Gels douche, tampons, maquillage… Comment "désintoxiquer" votre salle de bains ?
Deux études d'associations de consommateurs alertent sur la toxicité de produits d'hygiène utilisés couramment. Francetv info vous livre un guide de survie.
Dentifrices, déodorants, crèmes pour le visage, après-rasages, soins pour les cheveux : si votre hygiène est correcte, tremblez ! Lundi 22 février, l'UFC-Que Choisir a publié une liste de 185 produits cosmétiques courants contenant des substances "préoccupantes". Le verdict, édifiant, confirme la présence d'allergènes, de composés toxiques, ou encore de perturbateurs endocriniens dans ces produits qui peuplent nos salles de bains.
Le lendemain, c'est au tour d'une autre association, 60 millions de consommateurs, de mettre les consommateurs en garde, cette fois contre la potentielle toxicité des tampons hygiéniques. Les produits pour le corps sont-ils en train de se retourner contre nous ? Quoi qu'il en soit, ce n'est pas une raison pour se laisser aller : francetv info liste quelques-unes des techniques à mettre en œuvre pour éviter l'intoxication.
Méfiez-vous des mots doux
Ne vous laissez pas tromper par le marketing. Dans son rapport, l'UFC-Que Choisir met en garde les consommateurs contre les mentions "faussement rassurantes" affichées sur les emballages. Dans le collimateur de l'association : la mention – parfois trompeuse – "hypoallergénique". Ce terme, qui signifie pourtant "provoque peu d'allergies", apparaît sur des produits contenant une substance chimique allergène, le MIT (pour méthylisothiazolinone). Il s'agit d'un conservateur dont l'interdiction dans les produits sans rinçage (comme les lingettes pour bébés) a été demandée jeudi par la ministre de l'Environnement, Ségolène Royal, à l'Union européenne.
La MIT a provoqué tant d'allergies qu'elle a poussé les dermatologues a alerter les pouvoirs publics, dès 2013, année où la Société française de dermatologie (SFD) lui a attribué le titre peu reluisant d'"allergène de l'année", évoquant une "épidémie" d'allergies, notamment chez les enfants. L'UFC l'a identifiée dans les produits "hypoallergéniques" suivants : le lait de toilette "Mots d'enfants" de Leclerc, la "Crème pour le change" de Corine de Farme ou encore dans le nettoyant féminin "Physélia Intimate".
De la même façon, les termes "extra doux", "confort" ou "végétal" ne sont que des arguments marketing. Tout comme un produit garanti "sans paraben", "sans colorant" ou "sans aluminium" n'est pas obligatoirement un produit "sans risque". En bref, seules comptent les substances qui figurent sur la liste des ingrédients.
Apprenez à reconnaître les "12 salopards"
La liste des ingrédients qui composent un produit cosmétique apparaît sur l'emballage selon la nomenclature INCI, pour International Nomenclature of Cosmetic Ingredients. Comme son nom l'indique, elle est internationale, et ne varie pas d'un pays de l'Union européenne à l'autre. "Vous remarquez que certaines substances sont mentionnées en anglais, alors que d’autres sont mentionnées en latin", relève le site consoglobe.com. Bon à savoir : "Les noms en anglais désignent les substances chimiques, et les noms en latin désignent les produits naturels, comme les extraits de plante", poursuit le site.
Reste à identifier les produits "préoccupants". Il existe 12 substances à éviter, dont l'UFC-Que Choisir fait la liste. Les Anglo-Saxons les appellent les "Dirty Dozen", soit les "douze salopards". A apprendre par cœur si vous êtes très fort (répétez après moi : "methylchloroisothiazolinone"), ou à garder dans votre portefeuille, en particulier si vous achetez des produits pour jeunes enfants ou si vous êtes une femme enceinte.
N'hésitez pas à y ajouter les 26 allergènes présents dans les parfums et conservateurs !
Faites le tri dans vos placards
A la maison, vous pouvez commencer par identifier les éventuels mauvais produits qui constituent votre routine. Pour cela, vous pouvez éplucher les emballages, ou plus simple, scanner les codes-barres avec une application spécialisée dans les cosmétiques propres. Il en existe plusieurs (comme Skin Deep, Think Dirty ou le français Notéo).
La canadienne Think Dirty, par exemple, évalue l'éventuelle toxicité d'un produit en fonction de sa liste d'ingrédients. Elle fustige notamment la composante "parfum", jugée trop vague, et dont nous venons de voir qu'elle peut contenir des allergènes.
Trouvez des remplaçants, selon de nouveaux critères
Madame chérit ce shampooing qui chasse les pellicules ? Monsieur ne jure que par son gel douche qui réveille le James Bond qui sommeille en lui ? Que faire si les deux se révèlent potentiellement nocifs ? Eh bien, on change, et surtout, on ne se laisse plus impressionner par les marques : parmi les 26 produits contenant des "parabènes à longue chaîne", qui perturberaient le fonctionnement des hormones, "on trouve trois produits de la marque Roc, deux produits de chez L'Oréal, deux produits Carrefour, deux de Leclerc, ainsi que dix-sept autres marques courantes", écrit l'UFC-Que Choisir, dans son rapport. Les marques de référence ne sont pas plus vigilantes lorsqu'il s'agit des plus jeunes, poursuit l'UFC. L'association révèle ainsi que des lingettes pour bébé des marques Bébé Cadum, Mixa, Nivea, Pampers, (...) contiennent un conservateur, le phénoxyéthanol, déconseillé par l'agence du médicament ANSM en 2012.
Pour ne pas faire de bêtise, faites simple : "Privilégiez les produits sous forme de savonnette plutôt que de gel douche : moins il y a d'ingrédients, mieux ça vaut", a expliqué à Metronews Philippe Perrin, directeur de l'Institut de formation en santé environnementale.
Faites davantage confiance au bio
"Le cahier des charges des produits biologiques est beaucoup plus restrictif par rapport à ce qui est autorisé au niveau européen, a assuré mardi Olivier Andrault, chargé de mission de l'association Que Choisir, sur le plateau de BFM TV. Par exemple, il n'autorise pas le BHA et le BHT, qui sont des conservateurs. Il n'autorise pas les parabens à longues chaînes, qui sont également autorisés dans certains produits. Donc c'est un début de garantie."
Pour les repérer, Metronews suggère de se tourner vers des labels qui garantissent l'absence de ces produits "préoccupants", et cite les labels Eco et Bio de Cosmebio ou le label Cosmétique biologique Ecocert. Certains de leurs produits sont disponibles en supermarchés ou en parapharmacies (et pas forcément pour plus cher qu'une marque classique).
Attention, cela dit : "Les labels bio garantissent l'origine de certains produits, mais pas l'innocuité du produit. Or, ils contiennent des plantes et huiles essentielles au potentiel allergisant", préviennent les allergologues Isabelle Bossé et Patrick Hordé dans Le Livre noir des allergies, écrit avec le journaliste Guy Hugnet. L'enquête de 60 millions de consommateurs révèle par ailleurs la présence "étonnante" (et potentiellement "accidentelle") d'un herbicide dans une marque de protections hygiéniques en coton bio.
Enfin, puisque l'on est jamais si bien servi que par soi-même, les plus déterminés pourront tenter de fabriquer eux-mêmes leur cosmétique grâce aux millions de tutoriels disponibles en ligne. Quitte à tenter le "slow poo" (ou sa variante radicale, le "no poo", soit l'abandon total du shampooing).
Quoi qu'il arrive, privilégiez l'écologie
L'étude de 60 millions de consommateurs publiée mardi fait la liste des résidus toxiques retrouvés dans trois marques de tampons. Or, avant l'argument "santé", l'argument écologique a déjà converti de nombreuses femmes à la coupe menstruelle, présentée comme une alternative propre. Souvent, écolo (peu gourmand en emballage, anti-gaspillage) rime avec sain. Dans l'absolu, préférez donc la savonnette au gel douche, abandonnez les lingettes (mesdames, arrêtez tout, on peut se démaquiller avec de l'huile d'olive), voire, si possible, les tampons.
Restez vigilants, tout le temps
Enfin, sachez qu'un produit nocif peut en cacher un autre. En octobre 2015, une étude réalisée par des chercheurs de l'université de Duke (États-Unis), publiée dans Environment International, a estimé que le triphenyl phosphate (TPHP) utilisé dans les vernis à ongles, était un perturbateur endocrinien capable de pénétrer dans l'organisme des consommatrices. Or, cette substance avait été adoptée en remplacement d'un autre perturbateur hormonal, les phtalates, expliquait Science et Avenir. Dans les rayons, il convient donc de rester sur ses gardes.
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