Atos rachète Bull et crée un géant du big data
C’est le début d’une grande aventure comme on aimerait en voir plus souvent. L’histoire a débuté en 1930 avec la création, à Paris, de la société Bull du nom de l'ingénieur norvégien inventeur d'une machine à cartes perforées. Relancé par le Général de Gaulle avec le "Plan calcul" de 1966 pour garantir l'indépendance informatique de la France, le groupe connaîtra quelques déboires, verra monter à son capital General Electric (déjà lui !), s'imposera au fil du temps sur l'activité des supercalculateurs pour le monde de l’entreprise, de la défense, de la météorologie ou le nucléaire.
Quant à la nouvelle aventure avec Atos, c’est la perspective de créer un géant de l’informatique en Europe. Pas le Google européen dont certains rêvent de ce côté-ci de l’Atlantique mais le numéro un du Cloud (le nuage informatique) et l’un des principaux leaders dans la cyber-sécurité.
A quoi ressemblera le nouvel ensemble ?
A un couple dont l’épouse est la doyenne des sociétés françaises d’informatique, et le prétendant un respectable spécialiste de son secteur beaucoup plus jeune, né en 1997 suite à une longue série de rachats et de fusions. En clair, Atos rachète Bull pour profiter de ses compétences en matière de cyber-sécurité et de traitement des gigantesques masses de données.
L’offre publique d’achat amicale valorisera le nouvel ensemble à 620 millions d’euros. 80 millions d’euros de synergies – économies dégagées par la réduction des doublons – sont visés sur 2 ans mais sans toucher à l’emploi assure-t-on des deux côtés.
Outre les renforcements géographiques et des portefeuilles clients, la nouvelle entité réunira pas moins de 2.000 ingénieurs spécialisés dans la sécurité informatique.
Pourquoi un tel regroupement aujourd’hui précisément ?
Parce que la conjoncture s'améliore. Nous assistons en ce moment de gigantesques opérations de regroupements. Certaines réussissent, d’autres pas. Un entrepreneur, ça anticipe autant que possible. Le vent de la reprise commence à souffler en Europe, c’est maintenant qu’il faut prendre position. C'est ce que fait le patron d’Atos, Thierry Berton, ancien ministre de l’économie sous Jacques Chirac.
La démarche avec Bull est d’autant plus pertinente que le marché du traitement des données informatiques et de leur sécurisation explose. Le big data, c’est le stockage, l’hébergement informatique et l’analyse de données monstres pour des industries de pointe. C’est de la microchirurgie industrielle à forte valeur ajoutée, ce dont l'industrie française a besoin pour monter en gamme.
Peut-on s’attendre à d’autres opérations du même genre dans le secteur ?
Très probablement. Atos était d’ailleurs engagé dans un processus plus large que l’acquisition de Bull. Dernièrement, il s’est cassé les dents sur Stéria qui a préféré se rapprocher de Sopra. Dernièrement encore, Capgemini a repris Euriware au groupe nucléaire Areva, TCS a racheté Alti… tous ces noms sont ignorés du grand public mais ils correspondent à des entreprises placées au cœur de la révolution qui est en train de se produire dans l’exploitation des données informatiques.
Le marché du cloud (l’informatique dématérialisée) devrait progresser en moyenne de 15 à 20% jusqu’en 2017. Pour ce qui est du big data, la progression approchera les 30%. Ce qui laisse la porte ouverte à bien d’autres aventures d'entreprises.
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