Euro 2016 : pas de matchs retransmis en terrasse ? Le gouvernement cafouille

A la veille du lancement de l'Euro 2016, la cacophonie s'installe au gouvernement. Le secrétaire d'Etat aux Sports, Thierry Braillard, a annoncé jeudi 9 juin que les gérants de bars ne pourront pas installer d'écrans sur leurs terrasses pour retransmettre des matchs de la compétition, et ce pour des questions de sécurité. "On ne peut pas accepter qu'il y ait des rassemblements non organisés que les forces de l'ordre n'ont pas les moyens de sécuriser", a-t-il dit sur BFMTV.

Problème : le ministre de tutelle de Thierry Braillard, le ministre des Sports Patrick Kanner, a démenti ses propos. Interrogé par L'Express, le cabinet du ministre regrette "une généralisation un peu hâtive dans les propos du secrétaire d'Etat". "L'interdiction concerne uniquement les retransmissions de matchs sur écran géant, pour des raisons de sécurité, mais absolument pas les cafés", ajoute le cabinet de Thierry Braillard. Mais dans une nouvelle version de son article, l'hebdomadaire précise que "la position du gouvernement sur le sujet reste à préciser".

"Mieux vaut un site très sécurisé"

A la question de savoir si les bars allaient être autorisés à diffuser sur leurs terrasses et sur écran géant les matchs de l'Euro, Thierry Braillard avait pourtant clairement répondu "non". "Une retransmission sur une terrasse, c'est obligatoirement amener un rassemblement autour de l'écran", a justifié le secrétaire d'Etat. Il a profité de l'occasion pour faire la promotion des "fan zones", des sites avec "toute la sécurité possible pour que ce lieu soit un lieu de vie".

"Mieux vaut un site très sécurisé que laisser faire des milliers de personnes qui seront dans la ville et qui vont se rassembler de manière désorganisée, et là, pour les forces de l'ordre, c'est impossible", a ajouté le secrétaire d'Etat. "On peut voir le match dans un endroit fermé à partir du moment où il y a une sécurité, mais on ne peut pas faire de rassemblement dehors", a martelé Thierry Braillard.

Une polémique qui vient de Marseille

Mercredi, un début de polémique avait commencé à éclater à Marseille, où une note de la mairie interdisait l'installation "d'écrans" et de "comptoirs sur les terrasses", provoquant la colère des patrons de bar. L'adjointe à la mairie chargée des emplacements publics, Marie-Louise Lota, avait aussitôt tenu à tempérer cette nouvelle, assurant qu'il ne s'agissait que "d'une note d'information" destinée à donner des "conseils de sécurité" et non pas d'une interdiction formelle.

Les bars et les terrasses sont considérés comme des "cibles molles" et inquiètent particulièrement les services de sécurité. "Le nombre de cibles est infini. N'importe quel bar dans lequel des gars regardent le match. Donc il faudrait tout protéger tout le temps et c'est bien entendu impossible", avait estimé un haut responsable policier auprès de l'AFP. Plus de 77 000 policiers et gendarmes, une partie des 10 000 soldats de l'opération Sentinelle et 1 000 secouristes bénévoles sont mobilisés pour assurer la sécurité pendant l'Euro.