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"Moi(s) sans tabac" : la nouvelle campagne nationale d’aide au sevrage laisse sceptiques les professionnels de santé

Dire stop à la cigarette pendant un mois au minimum. Pour préparer les fumeurs à ce défi lancé par le ministère de la Santé, un kit d’aide à l’arrêt du tabac est distribué gratuitement à partir de lundi 10 octobre en pharmacie. Mais il ne convainc pas tous les professionnels de santé.

Article rédigé par Jules de Kiss, Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le ministère de la Santé met a disposition des fumeurs un kit gratuit pour les aider a arrêter de fumer. Ce kit est disponible en pharmacie depuis lundi 10 octobre. (LODI FRANCK/SIPA)

Le ministère de la Santé lance l'opération "Moi(s) sans tabac". L’objectif est d’inciter les fumeurs à arrêter de fumer pendant au moins 30 jours à partir du 1er novembre. Pour accompagner les personnes souhaitant participer, un "kit d'aide à l'arrêt" est mis à leur disposition gratuitement dans les pharmacies à partir du 10 octobre.

Dans cette enveloppe remplie de quelques fascicules, on trouve notamment des conseils diététiques pour contrecarrer les effets du sevrage, des techniques aussi pour lutter contre le stress ou encore un calendrier pour suivre son sevrage jour après jour avec des messages pour s'encourager soi-même.

Pas assez de conseils de santé

Le docteur Marion Adler, tabacologue à l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart, regrette cependant l'absence de conseils de santé aux fumeurs candidats à l'arrêt. "Ils ne savent pas par exemple que la femme enceinte peut bénéficier des substituts nicotiniques, qu’on peut fumer avec des patchs, ou encore que c’est beaucoup plus efficace d’associer les formes orales aux patchs. Ce sont des informations comme ça qu’il fallait donner", estime le médecin.

Benoit Briot, pharmacien à Paris, a reçu cinq de ces kits et des affiches à coller sur sa vitrine. "La vertu de ce kit, c’est qu’il y a une communication faite autour de lui et qu’il y a des personnes qui viennent nous le demander, donc ça engage le dialogue", reconnaît le pharmacien tout en estimant que l’impact de telles campagnes reste limité. "Je pense très sincèrement qu’elles n’ont jamais été très efficaces. Et que celle-là ne le sera pas non plus", explique-t-il.

Les Anglais sont allés plus loin dans la démarche

Cette campagne de communication et d'accompagnement à l'arrêt du tabac inédite en France est inspirée d'une initiative britannique lancée en 2012. Baptisée "Stoptober", cette opération préconisant l'arrêt du tabac durant le mois d'octobre a porté ses fruits puisque depuis son lancement le nombre de fumeurs a diminué outre-Manche où l’on ne compte aujourd’hui plus que 18% de fumeurs parmi les plus de 15 ans.

L’opération "Moi(s) sans tabac" aura-t-elle le même succès en France, où l’on compte 32% de fumeurs chez les plus de 15 ans et où 73 000 décès sont attribués chaque année au tabac ? Pas certain toujours selon le docteur Marion Adler. Car passé le temps des bonnes résolutions et des encouragements, un accompagnement médical au sevrage est souvent nécessaire. Or en France le traitement coûte 40 euros par mois minimum avec des patchs, quand la sécurité sociale ne rembourse qu'un forfait de 50 euros par an, 150 euros dans certains cas.

"C’est bien de prendre exemple sur les Anglais mais il faut suivre jusqu’au bout et voir ce qui a permis en effet que quasiment un tiers des gens qui se sont inscrits ont pu arrêter de fumer. C’est aussi parce que les traitements et les consultations sont remboursés complètement", souligne la tabacologue. Dans sa lutte contre le tabagisme, l’Angleterre a en outre drastiquement augmenté le prix du paquet de cigarette qui coûte aujourd’hui là-bas autour de 10 euros.

Le kit pour arrêter de fumer est-il vraiment efficace ? Des professionnels de santé en doutent. Reportage de Jules de Kiss

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