Mieux dépister la prédisposition génétique aux cancers du sein et des ovaires
Trop de femmes passent "entre les mailles du filet", selon Pascal Pujol, président scientifique de l'association BRCA France ."Le dispositif actuel de dépistage mis en place en France a permis d'identifier 20.000 personnes porteuses [des mutations génétiques BRCA1 ou BRCA2]", mais 100.000 autres personnes "sont concernées par cette prédisposition et l'ignorent encore. Lorsqu'elles le découvrent, il est souvent trop tard", a-t-il expliqué dans un communiqué.
Aujourd'hui, ce dépistage assez coûteux – environ 2.000 euros – est proposé de façon très restrictive, aux femmes ayant de lourds antécédents familiaux ou s'étant vu diagnostiquer un cancer du sein ou des ovaires à un âge précoce, ainsi qu'aux hommes atteints de cancer du sein (moins de 1% des cas).
Sauver la vie d'une porteuse sur cinq
"Identifier une femme porteuse uniquement après qu'elle a développé un cancer constitue un échec en matière de prévention", alors que connaître la présence d'une mutation permet de sauver la vie d'une personne porteuse sur cinq "par la simple mise en place du dépistage et de la prévention", affirme le Pr Pujol, onco-généticien au CHU Arnaud de Villeneuve, à Montpellier, à l'occasion du premier symposium sur le sujet organisé par BRCA France.
"Nous souhaitons interpeller les pouvoirs publics pour les inciter à mettre en place des campagnes d'information et de dépistage sur la base du volontariat", explique Noëlle Bastide, fondatrice et présidente de l'association.
Le test est certes "relativement coûteux", mais "si l'on rapporte cela au coût de prise en charge des cancers, le bénéfice en termes de prévention est sans nul doute extrêmement positif", argumente-t-elle.
Un sur-risque très élevé
L'association souligne aussi que cette mutation touche les hommes autant que les femmes, et qu'un père porteur peut donc la transmettre à ses filles.
Ces gènes prédisposent les femmes porteuses à des risques extrêmement élevés de développer un cancer du sein (65% pour BRCA1, 45% pour BRCA2) et des ovaires (45% pour BRCA1, 11% pour BRCA2), selon des estimations publiées sur le site de l'Institut national du cancer (INCa).
L'actrice américaine Angelina Jolie, porteuse de la mutation BRCA1, avait médiatisé son ablation préventive des seins en 2013 puis des ovaires en 2015 par crainte de développer un cancer.
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