Cet article date de plus de huit ans.

Crimes de guerre, migrants... Cinq déclarations à retenir de l'entretien de Bachar Al-Assad

Le président syrien a accordé un entretien à l'AFP dans son bureau de Damas, le premier depuis l'échec des pourparlers de Genève. Offensif, il n'a pas l'intention de baisser les armes avant d'avoir reconquis tout le territoire.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le président syrien Bachar Al-Assad lors d'un entretien à l'AFP, jeudi 11 février 2016 à Damas (Syrie). (JOSEPH EID / AFP)

C'est le premier entretien accordé par Bachar Al-Assad à un média, depuis l'échec des pourparlers de Genève. "La reconquête de tout le territoire syrien, aujourd'hui divisé entre des portions contrôlées par le régime, des rebelles et des jihadistes, est un but que nous chercherons à atteindre sans hésitation, a réaffirmé le président syrien à l'AFP, vendredi 12 février. 

1Pas de trêve dans les combats

Le dirigeant dit croire aux "négociations et à l'action politique" avec l'opposition non armée. Mais, selon lui, "négocier ne signifie pas qu'on arrête de combattre le terrorisme", terme qui désigne chez lui tous les combattants rebelles, pas seulement les jihadistes. Les affrontements pourraient être "longs", ajoute-t-il. Avec l'appui de l'aviation russe, Bachar Al-Assad mène d'ailleurs une offensive dans la région d'Alep, depuis le début du mois. L'objectif, selon lui, est de "couper la route" entre cette province et la Turquie, davantage que de reprendre la ville, divisée entre secteurs tenus par les rebelles et quartiers contrôlés par le régime.

> DOCUMENT FRANCE 2. Syrie : au cœur de la vieille ville d'Alep, ravagée par la guerre

2Des avertissements à la Turquie et à l'Arabie saoudite

Bachar Al-Assad a également évoqué l'hypothèse d'une intervention militaire turque et saoudienne en Syrie : "C'est une possibilité que je ne peux pas exclure pour la simple raison que [le président turc Recep Tayyip] Erdogan est quelqu'un d'intolérant, de radical, un pro-Frères musulmans et qui vit le rêve ottoman. Il en est de même pour l'Arabie saoudite." Mais le président syrien est convaincu qu'une "telle action leur serait difficile pour eux".

Une photographie obtenue auprès du service de presse syrien, lors de l'entretien de Bachar-Al-Assad avec l'AFP, jeudi 11 février 2016. (HO / SYRIAN PRESIDENCY / AFP)

3Un appel pour faire revenir les réfugiés en Syrie

En près de cinq ans, la guerre en Syrie a déjà fait plus de 260 000 morts et poussé des millions de personnes à l'exil. "Je vais appeler les gouvernements européens qui ont contribué directement à l'exode [des réfugiés syriens] – en fournissant une couverture aux terroristes et en imposant un embargo à la Syrie – à aider au retour des Syriens chez eux."

4Les accusations de crime de guerre niées en bloc

Alors que les enquêteurs de l'ONU sur la Syrie ont accusé Damas "d'extermination" de détenus dans les prisons, Bachar Al-Assad nie en bloc ces exactions. "Les institutions onusiennes (...) sont essentiellement dominées par les puissances occidentales et la plupart de leurs rapports sont politisés", juge-t-il, estimant qu'elles "n'avancent pas de preuves". "Je ne crains ni ces menaces ni ces allégations", a-t-il répondu, quand l'AFP lui a demandé s'il craignait de devoir comparaître un jour devant un tribunal international.

> Syrie : Bachar Al-Assad doit-il s'inquiéter de l'enquête ouverte à Paris pour "crimes contre l'humanité" ?

5Un appel pour que la France "change de politique"

Bachar Al-Assad / "Le rôle de la France maintenant, c'est de changer de politique"
Bachar Al-Assad / "Le rôle de la France maintenant, c'est de changer de politique" Bachar Al-Assad / "Le rôle de la France maintenant, c'est de changer de politique"

Enfin, Bachar Al-Assad appelle la France à "changer de politique" en Syrie afin de "combattre le terrorisme", dit-il. Au passage, le président syrien estime que ce n'est pas à son pays de faire "un geste envers" Paris pour améliorer les relations entre les deux pays. Le départ de Laurent Fabius – remplacé par Jean-Marc Ayrault au Quai d'Orsay – ne lui fait ni chaud ni froid : "Le changement de personnalités [n'est] pas vraiment d'une grande importance (...), [c'est] plutôt le changement de politique qui [compte]".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.