A Drancy, des lycéens deviennent les passeurs de mémoire de la Shoah
À l'occasion de la journée de la mémoire des génocides et de la préventions des crimes contre l'humanité vendredi, des lycéens de Drancy ont fait découvrir le mémorial de la Shoah de leur ville à d'autres jeunes de leur âge.
Quel est le meilleur moyen pour apprendre, que de transmettre soi-même un savoir ? Pour la première fois, des lycéens de Drancy, en Seine-Saint-Denis, ont testé cette méthode et assuré la visite-guidée du mémorial de la Shoah et du camp d'internement de la ville.
Une initiative mise en place dans la cadre de la journée de la mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l'humanité, vendredi 26 janvier. Il y avait d'ailleurs vraisemblablement besoin de ce type de projet pédagogique, car peu de ces éléves connaissaient l'histoire de leur ville.
Mieux qu'une leçon d'histoire
L'exposé débute dans la rue, devant l'un des wagons qui servait aux déportations. "Ce wagon a aidé à transporter des milliers de Juifs dans différents camps", raconte Joël, élève en première au lycée Delacroix de Drancy. "100 personnes ou plus pouvaient entrer là, rester debout... Vous imaginez ?"
Les autres élèves, venus de toute la France, écoutent avec attention leurs camarades. Il y a quelques hésitations et imprécisions. Mais ils sont très vite pardonnés par l'assistance.
Je trouve que le contact est plus facile, plus direct quand c'est quelqu'un de notre âge. Cela fait moins scolaire que si on était avec un adulte. C'est simplifié ! Parfois les adultes vont parler dans un langage plus compliqué.
Deux lycéennes qui ont visité le mémorial de la Shoah et le camp d'internement de Drancy
Ces lycéens-guides s'en sortent bien. Ils évoquent la Gestapo, les procès qui ont suivi la guerre... On a l'impression que certains ont connu l'histoire de ce camp d'internement, aujourd'hui transformé en une cité d'immeubles, à l'image de Fradnelle Mbani.
Pourtant il y a encore quelques semaines cette jeune habitante de Drancy passait régulièrement devant ce lieu sans en connaître le passé. "Je ne connaissais rien de tout ça. Je voyais juste un wagon devant, mais je me disais que si c'était pour l'esthétique, ce n'était pas beau", raconte Fradnelle.
Un constat qui a d'ailleurs beaucoup étonné Yaelle Sadoun, professeur d'histoire-géographie au lycée Delacroix de Drancy : "On se rend compte en interrogeant les élèves qu'ils ne savent pas où se situe le mémorial, certains ne savent même pas ce qui s'est passé à Drancy", décrit-elle. "En fait, c'est une découverte de leur propre ville. Le premier travail, c'était l'appropriation des lieux".
Vraisemblablement, grâce à cet exercice de visite-guidée, la leçon a été bien apprise et bien intégrée. "Il y a 80 000 personnes qui sont passées par-là, sachant qu'à Drancy on est à peine 65 000 habitants, donc c'est énorme", explique par exemple Fradnelle.
C'est nous les témoins des témoins, donc c'est à nous de transmettre l'Histoire.
Fradnelle Mban, une jeune habitante de Drancy
Face à cette réussite, d'autres élèves de Drancy seront amenés dans les prochaines années à faire visiter ce lieu de mémoire et à se réapproprier l'histoire de leur ville.
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