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Le décryptage éco. Primaire : sur l'éducation, un débat frustrant, bâclé et parfois caricatural

L’éducation, quel projet, quelle réformes ? C’était le dernier thème du débat jeudi 3 novembre entre les prétendants de la droite et du centre. Ont-ils été à la hauteur des enjeux ?

Article rédigé par franceinfo, Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Plateau du débat de la primaire de la droite et du centre, le 3 novembre  2016, salle Wagram à Paris. (ARNAUD DUMONTIER / MAXPPP)

Le premier mot, c’est que ce débat a été extrêmement frustrant. On avait entendu toutes ces dernières semaines, à juste titre, notamment dans la voix d’Alain Juppé, de François Fillon, et de Bruno Le Maire, que l’éducation était la mère de toutes les réformes, le grand sujet déterminant à la fois pour rétablir de la cohésion sociale, lutter contre le chômage, combattre les inégalités et adapter les formations, les savoirs aux grandes mutations du moment. Et bien, on a eu un débat bâclé, tardif, souvent superficiel et même caricatural. Il a fallu attendre 22h50 pour que le sujet soit abordé à la sauvette, et là on ne peut pas en blâmer les candidats, pensez par exemple qu’Alain Juppé n’a eu qu’une seule minute pour expliquer son projet, parce qu’il avait dépassé son temps de parole. Bref, très peu de temps, presque pas d’échanges, sur un sujet fondamental. On sait que l’état du système éducatif français est préoccupant, "catastrophique" a même dit François Fillon. La France est très mal classée en la matière dans les grandes études internationales, et notamment dans l’enquête Pisa qui fait référence, ses faiblesses sont bien connues et identifiés depuis longtemps : On a un système qui exclu - 150 000 jeunes sont exclus chaque années du système scolaire – on a un système qui fabrique des inégalités – et on a un problème global de performance, notamment dans l’enseignement supérieur. 

Quelles solutions les candidats ont-ils proposé ?

D’abord, même si le moment fut court, on a bien vu qu’il y a beaucoup de points communs. Sans surprise, c’est la liberté, l’autonomie qui ont été les mots clés. C’est par cette philosophie, ce choix politique pour le coup assumé que le système pourrait enfin bouger, disent tous les candidats. Puisqu’on n’arrive pas à faire de vraies réformes globales, et bien responsabilisons d’abord les chefs d’établissement, qui pourront choisir leurs équipes pédagogiques. Et aussi, parce qu’il est temps de faire du mesure, de sortir du moule unique, d’expérimenter, de donner des marges de manœuvre, en fonction de la population scolaire concernée. Trois sont pour la fin du collège unique : Copé – Poisson et Bruno Le Maire – les autres veulent le garder, mais tous veulent adapter ce cycle scolaire. Le deuxième point commun : c’est l’importance de l’apprentissage, le sujet est central, même si c’est un peu un serpent de mer, Fillon et Juppé ont été sur ce sujet les plus volontaristes. Tous enfin on parlé de la nécessité de rétablir l’autorité des enseignants et de mettre l’accent sur l’apprentissage des savoirs fondamentaux dès le plus jeune âge. Tous, ça fait consensus.

Est-ce que ces idées sont de nature à améliorer vraiment notre système éducatif ?

Je ne voudrais pas leur faire injure, tant les candidats ont eu peu de temps pour exprimer leur projet. Mais quand même, le débat fut souvent très superficiel. Ce n’est pas en prônant le retour de l’uniforme ou la marseillaise tous les matins qu’on améliore les performances scolaires. Or on le sait, la France sous-investit gravement dans les compétences, c’est à dire la formation initiale et la formation supérieure. On ne peut pas continuer à laisser 15 à 20% d’une classe d’âge en situation d’échec. Il manque disent les économistes entre 20 et 30 milliards d’euros pour remettre l’ensemble du système éducatif français au niveau des meilleurs au plan international. C’est énorme, c’est presque un point de Pib. La France, l’économie française ne pourra pas rivaliser avec les meilleures économies mondiales si elle n’investit pas massivement dans l’éducation, dans toute la chaine de l’éducation, du primaire, jusqu’à l’enseignement supérieur qui manque toujours cruellement de moyens, et on peut même dire jusqu’à la formation professionnelle qui est largement aujourd’hui en déshérence. Voilà ce qu’on aurait bien aimé entendre aussi hier soir.


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