Lucien Neuwirth, l'homme à l'origine de la loi autorisant la pilule contraceptive, est mort
En 1967, il avait dû lutter contre la majorité de son propre camp gaulliste pour faire adopter un texte autorisant la contraception pour les femmes, dans une France très conservatrice.
Lucien Neuwirth, père de la pilule contraceptive et gaulliste historique, est mort à Paris dans la nuit du lundi 25 au mardi 26 novembre, à 89 ans, des suites d'une infection pulmonaire. L'annonce provient du Figaro, journal où travaille son épouse, la journaliste Sophie Huet.
Engagé à 16 ans dans la Résistance, Lucien Neuwirth a, par la suite, été longtemps député puis sénateur de droite. Il avait réussi, dans la France très conservatrice d'avant 1968, à faire adopter en 1967, contre la majorité de son camp, la loi autorisant la contraception. Loi qui porte son nom.
Comme l'explique le site de l'Assemblée nationale, c'est à Londres, pendant la seconde guerre mondiale, qu'il a découvert la Gynomine, produit contraceptif vendu dans les parfumeries anglaises. Elu conseiller municipal de Saint-Etienne, sa ville natale, puis député de la Loire, il a été confronté aux difficultés du milieu ouvrier face à la contraception. En 1957, il commence à travailler avec le mouvement Maternité heureuse, qui deviendra le Mouvement français pour le planning familial.
Il parvient à convaincre De Gaulle
En 1966, Lucien Neuwirth convainc le président de l'époque, le général de Gaulle, de soutenir une loi autorisant la pilule contraceptive. Le chef de l'Etat, jusqu'ici choqué par cette proposition portée un an plus tôt par son adversaire politique François Mitterrand, finit par répondre au député Neuwirth : "C'est vrai , transmettre la vie, c'est important. Il faut que ce soit un acte lucide. Continuez."
Un an plus tard, après un long débat à l'Assemblée et dans la société française, la loi sur la contraception, dite "loi Neuwirth", est adoptée. Elle autorise la fabrication et l'importation de pilules contraceptives, leur vente exclusive en pharmacie sur ordonnance médicale, avec autorisation parentale pour les mineures. Il faudra cependant attendre 1972 pour que les derniers décrets d'application soient pris.
Victime de la "vague rose", dans la foulée de l'élection de François Mitterrand en 1981, Lucien Neuwirth a perdu son siège de député. Mais il a été élu sénateur RPR de 1983 à 2001, date à laquelle il a abandonné tout mandat local.
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