La justice refuse de retirer une vidéo controversée de Dieudonné sur YouTube
L'Union des étudiants juifs de France demandait le retrait de cette vidéo, visionnée à plus de deux millions de reprises.
Le tribunal de grande instance de Paris a rejeté, vendredi 20 juin, la demande de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), qui réclamait le retrait d'une vidéo de Dieudonné vue plus de deux millions de fois sur YouTube. L'association demandait en référé à la justice d'ordonner à l'humoriste controversé de retirer la vidéo "Manuel Valls aka 'El Blancos', Premier ministre !!", publiée sur son compte début avril. Elle estime que plusieurs passages étaient susceptibles de constituer un délit de provocation à la discrimination, la haine ou la violence à l'égard des juifs.
Dans cette vidéo, Dieudonné appelle les "non-juifs" à se "révolter" et à se "mobiliser" contre l'occupation et la servitude qui seraient imposées par "les juifs de France". Tout comme une autre association, J'accuse, l'UEJF demandait 50 000 euros de dommages et intérêts, à reverser au Mémorial de la Shoah. Les associations demandaient également à obtenir le texte du prochain spectacle de Dieudonné, dont il annonçait dans la vidéo incriminée le titre : "Incitation à la haine".
Le juge défend la liberté d'expression
Sur les propos attaqués, le juge a estimé que, s'ils "pouvaient légitimement heurter et choquer", ils visaient "principalement à stigmatiser et jeter le discrédit sur Manuel Valls, et à dénoncer le statut privilégié que le ministre de l'Intérieur reconnaîtrait aux juifs de France". Dieudonné partait de propos de Manuel Valls lors d'une manifestation contre l'antisémitisme en mars, avant sa nomination comme Premier ministre, où il avait estimé que "les juifs de France sont plus que jamais les Français à l'avant-garde de la République et de nos valeurs". Le juge a également rappelé que "les prises de position [de Manuel Valls] hostiles [à l'égard de Dieudonné] et les mesures mises en œuvre à son encontre sont de notoriété publique".
Sur la demande concernant le prochain spectacle, le juge a par ailleurs estimé "qu'en l'état, les associations demanderesses ne justifient pas, au vu de la teneur de la seule annonce faite par le défendeur de son prochain spectacle, d'un motif suffisamment légitime pour procéder à une mesure aussi restrictive de la liberté d'expression".
L'avocat des associations a annoncé son intention de faire appel du jugement.
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