Valls va resserrer l'étau autour de Dieudonné

Le ministre de l'Intérieur ne dit pas précisément comment il compte interdire les spectacles de Dieudonné, mais il veut être "efficace". Dans une brève déclaration au Journal du Dimanche du 5 janvier, Manuel Valls indique qu'il enverra "une circulaire aux préfets en début de semaine".

Dieudonné, qui doit entamer une tournée à Nantes, jeudi, est dans le collimateur du ministre. Il explique que, selon lui, "Dieudonné est profondément anti-Juif", "on n'est plus dans le spectacle, on est dans le meeting". Par conséquent, "la question de l'interdiction est pour moi une manière de pousser le débat", explique-t-il.

Fin décembre, il avait prévenu qu'il comptait envoyer rapidement cette circulaire aux préfets. Il expliquait alors que les préfets "devront apprécier à l'occasion de chaque spectacle si le risque de trouble est caractérisé et justifie d'interdire la représentation".

Valls a peu de marge de manœuvre

Le ministre de l'Intérieur est soutenu par le chef de l'Etat François Hollande et le président de l'UMP Jean-François Copé. Mais il est aussi critiqué par certains au nom de la liberté d'expression. Par ailleurs, l'interdiction est jugée difficile à mettre en oeuvre juridiquement. 

Ainsi, malgré les déclarations du ministre de l'Intérieur, Dieudonné a tenu un spectacle jeudi soir au théâtre de la Main d'Or à Paris. Toujours dans le JDD, la première adjoint de Bertrand Delanoë et candidate à la mairie de Paris, Anne Hidalgo, se dit "favorable à l'interdiction de son spectacle et à la fermeture de son théâtre". Pour autant, elle reconnaît que "la mairie de Paris n'a pas de pouvoir particulier en la matière, hormis la parole des élus et celle du maire", puisque "La Main d'Or est un théâtre privé qui ne reçoit aucune subvention municipale".

L'écrivain Bernard-Henri Levy donne raison lui aussi au ministre de l'Intérieur, dans un entretien au Parisien (article payant). Il estime que "les spectacles de Dieudonné ne sont pas des spectacles, mais des meetings" où "on prêche... le négationnisme, la haine des juifs, l'apologie des crimes contre l'humanité -toutes choses que la loi républicaine condamne. (...) Il y a un moment où... il est du devoir de la parole publique de dire stop".