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Infographie Le régime végétarien est-il bon pour la santé ?

Alors que les défenseurs de la cause animale célèbrent la Journée sans viande, francetv info s'est penché sur les études scientifiques décrivant les bienfaits et les inconvénients du régime végétarien.

Article rédigé par Christophe Rauzy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
A l'image de ces choux de Bruxelles à la crème, une alimentation végétarienne a des effets bénéfiques sur la santé, à condition de compenser certaines carences en vitamines et minéraux. (DIANA MILLER / CULTURA CREATIVE / AFP)

C'est une pratique alimentaire qui gagne du terrain en France, mais qui reste marginale. Selon Les Inrocks, les végétariens ne seraient encore qu'un à deux millions dans l'Hexagone, mais la consommation de viande, après une série de scandales alimentaires, a chuté de 15% entre 2003 et 2010. Une tendance soutenue par l'idée selon laquelle adopter un régime végétarien serait bon pour la santé. A l'occasion de la Journée sans viande, organisée vendredi 20 mars par des associations de défense de la cause animale, francetv info expose à travers cinq infographies, fondées sur des études scientifiques, les effets du végétarisme sur la santé.

Il réduit le risque de maladies cardiovasculaires…

Chez les partisans du régime végétarien, c'est un des arguments chocs : manger moins de viande, c'est bon pour le cœur. Une étude publiée en janvier 2013 (en anglais) par l'université d'Oxford est venue renforcer cette affirmation. En se basant sur les données sanguines transmises par 45 000 Britanniques âgés de 50 à 70 ans, elle conclut que les végétariens ont 32% de risques en moins que les non-végétariens d'être victimes d'une maladie coronarienne.

Il ressort de l'étude que les végétariens ont un taux de cholestérol non-HDL (le "mauvais" cholestérol) et un indice de masse corporelle (rapport poids-taille) plus faible. Par ailleurs, le rapport entre le taux d'apolipoprotéines B et d'apolipoprotéines A-1, qui indique un risque de maladie cardiovasculaire en cas d'augmentation, est là encore plus faible chez les végétariens. Enfin, la pression systolique et diastolique, qui détermine la tension artérielle, est meilleure chez ceux qui ne consomment pas de viande.

… et les risques de cancer colorectal

Lorsqu'un végétarien tente de convaincre un omnivore de rejoindre sa cause, il en vient souvent à évoquer la prévention du cancer. Il peut notamment parler du cancer colorectal, qui est diagnostiqué à 40 000 personnes chaque année en France et fait 17 000 morts par an. Une étude de l'université américaine de Loma Linda, publiée dans la revue JAMA Internal Medicine (en anglais), confirme qu'être végétarien a du bon : supprimer la viande de son assiette permettrait de diminuer le risque de cancer colorectal de 22%. Mais les chercheurs ont également établi des différences entre les types de végétarisme.

Ainsi, les végétaliens, qui ne consomment ni œufs, ni viande, ni lait, ni miel, ne réduisent le risque de déclarer un cancer colorectal que de 16%. Les lacto-ovo-végétariens, qui mangent des œufs et du lait, réduisent le risque de 18%. Les mieux lotis sont les pesco-végétariens, qui mangent du poisson, puisqu'ils diminuent le risque de développer cette maladie de 43%.

Il permettrait de vivre plus longtemps

Puisqu'être végétarien serait un moyen d'éviter les maladies cardiaques et certains cancers, ne pas manger de viande devrait logiquement offrir une espérance de vie plus longue. C'est ce qu'assure une autre étude (en anglais) menée par des chercheurs de l'université de Loma Linda. D'après leurs travaux, la mortalité chez les végétariens diminue de 12%. Là-encore, les résultats diffèrent en fonction du type de végétarisme pratiqué.

Au-delà des avantages du régime alimentaire, comme l'explique le Huffington Post, l'étude fait également ressortir que la plus longue espérance de vie des végétariens est liée à d'autres facteurs : les adeptes de ce régime sont souvent mariés, fument moins, consomment moins d'alcool et font plus de sport.

Mais ces travaux ont une limite. Les 73 308 hommes et femmes concernés n'ont été suivis que pendant un peu moins de six ans. Or, les auteurs de l'étude reconnaissent eux-mêmes qu'il faudrait un suivi beaucoup plus long pour déterminer avec certitude l'avantage du régime végétarien sur celui des omnivores en termes d'espérance de vie.

Mais il doit être bien équilibré pour éviter les carences

C'est le contre-argument qu'un amateur de bœuf saignant oppose habituellement au végétarien qui tente de le convaincre : se priver de viande conduirait forcément à souffrir de carences. Quelque 55% des non-végétariens estiment même que c'est dangereux pour la santé, d'après un sondage cité par le blog Quand l'appétit va de Slate. Plusieurs études médicales se sont penchées sur le sujet : les végétariens seraient en effet sujets à des carences en vitamine B12, en fer, en vitamine D et en oméga 3 (EPA et DHA).

Mais ces carences, bien connues des végétariens expérimentés, ne sont pas sans solution. Comme l'explique Léon Guéguen, directeur de recherche honoraire à l’Inra, sur le site de l'Association française pour l'information scientifique, "l’éviction de la viande seule ne pose pas de problème nutritionnel majeur si les protéines sont apportées par les produits laitiers et les œufs, voire les poissons (...). Quoi qu’il en soit, des sources végétales bien choisies d’acides gras oméga-3 (huile et graine de lin, micro-algues marines…) et d’éventuels compléments de fer et de vitamine B12 suffisent à exclure tout risque de déficience."

Et les végétariens disent être plus anxieux et allergiques

Lorsque l'étude sur les conséquences néfastes (PDF en anglais) du régime végétarien produite par des chercheurs de l’université de Graz (Autriche) a été publiée, en mars 2014, beaucoup de végétariens ont froncé les sourcils. Car on y apprend notamment que ceux qui ont banni la viande de leur alimentation déclarent souffrir, entre autres, de plus d'anxiété (9,4% des végétariens interrogés), de plus d'allergies (30,6%). Ils seraient en outre plus exposés au cancer (4,8%) que les non-végétariens.

Le résultat principal de cette étude est qu'une plus grande part de végétariens affirme être en moins bonne santé que chez les non-végétariens. Mais là encore, les auteurs de l'étude restent très prudents avec les conclusions à tirer de leurs travaux, comme l'explique Slate, car ils sont basés sur une enquête autodéclarative. On comprend alors que les végétariens semblent être plus inquiets et plus enclins à surveiller leur santé. Des recherches plus approfondies devraient être menées, concluent les scientifiques.

Aucune étude ne permet donc aujourd'hui d'affirmer que se priver de viande est une source de maux avérés, à condition de compenser les carences nutritives provoquées par une pratique alimentaire qui offre par ailleurs de nombreux avantages en matière de santé. Dans son étude, l'université de Graz ne va pas jusque-là, préférant expliquer que le régime méditerranéen, composé de beaucoup de fruits, de légumes et de poisson, mais aussi de quantités raisonnables de viande, reste le meilleur régime au monde.

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