Cet article date de plus de sept ans.

Violences domestiques sur les enfants : "On assiste à une vraie libération de la parole"

Un sondage commandé par L'Enfant Bleu révèle qu'un Français sur quatre aurait été victime de maltraitance pendant l'enfance. Un chiffre en augmentation que Michel Martzloff, secrétaire général de l’association, explique par la fin de certains tabous.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un sondage commandé par L'Enfant Bleu révèle qu'un Français sur quatre aurait été victime de violences pendant l'enfance. (PIERRE HECKLER / MAXPPP)

Un Français sur quatre déclare avoir été victime de maltraitances physiques ou psychologiques durant son enfance, révèle, jeudi 16 novembre, un sondage Harris Interactive commandé par l'association L'Enfant Bleu, qui défend les enfants victimes de maltraitance. Un chiffre en hausse que Michel Martzloff, secrétaire général de l’association L’Enfant Bleu, explique par une libération de la parole et la fin de certains tabous.

franceinfo : Comment expliquer cette hausse des Français qui disent avoir été victimes de maltraitances dans leur enfance ? 


Michel Martzloff : On a établi un baromètre qu'on va mettre à jour tous les deux ans. On est passés de 14 à 22% [de personnes victimes de maltraitances pendant leur enfance], ce qui dépasse le seuil de la marge d'erreur. Ce qui est important de dire, c'est que dans ces 22%, 16% des maltraitances sont de nature sexuelle et c'est principalement des jeunes filles qui en ont été victimes. Pourquoi cet accroissement ? Ce sondage a été fait fin octobre. On assiste à une vraie libération de la parole. Les gens osent aborder maintenant des sujets qui étaient considérés comme tabous auparavant.

Il y a encore des freins à la parole, 80% des victimes disent ne pas avoir parlé. Comment l'expliquer ?

Ils ne parlent pas pour une raison très simple : parce que les maltraitances ont lieu à l'intérieur des familles. Quand vous êtes un petit de 8, 9, 10 ans maltraité sexuellement par vos parents ou l'un de vos parents, qu'est-ce que vous avez comme recours ? Il faut pouvoir apprendre à ces enfants à trouver une personne recours à l'extérieur de la famille. Il faut aborder le sujet à l'école. C'est ce que nous faisons dans nos actions de prévention. Il faut que les parents en parlent avec leurs enfants quand ils ne sont pas eux-mêmes maltraitants, parce qu'il y aussi la maltraitance extrafamiliale. Malheureusement, les 80% d'enfants qui sont dans l'ombre sont très difficiles à repérer. La seule façon de les aider est de parler pour eux. Les voisins ont du mal à franchir cette barrière. Moi je dis : tolérance zéro. Les enfants maltraités, deviennent nos enfants. On en devient responsables.

Quel est le profil des enfants qui vous appellent ?

Cela fait 15 ans que je suis à l'association [l'Enfant Bleu]. Depuis environ deux ans, nous recevons des appels d'enfants, plutôt des adolescents, qui nous appellent pour nous signaler les situations dans lesquelles ils n'ont aucun moyen de sortir par eux-mêmes. Evidemment, nous les prenons en charge et nous faisons tout ce qu'il faut pour les aider. Progressivement, la parole se libère. On reçoit de plus en plus d'appels d'adultes qui disent qu'ils ont été maltraités dans leur enfance. Ils n'ont jamais parlé et voudraient trouver un lieu d'écoute. Ils le trouvent dans notre association sous forme d'assistance juridique ou de suivi psychologique.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.