Roms : la valse-hésitation de Martine Aubry
La maire de Lille semble tergiverser sur la position à tenir au sujet des camps de Roms.
Quelle est la position exacte de Martine Aubry sur l'épineuse question des camps de Roms ? Par peur d'être accusée d'être frop ferme ou trop laxiste, la maire de Lille semble souffler le chaud et le froid. Alors qu'elle demande désormais à l'Etat de mettre des terrains à disposition des Roms, FTVi revient sur les atermoiements de la première secrétaire du Parti socialiste sur cette question.
Acte 1 : en 2010, elle refuse les démantèlements
A l'été 2010, alors que Nicolas Sarkozy muscle son discours à l'égard des Roms et suscite une polémique en demandant "le démantèlement de tous les camps illégaux", Martine Aubry qualifie d'"indignes" les mesures prises par le gouvernement Fillon. "Moi, ça me fait vraiment mal, c'est insupportable de voir ça sur notre territoire", dit-elle le 15 septembre 2010, en précisant qu'elle a demandé au préfet du Nord d'arrêter les expulsions sur les terrains qui dépendent de la métropole lilloise. "Occuper illégalement un terrain ne constitue pas un trouble suffisant à l'ordre public pour entraîner une expulsion du territoire", estime-elle.
Acte 2 : deux ans plus tard, ses collaborateurs sont associés au démantèlement de deux camps près de Lille
Depuis, le ton semble avoir changé. Le 3 août 2012, deux conseillers techniques au cabinet de la maire de Lille et quatre représentants de Lille-Métropole, la communauté urbaine que préside Martine Aubry, assistent à une réunion préparatoire au démantèlement de deux campements de Roms dans la métropole lilloise, révèle Le Figaro le 19 août.
"Nous avons, avec les élus de la communauté urbaine de Lille, avec le maire de Villeneuve-d'Ascq, fait évacuer deux campements illicites", confirme Manuel Valls, ajoutant que "la préfecture a été en contact permanent avec le cabinet de Martine Aubry et avec le premier vice-président" de la communauté urbaine.
Acte 3 : elle déplore le démantèlement des deux camps
Problème : alors que le démantèlement de ces deux camps situés à Villeneuve-d'Ascq et Hellemmes intervient le 9 août, et suscite un début de polémique - la gauche étant accusée de mener la même politique que la droite -, Martine Aubry manifeste sa colère en privé. Au point d'"abréger ses vacances pour regagner sa mairie" plus tôt que prévu, révèle Le Parisien le 18 août. "La première secrétaire du PS est d’autant plus remontée qu’elle estime que sa ville est 'absolument exemplaire' par les efforts qu’elle a déjà accomplis pour accueillir les gens du voyage", appuie Le Parisien.
Acte 4 : elle justifie le fond, mais regrette la forme
Finalement, Martine Aubry convoque la presse, lundi 20 août, pour justifier le démantèlement des camps d'Hellemmes et de Villeneuve-d'Ascq - affirmant que "les riverains étaient victimes de vols et de rackets" et qu'"il y avait des problèmes d'insalubrité" -, mais critique la méthode utilisée. "Je regrette que ces évacuations se soient faites dans ces conditions, dans l'urgence, sans solution de relogement", explique-t-elle aux journalistes.
Et la maire de Lille de proposer qu'en cas de démantèlement de campement illégal, l'Etat propose un terrain pouvant héberger les Roms. "Les terrains, c'est pas très difficile à trouver. L'Etat est propriétaire de terrains un peu partout. (...) Si l'urgence n'a pas permis que ce soit le cas à Villeneuve-d'Ascq, je le regrette, mais nous allons trouver cette solution et nous espérons marcher main dans la main avec le préfet et avec l'Etat", ajoute-t-elle.
Une proposition sur laquelle le gouvernement pourrait bien être amené à réagir, mercredi, en marge de sa réunion interministérielle sur la question des Roms.
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