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Tampons hygiéniques : attention au choc toxique !

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Temps de lecture : 3min
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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Le nombre de chocs toxiques liés aux règles est en augmentation. Un phénomène inquiétant pour lequel les médecins n'ont pour l'instant aucune explication. Ce syndrome touche les femmes utilisant des tampons périodiques ou des coupes menstruelles pendant leurs règles. Ce sont souvent des patientes assez jeunes, sans problème de santé particulier, mais porteuses d'une souche spécifique d’une bactérie, le staphylocoque doré.

A cause d’un tampon hygiénique, Orianne, 30 ans, a passé près de trois semaines à l’hôpital. Elle a été victime d’un choc toxique. Tout a commencé par des symptômes assez banals. "C’était principalement un état grippal, des frissons, une fièvre élevée, des hallucinations nocturnes et petit à petit, comme si j’avais une sorte de gastro-entérite. Une gastro-entérite assez forte et un état complètement léthargique", se souvient-elle.

Un traitement en urgence aux antibiotiques

Aux Urgences, son état se dégrade. Son pronostic vital est même engagé, mais les médecins peinent à poser un diagnostic. "On me fait tous les tests possibles et imaginables : ponction lombaire… Et, également, un prélèvement vaginal, parce que ma sœur a dit au personnel médical que j’avais eu mes règles la semaine d'avant. Le prélèvement vaginal s’avérera positif." Orianne est positive au staphylocoque doré. Elle est donc traitée par des antibiotiques et ne garde pas de séquelles. Mais à cause des risques de récidives, elle ne met plus de tampon.

Le staphylocoque doré est présent naturellement dans notre organisme. Mais il peut devenir dangereux dans certains cas. "De temps en temps, ce staphylocoque doré va se multiplier. Et quand il se multiplie, à ce moment-là, il devient pathogène", explique le Pr Gérard Lina, biologiste au Centre national de référence des staphylocoques à Bron, près de Lyon. 

Un risque d'amputation, voire de décès, dans les cas les plus graves

C’est ce qui va se passer chez certaines femmes porteuses d'une souche particulière de la bactérie. Avec un tampon, le sang est bloqué dans le vagin, créant un milieu de culture favorable au staphylocoque doré. En se développant, il produit une toxine, qui passe dans le sang. Les organes vitaux se mettent alors en mode survie.

"Plus ça va avancer, plus l'organisme va essayer de défendre ses organes vitaux en diminuant et en arrêtant de perfuser les membres, c’est-à-dire les mains, les pieds. Et c'est dans ces cas-là, qu'on voit des nécroses périphériques des jambes, comme pour ce mannequin américain, et il y a eu aussi des cas où c’étaient les mains ou les extrémités des mains", ajoute le Pr Lina.

Dans les cas les plus graves, le choc toxique peut même entraîner la mort de la patiente. Pour l'éviter,  une règle absolue : il ne faut surtout pas porter un tampon ou une coupe plus de 6 heures.

Une collecte de tampons usagés pour la recherche

Pour mieux comprendre cette maladie, le Pr Lina a lancé une grande collecte de tampons usagés. Il va mener deux études en parallèle. Dans un premier temps l'objectif est d'étudier s'il y a un "effet-tampon", c’est-à-dire si certains tampons, par leur composition notamment, favorisent le choc toxique. Dans un deuxième temps, son équipe va essayer de mieux comprendre le mécanisme du choc toxique chez les femmes. Les premiers résultats de ces recherches sont attendus d'ici juin 2017. 

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