L'affaire des œufs contaminés au fipronil en quatre actes
Un rapport présenté mercredi 9 août par le ministre belge de la Santé révèle que les autorités néerlandaises étaient informées d'une contamination au fipronil depuis novembre 2016.
Ils dont désormais huit. Après les Pays-Bas, l'Allemagne, la Belgique, la France, la Suisse, la Suède et le Royaume-Uni, le Luxembourg a rejoint jeudi 10 août la liste des pays européens concernés par le scandale des œufs contaminés au fipronil, un insecticide "modérément toxique" pour l'homme selon l'OMS. Pour répondre à la crise, les autorités sanitaires nationales ont imposé la destruction des millions d'œufs concernés et le blocage des ventes pour tous les fournisseurs soupçonnant une contamination. Jeudi, des perquisitions étaient en cours en Belgique et aux Pays-Bas. Mais d'où est partie cette contamination, comment s'est-elle propagée et comment les autorités en ont-elles été informées ? Franceinfo fait le point.
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Novembre 2016 : les premières traces de fipronil sont détectées aux Pays-Bas
La Belgique, qui a été le premier pays à enclencher le système d’alerte européen pour la sécurité sanitaire, a tenu à mettre au jour l’origine de la contamination. Le ministre belge de l’Agriculture a présenté, mercredi 9 août, un rapport de son Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca) : "L'Afsca, via un certain nombre de contacts, s'est vue transmettre par hasard des informations internes, […] un rapport de l'agence néerlandaise (de la sécurité alimentaire) transmis à son ministre néerlandais […] qui fait état du constat de présence de fipronil au niveau des œufs néerlandais dès la fin novembre 2016", a-t-il expliqué.
Juin 2017 : l'agence sanitaire belge est notifiée et lance une investigation
En Belgique, la première alerte est donnée à l'Afsca le 2 juin, par un exploitant qui constate lors d'un test d'auto-contrôle la présence de fipronil dans ses œufs, sur la base de prélèvements effectués deux semaines plus tôt.
De son côté, le député écologiste belge Jean-Marc Nollet affirme dans une interview au Parisien avoir reçu "le témoignage d'un éleveur de poules belge qui a été démarché dès le mois de janvier 2017 par une entreprise hollandaise qui vendait un produit antiparasitaire soi-disant miracle".
Une fois alertée, l'Afsca lance une série de tests et de contrôles, et bloque un certain nombre de lots. Elle tente de remonter à la source de la contamination, en suivant deux pistes : l'alimentation des animaux et le traitement contre le pou rouge, un parasite qui s'attaque aux poules. La Belgique établit rapidement le lien avec une entreprise basée aux Pays-Bas, et l'Afsca fait une première demande d'information à son homologue néerlandaise le 19 juin, réitérée à deux reprises au cours du mois, selon le ministre belge de la Santé.
Juillet 2017 : la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne déclenchent le système d’alerte européen
Selon le ministre belge de la Santé, l'Afsca n'obtient qu'une réponse partielle de l'agence hollandaise, et ce le 13 juillet : "Un mois sans avoir la moindre information […], ça veut dire quoi ? Ça veut dire que nous n'avons pas pu avoir accès à la liste de clients de la firme hollandaise, ça veut dire que l'agence n'a pas pu déterminer plus tôt avec précision le périmètre suspect qu'elle a pu déterminer par la suite et qui concerne 86 exploitations."
Le parquet d'Anvers ouvre une enquête distincte le 19 juillet, et le lendemain, le gouvernement belge notifie la Commission européenne via le système d'alerte mis en place en cas de risque pour la santé des consommateurs. Les Pays-Bas lui emboîtent le pas le 26 juillet, et l'Allemagne le 31.
Août 2017 : l'affaire est révélée au public, le scandale s'étend à la France
Début août, les autorités nationales commencent à communiquer auprès du public. Le 1er août, l'organisme néerlandais chargé de la sécurité alimentaire et sanitaire annonce qu'une substance toxique a été détectée dans des centaines de milliers d'œufs vendus à la consommation, et que 180 élevages de volaille ont été bloqués.
Après les Pays-Bas, le ministère allemand de l'Agriculture déclare, le 3 août, qu'au moins trois millions d'œufs contaminés en provenance des Pays-Bas ont été livrés en Allemagne et commercialisés pour la plupart. Le lendemain, la chaîne de supermarchés Aldi retire tous les œufs de ses 4 000 magasins implantés en Allemagne.
En France, le ministère de l'Agriculture a annoncé, mercredi 9 août, qu'une enquête nationale était en cours chez "l'ensemble des fabricants d'ovoproduits". Plus tôt, le ministère signalait que cinq entreprises d'ovoproduits avaient été identifiées comme ayant importé des œufs contaminés au fipronil. Dans un communiqué, la préfecture du Maine-et-Loire précise que les premières analyses effectuées par la société Igreca se "sont révélées négatives". Si les tests réalisés dans un élevage du Pas-de-Calais se sont eux avérés positifs, d'après le ministère, "aucun œuf issu de cet élevage n'a été mis sur le marché".
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