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Marlène Schiappa : "On peut caractériser le harcèlement de rue dans la loi, comme on l'a fait pour le harcèlement moral"

Marlène Schiappa, secrétaire d'État à l'Égalité entre les femmes et les hommes, était l'invitée de franceinfo lundi pour expliquer le but de son "Tour de France de l'égalité". 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Marlène Schiappa, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes. (RADIO FRANCE / JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT)

Le gouvernement envisage de présenter l'an prochain au Parlement un projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles, notamment les violences sur mineurs. Marlène Schiappa, secrétaire d'État à l'Égalité entre les femmes et les hommes, a lancé lundi 16 octobre, une consultation citoyenne, pour donner la parole aux citoyens, aux victimes, dans la continuié d'un Tour de France de l'égalité démarré le 4 octobre.

Il faut "créer les conditions de libération de la parole, à la fois pour les victimes qui le souhaitent mais aussi pour les témoins" a déclaré sur franceinfo Marlène Schiappa. Le but de la loi et des consultations "est d'abaisser le seuil de tolérance sociale de notre société aux violences sexistes et sexuelles", a-t-elle martelé.

franceinfo : Comment verbaliser le harcèlement de rue ?

Marlène Schiappa : L'idée est d'avoir une très grande loi citoyenne écrite avec les experts mais aussi avec toute personne qui voudrait participer à ces ateliers du Tour de France de l'égalité entre les femmes et les hommes. En ce qui concerne le harcèlement de rue, j'ai installé avec le ministère de l'Intérieur et le ministère de la Justice un groupe de travail de cinq parlementaires de groupes politiques différents. Leur mission est de caractériser, de définir dans la loi ce qu'est le harcèlement de rue. À l'heure actuelle, c'est cette zone grise, entre d'un côté la séduction consentie, et de l'autre l'agression sexuelle qui elle est déjà punie par la loi. 

Je ne vise pas particulièrement l'espace public, je vise tout.

Marlène Schiappa, secrétaire d'État à l'Égalité entre les femmes et les hommes

à franceinfo

C'est pour cela que c'est une très grande loi, une loi citoyenne, avec trois volets : l'allongement des délais de prescription pour les crimes sexuels sur mineurs, qui se passent dans le cadre de la famille ; la création d'un âge en dessous duquel il y aurait une présomption de non-consentement, qu'on considère qu'en dessous d'un certain âge, vous n'avez pas pu consentir à un rapport sexuel, que c'est un viol, ou une agression sexuelle ; et enfin le harcèlement de rue. Le but de ce Tour de France de l'égalité et de cette grande loi citoyenne est que chaque femme et chaque homme nous dise ce qui manque et qui peut être ajouté à la loi, avec de la formation, de la sensibilisation, de l'éducation et avec une grande campagne de communication autour du 25 novembre.

Comment caractériser le harcèlement de rue dans la loi ?

Je pense qu'on peut le caractériser très clairement, comme on l'a fait pour le harcèlement moral au travail par exemple. On disait que ce serait difficile, impossible. En réalité, ça a été caractérisé dans la loi et ça a été puni. Demander une fois un numéro de téléphone à quelqu'un, ce n'est pas du harcèlement de rue. Mais suivre une personne dans deux trois, quatre rues, la suivre dans le métro, dans le bus, lui parler très près, lui demander quinze fois son numéro de téléphone, c'est du harcèlement de rue, et ça intimide, ça crée un climat de terreur pour les femmes dans l'espace public.

Ne manque-t-il pas des moyens pour que les victimes soient entendues plutôt que des textes de loi qui existent déjà et sont très rarement sollicités ?

Il manque beaucoup de choses, en effet. Il manque une sensibilisation et le but de ce Tour de France de l'égalité lancé début octobre par le Premier ministre Édouard Philippe, avec moi, est d'abaisser le seuil de tolérance sociale de notre société aux violences sexistes et sexuelles. On voit qu'il y a une tolérance, beaucoup de gens savaient à chaque fois, à chaque affaire de harcèlement sexuel, et ces gens n'ont rien fait, ils se sont tus. C'est la mission des pouvoirs publics de créer les conditions de libération de la parole, à la fois pour les victimes qui le souhaitent mais aussi pour les témoins. C'est aussi notre mission de faire une juste condamnation judiciaire et sociétale. Ça demande de faire appel à la loi, à un combat culturel. C'est pour cela que je ne laisse rien passer, que j'interviens dès lors qu'il y a un agissement, une parole, un acte sexiste : pour abaisser ce seuil de tolérance, créer les conditions pour que les femmes puissent s'exprimer. C'est pour ça qu'avec le budget de mon secrétariat d'État, nous finançons le 3919 qui est le numéro que les femmes qui sont victimes de violences peuvent appeler. De la même manière, elles peuvent se tourner vers les collectifs féministes contre le viol ou vers des centres d'information des droits des femmes et des familles. Il y en a partout en France, en Métropole et en Outremer. Dans chaque département, les femmes peuvent aller là-bas, parler, éventuellement construire les plaintes qu'elles voudront ou pourront déposer auprès des commissariats, des gendarmeries et il y a également des points d'accès au droit partout dans Paris.

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