Grippe saisonnière : comment évalue-t-on l'efficacité du vaccin ?
De nombreuses souches de grippe sont en circulation, et les virus mutent au fil de leurs divisions. Pour cette raison, un vaccin qui aurait été parfaitement adapté contre la grippe de l'année écoulée ne protégerait pas de la même façon l'année suivante. Il faut aussi signaler que la composition du vaccin contre la grippe saisonnière est décidée avec près d'un an d'avance. Des experts pronostiquent la prédominance future de plusieurs souches virales, afin de permettre aux laboratoires d’organiser la production. Pour ces raisons, certains millésimes de vaccins protègent moins bien que d’autres. Le cru 2014 a ainsi protégé beaucoup moins de personnes que ses prédécesseurs.
Lorsque l’on parle de l'efficacité d’un vaccin, il est important de préciser de quoi il est question. Il pourrait être tentant de comparer la proportion de non-malades, à la fin de la saison, chez les vaccinés et les non-vaccinés. Si cette approche est pertinente avant la mise sur le marché de vaccins contre une maladie non saisonnière (par exemple, en comparant le taux d'infection dans deux populations de taille restreinte, l'une recevant le vaccin, l'autre un placebo), elle l'est beaucoup moins dans le cas de la grippe saisonnière.
En effet, dans ce cas, cette approche est biaisée à plus d'un titre. Premièrement, les non-vaccinés bénéficient d’une protection indirecte importante dès lors qu'ils côtoient des personnes vaccinées, puisque celles-ci sont de mauvais "relais" de la maladie (c'est le principe de la couverture vaccinale). Deuxièmement, les campagnes de vaccination priorisent les personnes les plus exposées et les plus fragiles (malades personnes âgées, jeunes enfants, femmes enceintes, personnes déjà fragilisées par d’autres maladies), ce qui impose de réaliser des comparaisons entre sous-groupes de populations. Il est en outre très difficile d'évaluer dans quelle mesure une vaccination antérieure module l'efficacité des nouvelles injections…
Il n'existe pas de méthode standardisée à l'international pour évaluer l'efficacité du vaccin contre la grippe saisonnière.
Une évaluation rigoureuse de l'efficacité d'un vaccin imposerait enfin de confirmer en laboratoire que les symptômes déclarés sont bien dus au virus de la grippe, et non à d'autres virus ou bactéries en circulation… Comme le souligne le site des centres étasuniens pour la prévention des maladies (CDC), "lorsque l’on utilise des données non confirmées en laboratoire (par exemple, le recensement des hospitalisations pour pneumonie ou « syndrome grippal », qui incluent de nombreuses maladies qui ne sont pas la grippe à proprement parler), les estimations de l'efficacité du vaccin sont plus faibles".
Se référant à des données publiées en 2000, les auteurs note qu'en 1997 et 1998, les tests reposant sur des données confirmées en laboratoire aboutissaient à une efficacité moyenne des vaccins[1] de 86%… contre une estimation de seulement 10% lorsque tous les syndromes étaient mis dans le même sac. Or - faut-il le rappeler ? - se faire vacciner pour une maladie ne protège que de cette maladie…
[1] Pour les seules personnes vaccinées, c’est-à-dire sans prendre en compte les bénéfices de la couverture vaccinale.
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