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Le vrai du faux. Quand François Baroin recycle une rumeur à des fins électorales

François Baroin, le chef de file du parti Les Républicains multiplie les attaques sur le programme fiscal d'Emmanuel Macron... quitte à recycler une rumeur sur la mise en place d'une taxe sur le loyer obligatoire pour les propriétaires. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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François Baroin en meeting de soutien aux candidats Les Républicains pour les législatives  (MAXPPP)

François Baroin semble avoir vouloir faire de la fiscalité le sujet principal de la campagne du parti Les Républicains pour les législatives. Au coeur de ses attaques, la hausse de la CSG et... ceci : 

"Il faut le savoir, le concepteur du projet d'En Marche ! est l'auteur de l'idée d'un loyer obligatoire pour les propriétaires. Si ce n'est pas une charge lourde pour ceux qui possèdent et qui ont fait du rêve de leur vie d'avoir un bien pour le transmettre à leurs enfants, je ne sais pas ce que c'est." (François Baroin lors d'un meeting au Parc floral de Paris le 21 mai)

Le projet d'Emmanuel Macron prévoit une nouvelle taxe pour les propriétaires ?

Faux. 

Au rayon fiscalité et logement du programme d'Emmanuel Macron, il y a le projet d'exonération de taxe d'habitation pour une partie des Français et la mise en place d'un impôt sur la fortune immobilière (en lieu et place de l'ISF)... mais rien qui ressemble à ce qu'annonce François Baroin : taxer les propriétaires de résidences principales sur la base d'un loyer fictif.

Le concepteur du programme d'Emmanuel Macron est l'auteur de cette idée de taxe ?

Faux. 

Jean Pisani-Ferry n'est pas l'auteur de cette idée de taxe... mais ce n'est pas un hasard si son nom y est accolé.

En fin d'année dernière, l'un des auteurs de France Stratégie, organisme de réflexion rattaché à Matignon, a publié une note pour explorer les pistes de réforme de la fiscalité sur le logement. Et parmi les quatre options envisagées par le sociologue Pierre-Yves Cusset, il y a bien l'idée d'une taxe sur les loyers implicites. Or, à l'époque, Jean Pisani-Ferry était le directeur de cet organisme. 

"Peu importe que France Stratégie ait d’emblée indiqué combien l’option d’une imposition des loyers imputés suscitait d’incompréhension et même d’hostilité dans l’opinion. Peu importe que j’en aie démissionné. Peu importe que je n’aie jamais eu, pour cette hypothèse formulée par mes anciens collègues, qu’un intérêt intellectuel : la fausse nouvelle est complaisamment colportée", déplorait Jean Pisani-Ferry dans une tentative de démenti publiée le 2 avril dernier sur le site d'En Marche !.

Une rumeur qui court depuis au moins cinq ans

L'idée de taxer les propriétaires n'est pas nouvelle. Elle a d'ailleurs existé en France de 1914 à 1965. Et, depuis quelques années, plusieurs économistes se prononcent pour sa réinstauration. Elle figurait, par exemple, dans un rapport du Conseil d'analyse économique en 2013. 

C'est à ce moment-là que la rumeur est née. Des dizaines d'articles ont annoncé que les gouvernements successifs de François Hollande allaient mettre en place cette taxe. Elle a été annoncée pour 2014, pour 2015, pour 2016 et pour 2017... sans jamais voir le jour. Et à chaque fois, ces faux articles ont été partagés des milliers de fois sur les réseaux sociaux. Il y a même eu des pétitions en ligne pour réclamer l'abandon de sa mise en place... qui n'a donc jamais eu lieu.

Un faux article annonçant une taxe pour les propriétaires en janvier 2017 a été partagé plus de 250.000 fois sur Facebook (Capture d'écran actualite.co)

Christian Eckert, ancien secrétaire d'Etat au Budget, a également tenté de mettre fin à la rumeur devant les bancs de l'Assemblée nationale en avril 2016.


Non il n'y aura pas d'impot sur le revenu... par ceckert56_me_com

Plusieurs médias dont franceinfo ont également démonté cette rumeur à plusieurs reprises. Mais rien n'y a fait. Le fantasme de l'instauration de cette taxe aura imprimé tout le quinquennat de François Hollande. Ce sparadrap a désormais atterri sur les doigts d'Emmanuel Macron... et François Baroin tente donc d'y mettre un point de colle.

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