: Vidéo Réforme de l'assurance-emprunteur : "C'est le fruit d'un long combat", se réjouit une association de malades du cancer
Selon la directrice générale de l’association RoseUp, qui se bat depuis plus de dix ans pour l’accès à l’emprunt et le droit à l’oubli pour les personnes touchées par le cancer, il faudra envisager d'aller plus loin "dans les mois ou années à venir" pour permettre à tous d'avoir accès à des prêts bancaires.
La réforme de l'assurance-emprunteur entre en vigueur mercredi 1er juin pour les nouveaux contrats et à partir du 1er septembre pour les contrats déjà en cours. Elle supprime le questionnaire médical pour les prêts immobiliers de moins de 200 000 euros par personne et dont le terme intervient avant le 60e anniversaire de l'emprunteur. Le délai du droit à l'oubli pour les cancers et l'hépatite C passe également de 10 à 5 ans. "C'est vraiment le fruit d'un long combat", s'est réjouie sur franceinfo Isabelle Huet, directrice générale de l’association RoseUp, qui se bat depuis plus de dix ans pour l’accès à l’emprunt et le droit à l’oubli pour les personnes touchées par le cancer.
franceinfo : La réforme entre en vigueur ce mercredi, c'est un soulagement pour vous ?
Isabelle Huet : C'est vraiment le fruit d'un long combat. La situation était vraiment très compliquée pour toutes les personnes qui ont eu un cancer ou d'autres formes de pathologies, pour accéder à l'emprunt. D'autant qu'on observe depuis plusieurs années un renversement, une dérive du marché. Normalement, le principe de l'assurance c'est que les plus jeunes et bien portants acceptent de payer un peu plus cher pour les plus âgés et les personnes ayant un problème de santé. Sauf qu'en réalité, les personnes qui ont eu des difficultés de santé payaient beaucoup plus cher, avec des surprimes, des exclusions de garanties, voire des refus de prêt.
Concrètement, qu'est-ce qui va changer ?
Il y a deux dispositifs. D'abord, la suppression du questionnaire médical qui entre en vigueur aujourd'hui et qui s'adresse à n'importe qui, vous comme moi, si vous voulez souscrire à un prêt immobilier de moins de 200 000 euros par tête, pour des prêts qui arrivent à échéance à votre 60e anniversaire. Dans ces conditions, il n'y a plus de questionnaire médical. Ça concerne vraiment tout le monde. C'est une évolution énorme. À côté de cela, il y a le droit à l'oubli qui concerne les personnes qui ont eu un cancer et qui en sont guéries ainsi que les personnes qui ont eu une hépatite C. C'est au bout de cinq ans après la fin des traitements et ça concerne aussi bien les prêts immobiliers que les prêts professionnels, quel que soit le montant ou l'âge de remboursement.
Est-ce que ça a été dur de convaincre les banques et les assurances et n'y a-t-il pas un risque de voir leurs tarifs augmenter ?
On ne les a pas convaincues. Ceux qu'on a convaincus, ce sont le gouvernement et les parlementaires, et on a eu beaucoup de chance d'avoir une très belle écoute sur tous les bancs de l'Assemblée et surtout au Sénat. Alors, il y a certes un petit risque de voir les tarifs des assurances augmenter un peu mais ils ont tellement baissé au cours de ces dernières années avec un marché très concurrentiel que s'il y a augmentation, ça ne sera pas énorme. Il faut savoir que les marges, aujourd'hui, sont énormes. Les assureurs et les banques vont pouvoir rogner sur celles-ci pour pouvoir permettre un accès beaucoup plus large à l'assurance-emprunteur pour le plus grand nombre.
Est-ce que cette loi, en l'état, est suffisante ?
Ce plafond de 200 000 euros par personne couvre 60% des prêts aujourd'hui, c'est beaucoup, mais c'est vrai que dans des zones de tensions sur le foncier, comme en Ile-de-France, ce n'est pas suffisant. Dans les mois ou années à venir, il faudra envisager de repousser un peu ces limites. Sur l'âge également. Ça marche pour les prêts qui arrivent à échéance aux 60 ans de l'emprunteur, ce qui limite l'accès aux jeunes. Mais il n'y a pas que des personnes très jeunes qui veulent se projeter dans l'avenir et acheter un logement.
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