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La polémique entre "Libération" et Michel Onfray expliquée en quatre actes

Le philosophe est au centre des critiques après une interview accordée au "Figaro". 

Article rédigé par franceinfo
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Michel Onfray, lors de l'ouverture de son Université populaire, le 15 octobre 2010 à Hérouville-Saint-Clair (Calvados).  (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

C'est une polémique qui dure depuis dix jours déjà et qui s'est invitée samedi 19 septembre sur les écrans de télévision, dans l'émission "On n'est pas couché". Elle oppose le philosophe libertaire Michel Onfray à Laurent Joffrin, le directeur de la publication de Libération. Celui-ci reproche à l'écrivain de défendre les idées du FN ou, tout du moins, de faire le jeu du parti d'extrême droite. Retour en quatre actes sur cet échange par interviews, tribunes et éditos interposés.

Acte 1. Michel Onfray défend le "peuple old school" dans "Le Figaro"

Tout commence par une interview de Michel Onfray accordée au Figaro concernant la crise des migrants et publiée jeudi 10 septembre. Il s'interroge sur les effets de la publication de la photo du petit Aylan sur l'action des dirigeants politiques et regrette qu'une "photo bien légendée" puisse "faire plus qu'un long discours argumenté".

Michel Onfray prend ensuite la défense du "peuple old school", qui pourrait se sentir trahi par l'accueil de populations migrantes alors qu'il "souffre" lui aussi.

J'en veux moins à Marine Le Pen qu'à ceux qui la rendent possible.

Michel Onfray

Le Figaro

Et le philosophe libertaire de développer : "Qu'un paysan en faillite, un chômeur de longue durée, un jeune surdiplômé sans emploi, une mère seule au foyer, une caissière smicarde, un ancien avec une retraite de misère, un artisan au bord du dépôt de bilan disent : 'Et qu'est-ce qu'on fait pour moi pendant ce temps-là ?', je n'y vois rien d'obscène. Ni de xénophobe. Juste une souffrance. La République n'a pas à faire la sourde oreille à la souffrance des siens."  

Acte 2. "Comment Michel Onfray fait le jeu du FN", titre "Libération"

"Michel Onfray file un mauvais coton", écrit Laurent Joffrin, mardi 15 septembre, dans Libération, qui consacre sa une et ses quatre premières pages au philosophe et à ses thèses.   

Et le directeur de la rédaction du quotidien de répondre point par point à l'interview du philosophe, l'enjoignant de "cesser de se faire l'auxiliaire du lepénisme". Il l'assure, "quand Onfray parle de 'mépris du peuple', il ne vise qu'une seule chose : l'immigration et ses répercussions sur l'identité nationale. Ceux qui acceptent ou encouragent l'immigration 'méprisent le peuple' et ceux qui la combattent en sont de meilleurs représentants. Telle est l'idée de base."  

Acte 3. "On n'a pas le droit de poser des questions", répond Michel Onfray 

 
Michel Onfray prévient dès mardi qu'il répondra à Libération et à ses "cinq pages de haine" sur le plateau d'"On n'est pas couché".

Et, de fait, le philosophe est l'invité politique de l'émission diffusée sur France 2 samedi 19 septembre. Pendant une heure, il répond aux questions de Léa Salamé, de Yann Moix et de Laurent Ruquier. S'il avoue ne pas avoir lu le dossier de Libération, cela ne l'empêche pas de tirer à vue sur le quotidien : "Qu'on ne me juge pas sur des bouts de papier, mais sur ce que je fais depuis 2002." Et de rappeler qu'il a créé l'Université populaire de Caen "pour lutter contre le Front national". "Je suis toujours de gauche, j'ai toujours voté à gauche", assène Michel Onfray.

Même ligne de défense également dans Le Monde"Qu'on me reproche d'être l'allié objectif de Marine Le Pen est aberrant  !" s'exclame-t-il, brandissant comme preuves son "athéisme avéré", son "opposition à la peine de mort", sa "défense de l'avortement et du mariage homosexuel", son "combat pour l'euthanasie et le clonage thérapeutique"...  

Sur France Culture également, il réplique. "Il me semble qu'il y a des questions qu'on n'a pas le droit de poser. Du simple fait que des questions seraient par nature de droite. On n'aurait pas le droit de dire le mot 'immigration' ou "islam'", s'indigne Michel Onfray, qui demande à la gauche et à Libération de faire "leur autocritique" plutôt que de "critiquer les autres"

Acte 4. Laurent Joffrin reprend sa plume : "S'il voulait bien rebrousser rapidement chemin"

Comme pour préciser sa pensée, le directeur de la publication de Libération, qui estime que Michel Onfray ne répond pas à la question posée par son journal, publie un nouvel édito dimanche 20 septembre. "Nous n'avons en rien écrit qu'Onfray avait rejoint le FN", écrit Laurent Joffrin, qui poursuit : "Nous avons critiqué son raisonnement, qui consiste à dire que la République a abandonné le peuple français pour privilégier, symboliquement et matériellement, les immigrés."

Sa conclusion ? "C'est le problème du 'souverainisme de gauche' dont se réclame Onfray  : il dérive toujours et devient une machine de guerre, non contre la droite mais contre la gauche." Puis le journaliste demande à Michel Onfray, qu'il qualifie de "philosophe de qualité", de "bien vouloir rebrousser chemin". On attend la réponse de son interlocuteur. 

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