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Coupe du monde : les supporters de l'équipe d'Algérie ont-ils tout cassé dimanche soir ?

La victoire des Fennecs sur la Corée du Sud a suscité des scènes de liesse un peu partout en France. Des dégâts et des débordements ont été constatés dans plusieurs villes, mais aucun incident majeur n'est à signaler.

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Des supporters de l'équipe d'Algérie fêtent la victoire 4-2 face à la Corée du Sud, le 22 juin 2014 à Lyon (Rhône). (CITIZENSIDE / NICOLAS LIPONNE / AFP)

A chaque victoire de l'Algérie, la polémique revient. Un peu partout en France, les supporters des Fennecs sortent dans la rue pour fêter leur équipe, à grands renforts de drapeaux, de fumigènes et de coups de klaxon. Sur les réseaux sociaux, l'extrême droite s'étrangle et diffuse des photos de dégradation présentées comme étant l'œuvre des supporters déchaînés.

La victoire de l'Algérie dimanche 22 juin sur la Corée du Sud (4-2) en Coupe du monde n'échappe pas à la règle. Francetv info démêle le vrai du faux.

1 Une église brûlée à Lyon : faux

La rumeur a été lancée par des militants du Bloc identitaire, un mouvement d'extrême droite. A Lyon (Rhône), les supporters algériens auraient incendiés l'église de l'avenue du Plateau, dans le quartier de La Duchère.

Contactée lundi par francetv info, la direction départementale de la sécurité publique (DDSP) du Rhône dément, avant de préciser mardi à Rue89 : "il y a bien eu des départs de foyers d'incendie à proximité de l'église, peut-être causé par des fumigènes. Mais l'église n'a pas été directement visée". Le Progrès signale, lui, un feu sur les talus autour du bâtiment. En fait, le lieu de culte a été incendié en 2006, à deux reprises, comme le raconte 20 Minutes.fr. Mais les supporters de l'équipe d'Algérie n'y sont pour rien.

2 Des voitures brûlées et des commerces vandalisés dans plusieurs régions : vrai

S'il ne s'est rien passé dans le quartier de la Duchère, plusieurs incidents ont été signalés un peu partout en France et notamment dans la région lyonnaise. Au total, hors région parisienne, 21 personnes ont été interpellées, selon le ministère de l'Intérieur.

Vaulx-en-Velin (Rhône). Dans cette commune de l'agglomération lyonnaise, 200 personnes se sont rassemblées après le match. Parmi eux, une vingtaine d'individus a fait irruption dans une supérette "en brisant la vitre de la porte d'entrée", indique la synthèse de la DDSP. Ils se sont emparés "de bouteilles d'alcool, de clés USB, de casques audio et de consoles de jeux", précise le rapport policier. "L'occasion fait le larron, certaines personnes en profitent", observe-t-on à la DDSP.

Givors (Rhône). Un individu de 18 ans a été interpellé. Passager de l'un des véhicules qui a "envahi" le centre-ville, il a visé "à plusieurs reprises les policiers avec un faisceau laser, sans les blesser". A Lyon, un autre homme, âgé de 21 ans, a lui été embarqué après avoir insulté les CRS. Une dizaine de voitures ont été brûlées dans le département.

A la DDSP, si on estime ne pas avoir "suffisamment de recul" pour faire des comparaisons, on observe qu'un match de Ligue 1 occasionne "parfois des événements plus sévères". "On est plus dans l'affrontement de personnes, alors que là, nous étions dans l'expression d'une satisfaction liée au score", développe-t-on.

Roubaix (Nord). Dans l'agglomération lilloise, 15 voitures ont été incendiées à Roubaix, 4 à Lille, 3 à Valenciennes, 2 à Maubeuge et 1 à Douai, selon les chiffres de la préfecture du Nord. Et 12 feux de poubelles ont été signalés dans le département, ainsi que de "nombreux comportements routiers inadaptés".

Grenoble (Isère). On dénombre neuf voitures et un bus brûlé. Trois véhicules de police ont également été endommagés par des jets de projectiles.

Villiers-le-Bel (Val-d'Oise). Une voiture de police a été la cible d'un cocktail Molotov, rapporte un journaliste du Monde.

Par ailleurs, à Mulhouse (Haut-Rhin), un jeune supporter est mort dans un accident de voiture. Il fêtait la victoire des Fennecs assis sur la portière lorsque le véhicule s'est renversé, raconte l'Alsace.fr.

3 Des dégâts et des voitures brûlées à Paris : faux

Dans la capitale et en petite couronne, aucun incident particulier n'a été signalé. "Il y a eu beaucoup de bruit, mais ce n'est pas nous qui traitons le bruit", plaisante le lieutenant-colonel Samuel Bernès, au service communication des Pompiers de Paris. Même constat du côté de la préfecture de police. "Il y avait du monde, on les a vus, mais il n'y a pas eu d'incidents particuliers. Paris n'était pas à feu et à sang", explique-t-on.

Dans le quartier de Barbès, la police a dénombré 900 supporters. "Il y a eu des fumigènes allumés, mais l'ambiance était très festive et ils se sont dispersés vers 1 heure du matin", poursuit la préfecture de Police. Asha, une Canadienne de 27 ans contactée par francetv info, n'est cependant pas prête d'oublier cette soirée. Alors qu'elle rentrait chez elle, vers minuit, sur la ligne 2 du métro, une soixantaine de supporters algériens "complètement fous", le visage parfois masqué, ont fait irruption dans la rame. L'un d'eux s'est emparé d'un extincteur : "Il a aspergé tout le monde", raconte la jeune femme qui a eu "un peu peur".

Bilan de la soirée : 7 personnes interpellées à Paris et en proche banlieue ainsi que quelques feux de poubelles. Aucune voiture n'a été incendiée. Après le match, des mesures de précaution ont été prises – fermeture de la station de métro Barbès-Rochechouart, retour des bus et des trams au dépôt à 23h30 – mais le dispositif policier était sensiblement le même que pour France-Suisse vendredi. "On surveille tous les matchs, que ce soit l'équipe de France, l'Algérie ou le Portugal", rappelle la préfecture.

Comme tout rassemblement spontané sur la voie publique, les matchs de foot sont en effet susceptibles d'entraîner des débordements, généralement proportionnels au nombre de personnes présentes. En 1998, comme le rappelle Le Parisien, des accidents et des agressions avaient gâché la fête un peu partout en France après la victoire des Bleus. Sur les Champs-Elysées, deux voitures folles avaient fendu la foule. Bilan : un mort et 150 blessés. 

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