Sécurité routière : trois questions sur la gestion privée des radars embarqués
Bientôt, les radars embarqués dans les voitures seront gérés par des entreprises privées. Le dispositif est testé à partir de vendredi en Normandie, avant sa généralisation progressive dans toute la France à partir de septembre.
Un policier ou un gendarme au volant d'une voiture équipée d'un radar embarqué, ce sera bientôt du passé : l'Etat va confier cette mission à des sociétés privées. Une première expérimentation a commencé, vendredi 24 février, en Normandie, avant une généralisation progressive dans toute la France à partir du 1er septembre. Mais cette nouvelle pratique ne passe pas du côté des associations d'automobilistes, qui craignent une augmentation du nombre de PV. Franceinfo vous présente les changements en trois questions.
1Quel est le nouveau dispositif ?
Aujourd’hui, 383 voitures banalisées munis d'un radar embarqué roulent sur les routes de France, à l'affût des excès de vitesse des automobilistes, selon les chiffres de la Sécurité routière. "Ces véhicules banalisés circulent actuellement avec un équipage de deux policiers ou deux gendarmes, dont l’un est affecté à la conduite et l’autre au réglage de la vitesse autorisée à l’endroit traversé, expliquent les autorités. Aucun d’entre eux n’a pour mission de constater l’excès de vitesse : c’est le système embarqué qui s’en charge."
Dans le futur, ce seront "des entreprises qui fourniront des chauffeurs pour conduire, sous étroit contrôle de l’Etat, ces véhicules banalisés". L'expérimentation démarre en Normandie, vendredi 24 février, mais "dans un premier temps" aucun PV ne sera envoyé. Ce sera différent à partir du mois de septembre : le système va commencer à s'étendre à tous les départements, et les amendes tomberont vraiment.
Le gouvernement assure que les contrôles se feront sur des zones limitées. "Ils porteront sur des axes ciblés en raison de leur accidentologie, pour lesquels il aura été identifié qu'un abaissement de la vitesse de circulation permettrait de réduire le nombre de morts et de blessés graves, a détaillé Bruno Le Roux, le ministre de l'Intérieur, à l'Assemblée nationale, le 7 février. Les voitures-radar seront largement utilisées sur des itinéraires signalés aux conducteurs par des panneaux. Ces derniers seront installés à l'entrée de l'itinéraire, et tout au long du parcours afin que les conducteurs aient parfaitement conscience de la possibilité accrue d'un contrôle par une voiture-radar."
2Quel est l'objectif des autorités ?
A l'heure actuelle, ces véhicules, conduits par des policiers ou des gendarmes, sont "sous-utilisés", selon le gouvernement. Leur activité est d'un peu plus d'une heure en moyenne par jour. Pour augmenter leur temps d'usage, le gouvernement souhaite donc faire appel à des entreprises privées, qui fourniront leurs propres chauffeurs.
Le ministère de l'Intérieur explique aussi que ce changement va aussi "libérer du temps de travail pour les forces de l'ordre". Qui, en d'autres termes, ont mieux à faire que de courir après les chauffards. Le temps libéré pourra être mis "à profit pour la lutte contre la délinquance et la protection de la population, comme pour la recherche des conduites en état d’ivresse ou après prise de stupéfiants".
3Y aura-t-il plus de verbalisations ?
C'est précisément ce que craint l'association 40 millions d'automobilistes, qui dénonce "une mesure scandaleuse". Selon elle, ce dispositif permettra à l'Etat d'engranger 2,2 milliards d'euros par an, contre environ 900 millions aujourd’hui. "Est-ce que l'Etat renouvellera le contrat d'une société privée qui a très peu flashé ?, s'interroge Pierre Chasseray, son président, contacté par franceinfo. Eh bien non ! Il leur dira que ça n'a pas été suffisamment efficace. Donc toute l'efficacité va reposer sur le nombre de flashs". L'association a lancé une pétition pour demander le retrait de cette mesure.
Le gouvernement se défend et assure que la rémunération des sociétés privées sera "totalement indépendante" du nombre de contraventions, promet Bruno Le Roux : "Le cahier des charges (...) ne leur donnera pas pour objectif de collecter un nombre minimum de messages d'infraction". Les chauffeurs auront des règles strictes à respecter, précise Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la Sécurité routière, joint par franceinfo. "Chacun se verra indiquer un chemin par un signal GPS, qui lui dira exactement par où passer, explique-t-il. Dans le contrat, on dira à l'entreprise : 'vous devez faire rouler cette voiture tant d'heures par jour à tel endroit', on indiquera des lieux, des objectifs. Au moment où cette société signera, elle pourra déterminer à l'avance ce qu'elle va gagner dans les années à venir."
Le nom des sociétés prestataires n'est pas encore connu. Les appels d’offres seront lancés dans les semaines qui viennent.
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