Il y a plus de suicides que de morts liées aux guerres dans le monde

Quelque 800 000 personnes se suicident chaque année dans le monde, soit une toutes les 40 secondes. C'est ce qui ressort d'un rapport de l'Organisation mondiale de la santé, publié jeudi 4 septembre. Il relève que ce chiffre est supérieur à celui des victimes de guerre ou de catastrophes naturelles, un phénomène jugé "inacceptable" par l'OMS.

"Il faut agir pour répondre à un grave problème de santé publique resté trop longtemps tabou", selon la directrice générale de l'OMS, Margaret Chan, qui souligne également que cet acte désespéré est "évitable". L'agence de l'ONU prône en effet une stratégie globale de prévention du suicide, car beaucoup de victimes n'avaient pas reçu l'aide dont elles avaient besoin.

La France au-dessus de la moyenne mondiale

La majorité des personnes qui se suicident ont plus de 50 ans. Mais le rapport souligne que le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les jeunes âgés de 15 à 29 ans. L'absorption de pesticides, la pendaison et les armes à feu sont les méthodes de suicide les plus répandues.

Le phénomène concerne deux fois plus d'hommes que de femmes. L'Asie du Sud-Est est également plus touchée que le reste de la planète, avec un taux de suicide de 17,7 pour 100 000 habitants, supérieur à la moyenne mondiale, qui s'établit à 11,4 pour 100 000. Dans des pays à forte tradition catholique comme l'Italie (4,7 pour 100 000 habitants) et l'Espagne (5,1), les taux sont nettement plus bas. La France, elle, se situe au-dessus de la moyenne mondiale, avec un taux de suicide de 12,3 pour 100 000 habitants. En 2012, 10 093 personnes se sont donné la mort dans l'Hexagone, 7 475 hommes et 2 618 femmes.

Eviter de surmédiatiser les suicides de célébrités

Selon l'OMS, le suicide et ses tentatives sont encore considérés comme des actes criminels dans 25 pays, notamment en Afrique et en Amérique latine. Ce rapport de près de 100 pages a pour but d'encourager les pays qui ont pris des mesures pour prévenir le suicide et à placer cette question "à l'ordre du jour". Selon l'OMS, "des interventions et un traitement efficaces et opportuns peuvent contribuer à prévenir le suicide et les tentatives de suicide".

L'OMS dénonce aussi dans ce rapport la présentation "sensationnaliste" par les médias de suicides de personnalités célèbres. Les médias, a estimé l'experte de l'OMS Alexandra Fleischmann, devraient éviter de parler de "suicide" et privilégier le terme de "perte".

La professeure Ella Arensman, présidente de l'Association internationale pour la prévention du suicide, a indiqué pour sa part avoir reçu, après la couverture médiatique du suicide de l'acteur Robin Williams, plusieurs mails de personnes qui avaient traversé des crises suicidaires et qui étaient en train de replonger.