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Affaire Grégory : les manquements scientifiques

Le 16 octobre 1984, Grégory Villemin, 4 ans, est retrouvé dans la Vologne. Trente ans après, l’enquête n’est toujours pas close. A l’époque, les enquêteurs ont eu peu d’éléments car la police scientifique n’existait pas.
Article rédigé par franceinfo
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  (Christine et Jean-Marie Villemin, accompagnés des gendarmes lors de la reconstitution du crime © Reuters /Jacky Naegelen)

Le souvenir du petit Grégory est omniprésent chez les époux Villemin, 30 ans après son assassinat toujours non élucidé. Le cap des 30 ans de l'affaire est douloureux et stressant" pour les Villemin.

 

Le père de Grégory, Jean-Marie Villemin, a fait 4 ans de prison pour avoir tué, en 1985, son cousin Bernard Laroche, qui était soupçonné du meurtre. Les soupçons de la justice s'étaient ensuite portés sur sa femme, Christine, la propre mère de Grégory, mais elle a bénéficié en 1993 d'un non-lieu retentissant pour absence totale de charges.

Un désert scientifique

"L’affaire Grégory a été un moment de rupture pour la gendarmerie qui s’est retrouvée face à un vide en la matière. La gendarmerie n’avait pas de laboratoire et ceux de la police était, à l’époque, dans un état de déshérence. Il y avait moins de 30 scientifiques pour toute la France, " explique le colonel François Daoust, directeur de l'IRCGN (Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale).

 

Après la découverte du corps très peu de précautions ont été prises pour protéger le lieu. Journalistes, médecins, enquêteurs, badauds… ont piétiné la scène du crime.

 

"A l’époque les scènes de crimes étaient moins sujettes à toutes les protections que l’on prend actuellement et surtout l’émotion de la découverte du corps d’un enfant a fait qu’immédiatement tout le monde est venu voir ce qu’il se passait sans tenir compte de la réalité des milieux qui auraient du être sacraliser. "

Des évolutions majeures

Il y a eu des problèmes de constatation et de collecte de pièces essentielles. Aujourd’hui, la situation a beaucoup évolué. "En plus des nouvelles découvertes qui ont rendu les scènes encore plus sensibles, l’ADN est venue s’en mêler, alors qu’à l’époque c’était quelque chose qui n’était pas connu en criminalistique. On prenait des protections que pour les empreintes digitales et quand cela était fait il n’y avait plus de nécessités à ce que le scellé soit protégé comme il l’est actuellement. "

 

Du côté des gendarmes, on a créé une section technique d’investigation criminelle en 87, puis l’IRCGN. "Le constat étant pour la gendarmerie que les laboratoires qui existaient n’ont pas répondu, qu’une enquête judiciaire ne peut être menée qu’à partir du moment où il y a une unité d’action. L’enquête judiciaire c’est un tout du laboratoire au technicien en passant par les enquêteurs qui doivent savoir ce que les uns et les autres peuvent faire. "

Si l'affaire Grégory avait lieu aujourd'hui on ne se priverait d'aucune possibilité de trouver des preuves

Si l’affaire Grégory avait lieu aujourd’hui "tous les moyens seraient mis en œuvre et toutes les traces, toute la protection des lieux, qui intéressent le corps, tout ce qui pourrait aider à la manifestation de la vérité serait fait. On ne se priverait d’aucune possibilité de trouver des preuves matérielles, alors qu’à l’époque on n’en avait ni les moyens ni les connaissances. "

L'affaire Grégory a été un moment de rupture pour la gendarmerie, estime le colonel Daoust, directeur de l'IRCGN

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