ à un salarié qui démissionne. Mais le recours à cette prime peut conduire à des actions aux prud’hommes, de la part de tout salarié qui se sentirait poussé vers la sortie.

...Mais à utiliser avec précaution

Le dispositif est à utiliser avec beaucoup de précaution, à la fois par l’entreprise et par les salariés. Qui dit démission, dit aucun recours à l’assurance chômage dans 99% des cas.

En réalité, l’Américain Amazon, qui sait innover sur le plan technologique pour livrer ses clients toujours plus rapidement, emprunte les portes laissées ouvertes par le droit français. Pour accompagner sincèrement – par philanthropie et humanisme – ses salariés désireux de s’émanciper, ou de se séparer tout simplement des éléments les moins productifs.

Un modèle économique et managérial très libéral qui pourrait faire des émules. Mais c’est sans compter avec une autre caractéristique du modèle français : une vigilance syndicale hors pair.

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