À la découverte du poivre de Sichuan : une baie aux pouvoirs anesthésiants
Ça pique et ça chauffe, mais sans l’effet désagréable du poivre ou du piment. Cela finit sur une note légèrement citronnée après vous avoir endormi les papilles. Qu’est-ce donc ? C’est l’effet sanshool, du nom de deux petites molécules : l’alpha sanshool et l’alpha hydroxy sanshool, présentes en quantité dans une épice venue tout droit d’Asie : le poivre de Sichuan. En se fixant sur des récepteurs situés dans notre bouche, ces molécules envoient un signal à des neurones dits "somato-sensoriels" qui, en retour, provoquent sur nos papilles, un subtil effet anesthésiant. A la différence du piment qui, lui, stimule des neurones responsables de la douleur après avoir déclenché une sensation de chaleur. L’intérêt du poivre du Sichuan est donc là : puissance et pétillant, mais tout en douceur.
Une baie, pas un poivre
Pourtant, son nom prête à confusion. Et pour cause : il ne s’agit pas d’un poivre, au sens botanique du terme, mais de baies appartenant à la famille des Rutacées. La même famille que les agrumes, ce qui explique la sensation citronnée ressentie en fin de bouche. Récoltées sur un arbuste appelé Clavalier, les baies sont séchées au soleil jusqu’à ce qu’elles s’ouvrent et seule la coque est utilisée pour constituer le fameux condiment. Originaire de la province du Sichuan, au centre-Ouest de la Chine, cette épice est très utilisée en cuisine sichuanaise, tibétaine, bhoutanaise et japonaise. Au Japon, elle est connue sous le nom de fagara ou sansho.
Marco Polo l'a rapporté en Europe
Bien qu’il compte parmi les plus anciennes épices chinoises, le poivre de Sichuan n’a été découvert par les européens qu’au XIIIème siècle, lorsque Marco Polo l’a rapporté à Venise. Il est alors devenu très prisé de la noblesse italienne avant d’être oublié, puis de réapparaître sur les tables d’Occident début XIXème. Ce condiment entre également dans la composition du mélange "Cinq épices", mieux connu des gastronomes français. Vous le trouverez donc essentiellement dans les restaurants asiatiques, si vous dégustez, par exemple, un sublime canard aux 5 épices ou une fondue sichuanaise. En France, certains chefs le mettent à l‘honneur dans leurs plats, tel Thierry Marx avec ses gambas à l’aigre-doux au poivre de Sichuan concoctées pour célébrer le Nouvel an Chinois en 2015. D’autres proposent de le glisser dans des desserts, comme Pierre Hermé, avec ses truffes au chocolat et au poivre du Sichuan.
Maintenant que vous savez tout du poivre de Sichuan, saurez-vous savourer ses sensations sanshool ?
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