Réforme des rythmes scolaires : des enfants moins fatigués ?
"Vous allez devoir faire une fiche explicative pour faire un volcan." 15 heures : c'est le dernier temps scolaire de la journée pour les élèves de CM2 de l’école Oscar Cléret. Leur enseignante a prévu une heure de travaux pratiques. Angélique Masson, professeur des écoles, explique : "L'après-midi, nous faisons moins de mathématiques, moins de français. Nous faisons plus d’activités comme l’art visuel, l’EPS, la musique, qui demandent un peu moins d’attention. On essaie de faire des choses qui sont plus ludiques, tout en leur faisant travailler des matières fondamentales."
Des enfants plus concentrés le matin
Les enfants seraient donc davantage concentrés en première partie de journée. La réforme impose donc à tous les établissements cinq matinées de cours consécutives, du lundi au vendredi. Désormais, il faut aussi se lever le mercredi matin.
Juliette regrette l’ancien système : "Moi, je préférais un peu avant parce que parfois, le mardi soir, j’allais chez ma mamie dormir. Maintenant, je ne peux plus le faire. C’est un peu fatiguant." Même sentiment chez Anna-Louve : "D'habitude, on peut aller se coucher un peu plus tard le mardi, ou alors se coucher à la même heure et rattraper un peu de sommeil. Mais là, on ne peut pas le faire parce qu’on a école."
Un rythme de travail plus régulier
Le chrono-psychologue François Testu a mené une étude à Arras pour mesurer l'impact des nouveaux rythmes scolaires sur les enfants. Selon lui, ils seraient moins fatigués. "L'enfant avec de tels emplois du temps ne connaît pas de perturbation dans sa propre rythmicité, c'est-à-dire qu'il vit de manière régulière tout au long de la semaine. Il se lève à la même heure, il se couche à la même heure. Il n'y a pas de processus de rupture au cours de la semaine, pas de désynchronisation. Une désynchronisation qui est source de fatigue."
Autre objectif de la réforme : libérer du temps l’après-midi pour permettre aux enfants de pratiquer de nouvelles activités, comme les arts plastiques, le sport ou la musique. A Arras, ces activités ne sont pas obligatoires. Financées par la mairie, elles ont lieu tous les jours de 16 heures à 16 heures 45, sauf le mercredi. Paul apprécie ces moments : "J'aime bien. On peut rester plus longtemps avec les amis. On s’amuse avec les encadrants des activités périscolaires. Je trouve ça chouette."
Les défenseurs de la réforme mettent en avant l’épanouissement des enfants. Pour François Testu, "les enfants qui participent aux activités complémentaires ont une estime d’eux-mêmes plus élevée. Or, qui dit estime plus élevée, dit motivation, performances et attention plus élevées".
Une application qui varie selon les communes
Cependant, le bilan positif dressé par François Testu a ses limites. Il n’a étudié que le système d’organisation des rythmes scolaires de la ville d’Arras. Et, l’application de la réforme n’a pas été aussi simple dans toutes les villes. Pour Jérôme Lambert du syndicat SNUIPP-FSU Paris, "la base de cette réforme était le retour à cinq demi-journées au sein de la semaine scolaire. Au delà de ça, il y a une grande diversité de l’application de la réforme en fonction de différents critères. D’abord, que nous soyons en zones rurales ou urbaines, en fonction des moyens financiers des communes et des locaux disponibles".
A Paris par exemple, les temps périscolaires sont programmés chaque mardi et jeudi après-midi pendant une heure et demi. Des temps qui ne seraient pas bénéfiques aux enfants. Sur 800 enseignants interrogés, plus de 97% d'entre eux affirment que les élèves sont plus fatigués qu'avant la réforme.
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