Un tribunal italien juge le portable responsable d'une tumeur bénigne… en dépit de preuves scientifiques
Le jugement prononcé par le tribunal d'Ivrea (Nord) le 11 avril 2017, et rendu public jeudi 20 avril, a admis un lien entre l'apparition d'un neurinome chez un homme de 57 ans dont le travail dans une grande entreprise l'a obligé à utiliser son portable entre trois et quatre heures par jour, pendant quinze ans.
Ce "jugement reconnaît le lien de causalité entre un usage inapproprié du téléphone portable et une tumeur au cerveau", ont indiqué les avocats du plaignant, Stefano Bertone et Renato Ambrosio. Le jugement est toutefois susceptible d'appel. "Désormais, nous pensons qu'il est nécessaire de réfléchir sur ce problème et prendre des mesures adaptées", ont-ils ajouté.
Leur client avait commencé à ressentir les symptômes de sa maladie en 2010 sous la forme d'une sensation permanente d'oreille bouchée avant que ne soit diagnostiqué un neurinome auriculaire (tumeur dans l'oreille)."Par chance, il ne s'agit que d'une tumeur bénigne, mais néanmoins invalidante. J'ai dû subir l'ablation du nerf acoustique et je suis sourd du côté droit", a indiqué le patient.
Pas d'augmentation des tumeurs depuis l'apparition des téléphones mobiles…
L'expert nommé par le juge a évalué son préjudice corporel à 23% et condamné l’Institut national d'assurance contre les accidents du travail (INAIL) à lui verser une indemnité à vie de 500 euros par mois.
Mais cette décision de justic ne se base sur aucun constat scientifique solide. Les études menées à ce jour dans le monde n'ont à ce jour pas permis aux chercheurs de parvenir à des conclusions solides sur un lien de causalité entre tumeurs et usage du téléphone portable. Le taux de tumeurs cérébrales n'a pas significativement varié dans le monde depuis la généralisation massif de ce mode de communication.
Réunis à Lyon en 2011 à l'initiative de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), une trentaine d'experts internationaux avaient estimé que l'usage du portable pouvait être cancérogène pour l'homme et réclamé que de nouvelles études soient menées sur l'utilisation intensive et sur le long terme des téléphones portables. En attendant, ils avaient plaidé pour l'utilisation de "kits mains libres" et la pratique des SMS.
avec AFP
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