Martin Winckler : "La formation médicale en France n'est pas du tout centrée sur l'écoute du patient"
"Un médecin devrait être quelqu'un qui soigne" a déclaré sur franceinfo Martin Winckler, écrivain et médecin. Il décrit dans un livre une médecine violente qui oublie de parler aux patients et il critique la formation médicale française.
Martin Winckler, écrivain et médecin, décrit dans son livre Les Brutes en blanc (Flammarion) une médecine violente qui oublie de parler aux patients, de soulager la douleur. Il évoque aussi du sexisme, des gestes douloureux.
"La formation médicale en France n'est pas centrée sur l'écoute du patient et l'empathie " raconte Martin Winckler https://t.co/vB5YAFy66B
— franceinfo (@franceinfo) 6 octobre 2016
franceinfo : Les médecins se rendent-ils compte de leur comportement ?
Martin Winckler : La formation médicale en France n'est pas du tout centrée sur l'écoute du patient. Elle n'est pas centrée sur le développement de l'empathie. On perd l'empathie au fil des études, au contact des patients et de modèles qui sont des médecins qui sont très peu empathiques, extrêmement techniques. La médecine s'apprend par l'émulation, l'imitation. Si vous avez des modèles qui sont insensibles vous allez apprendre à faire une médecine insensible.
Quelle forme prend la maltraitance ?
La première manifestation de la maltraitance médicale, et c'est à cela que l'on reconnaît si le médecin est maltraitant ou bienveillant, c'est qu'un médecin maltraitant ne respecte pas le patient. Il le juge, porte des jugements sur sa vie, son aspect physique. Ce sont des formes de harcèlement moral.
Comment en est-on arrivé là en France ?
La formation médicale ne favorise pas le développement et la sélection de gens qui veulent s'occuper des gens qui souffrent. Un médecin devrait être quelqu'un qui soigne. Vous rentrez chez lui et quand vous sortez vous vous sentez au moins rassuré, informé, vous êtes soutenu si vous avez une maladie grave. Mais la formation médicale française ce n'est pas ça. On apprend à faire des diagnostics, à donner des traitements, mais on n'apprend pas à annoncer des mauvaises nouvelles aux patients et à les soutenir.
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