Cet article date de plus de sept ans.

Crise des vocations en gériatrie

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
France Télévisions
Les internes en médecine désertent les services de gériatrie pour des spécialités qu'ils considèrent comme plus prestigieuses.

La gériatrie n'a pas la cote chez les futurs médecins. Les étudiants ont quasiment tous fait leur choix d’internat et quarante postes sont toujours vacants sur les deux cent ouverts cette année. Une situation qui provoque l’inquiétude des médecins car, avec le vieillissement de la population, les besoins sont immenses. Les explications du Dr Christophe Trivalle, gériatre à l’hôpital Paul Brousse (Villejuif).

  • Quelles sont les conséquences de ce manque d'internes dans les services ? Allez-vous devoir fermer des lits ?

Dr C. Trivalle : "On pense effectivement qu'on va manquer d’internes dans certains services de gériatrie. Des fermetures de lits sont envisageables. À Paul Brousse, nous avons déjà fermé des lits parce qu'il y a déjà eu des diminutions d’internes depuis un an et demi."

  • Pourquoi la gériatrie n'attire-t-elle pas les futurs médecins ?

Dr C. Trivalle : "Le choix est en cours. Les quarante postes restants, ce sont des perspectives. Les étudiants ne se précipitent pas. Environ 30% des postes ont été choisis alors qu’on est à deux tiers du choix des postes d’internes. La gériatrie est une nouvelle spécialité. Avant, les gens choisissaient de faire gériatrie après avoir fait un certain parcours d’internat et après avoir découvert la gériatrie au cours de leur parcours. Aujourd'hui, dès la fin de la sixième année de médecine, ils doivent dire "je veux faire gériatrie" alors qu'ils n’ont jamais vu ce que c’était."

  • La vieillesse fait-elle peur ?

Dr C. Trivalle : "C’est la vieillesse, le grand âge qui fait peur. Les gens ne sont pas habitués. En gériatrie, on est excessivement confronté à son vieillissement, à la mort, à des situations familiales difficiles donc c'est une médecine qui fait peur."

  • Craignez-vous que certains étudiants fassent ce choix par défaut, faute de place dans des spécialités plus prestigieuses ?

Dr C. Trivalle : "C'est probablement un risque. Ce n’est pas forcément un choix d’adhésion parce que là, on a dépassé la moitié des choix et on voit qu’il y a beaucoup de postes vacants. Donc, ça veut dire que c’est plutôt dans les derniers que les gens vont finir par choisir gériatrie parce qu’ils n’auront pas envie de faire autre chose. Dans les postes qui restent vacants, qui sont choisis à la fin, il y a la médecine générale, la médecine du travail…"

  • Aujourd’hui, dans beaucoup de pathologies du cerveau comme Alzheimer, il n’y a pas de traitements. Est-ce que cela ne rebute pas les internes ?

Dr C. Trivalle : "Alzheimer est justement une des maladies qui est la plus prise en charge par les gériatres. Les neurologues s’occupent des malades jeunes, les psychiatres ne s’occupent pas du tout des patients atteints d’Alzheimer. La gériatrie est une sorte de super médecine interne, c’est-à-dire qu’il faut bien connaître le cœur, il y a la cardiogériatrie, il y a l’orthopédie gériatrique… Ceux qui veulent faire de la maladie infectieuse peuvent faire de la maladie infectieuse du sujet âgé. C’est extrêmement riche et il existe des particularités extrêmement importantes." 

  • Cette année, 200 postes d’internes ont été ouverts en gériatrie. Est-ce suffisant pour faire face au vieillissement de la population ?

Dr C. Trivalle : "La population vieillit. On aura besoin de plus en plus de gériatres même si en ville, évidemment, ce sont les médecins généralistes qui s’occupent des personnes âgées à domicile qui sont malades. Mais les gériatres avaient demandé 450 à 500 postes. Seulement 200 ont été ouverts et on ne sait même pas si les 200 seront couverts."

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.