Maladie des frênes : "On ne perdra pas l'espèce"
Un champignon, le Chalara venu d'Asie, s'attaque aux frênes en Europe. Cinq forêts dans le Nord et le Pas-de Calais vont être fermées au public pour des raisons de sécurité. Les frênes se meurent mais selon Benoit Marçais, directeur de recherche à l'INRA de Nancy, invité de franceinfo, "on ne perdra pas l'espèce" car elle organise sa propre résistance.
De quoi souffrent les frênes ?
"Ils souffrent d'une maladie exotique qui est un champignon venant d'Asie. Il envahit l'Europe depuis une vingtaine d'année. Il est arrivé en France en 2008. Pour la première fois, en Haute-Saône et depuis progresse régulièrement. Il provoque une très forte épidémie qui tue les arbres."
Pourquoi ce champignon ne tue que les frênes ?
"La plupart des champignons sont très spécifiques d'une espèce et attaquent juste une espèce. Les épidémies qui tuent tous les arbres existent très peu. Ce champignon est inoffensif pour toutes les autres espèces. Ils n'attaquent que deux espèces de frênes en France, le frêne commun et le frêne oxyphylle. Même le frêne méditerranéen à fleurs, n'est pas sensible."
Pourquoi ce champignon progresse-t-il aussi rapidement ?
"Il se propage de façon très efficace par voie aérienne. Il est capable de franchir à peu près 60 kms par an. De l'endroit où il a été introduit, aux confins entre la Pologne et la Lituanie, il a pu progresser en une vingtaine d'année. Il a été disséminé probablement par plantation, de plants contaminés. C'est assez courant."
Ce champignon tue les frênes en combien de temps ?
"Cela dépend de l'âge du frêne. Les petits, la mortalité est vraiment très violente. On a jusqu'à 70 à 80% de mortalité en 2-3 ans. Les arbres plus vieux meurent beaucoup moins. Ils dépérissent très vite et après ils sont très malades, mais l'arbre peut rester comme ça longtemps."
Les frênes sont-ils amenés à disparaitre en France ?
"Il y a une partie de la population qui est totalement résistante donc on ne perdra pas l'espèce. Ce n'est pas comme l'orme qui a été éliminé par la graphiose de l'orme dans les années 70-80 où il n'y avait pas de résistance. Là, il y a de la résistance donc on ne perdra pas l'espèce. Cela ne représente que 3 % des forets français. C'est une essence mineure. Par contre dans certaines régions, en particulier dans l'est et le nord de la France, cela peut prendre une importance plus forte. (…) Il y a certains secteurs du Nord de la France où le frêne représente la moitié des forêts."
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