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Euro 2016 : pourquoi le retour d'Adil Rami en défense n'est pas rassurant

Raphaël Varane ne disputera pas l'Euro. Et, pour le remplacer, Didier Deschamps a choisi un défenseur qui a déjà donné des sueurs froides aux supporters tricolores.

Article rédigé par franceinfo
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Le défenseur des Bleus Adil Rami lors de son arrivée à Clairefontaine (Yvelines), le 24 mai 2016. (FRANCK FIFE / AFP)

Le remplaçant de Raphaël Varane, blessé à la cuisse, dans la liste des 23 de Didier Deschamps s'appelle Adil Rami. Le défenseur de Séville, qui vient de gagner la Ligue Europa avec son club, grille la politesse aux réservistes pour s'installer directement dans le groupe de Didier Deschamps, et a rallié Clairefontaine mardi 24 mai. Mais, pour de nombreux observateurs de longue date des Bleus, l'équipe de France perd au change. Pourquoi tant de scepticisme ? 

Jamais 100% convaincant en bleu

Adil Rami et l'équipe de France, c'est une histoire "au goût d'inachevé", comme le reconnaît lui-même le défenseur natif de Bastia. Réserviste lors de la préparation au Mondial 2010, il regarde à la télé ses camarades s'enfermer dans un bus à Knysna. Les "meneurs" punis (dont Abidal et Gallas, qui jouent à son poste) et le sélectionneur remplacé, Rami saisit sa chance. Laurent Blanc l'appelle dès son premier match, face à la Norvège.

Une défaite (1-2) et quelques hésitations plus tard, sa prestation est sévèrement critiquée. "La charnière centrale inédite Mexès-Rami a montré sa fragilité sur la pelouse d'Oslo", tance Le Monde. C'est pourtant celle que Laurent Blanc va installer pendant les deux ans de son mandat. Avec des hauts (une qualification tranquille pour l'Euro) et des bas (de coupables absences lors des gros matchs, et une propension à commettre des erreurs qui remettent l'adversaire dans le match). Rami ne se considérera jamais comme faisant partie des cadres : "Pour garder ma place, il faut confirmer, reconfirmer et re-reconfirmer…"

Le joueur, élu le plus sexy du championnat de France en 2009, joue de ses charmes. Poli, sympathique et blagueur, il forme avec Philippe Mexès le duo de "clowns" de l'équipe de France. "Adil a besoin d'être rassuré, commente Laurent Blanc, qui ne le ménage pas après ses mauvaises prestations. Il a cette apparence joyeuse, insouciante, inconsciente, mais en vérité c'est un gros nounours." Un gros nounours qui a petit à petit disparu de la circulation en équipe de France, Didier Deschamps ne l'appelant plus qu'à doses homéopathiques jusqu'à sa dernière cape face au Brésil, à l'été 2013.  A l'époque, il partage la charnière avec Laurent Koscielny, pour des prestations oubliables.

"Un gros nounours" qui revient de loin

Ajoutez à cela des choix sportifs discutables (clash avec l'entraîneur à Valence, séjour dans un Milan AC sinistré) et Adil Rami s'est presque évaporé. Il lui reste sa faconde sur les réseaux sociaux – pour preuve, cette réponse à un supporter valencien qui le traitait de "gros" : "Je suis gros ? D’accord, montre la photo à ta femme et demande-lui si je suis gros." 

Ou ce magnifique soulevé d'épée lors d'une épreuve de "Fort Boyard", à l'été 2014. Ce n'est pas pour rien qu'on l'appelle "le Colosse" de l'autre côté des Pyrénées.

Là où les Bleus gagneront au change, c'est quand Rami trouvera un vieux costume de Footix ou se glissera dans la peau de Super Victor, la mascotte de l'Euro. Il avait montré d'indéniables qualités à Lille. 

Nous sommes un peu durs. Cette saison, Adil Rami a retrouvé son niveau, une équipe qui tourne et sa hargne légendaire, qui n'est pas sans rappeler celle de Mamadou Sakho. On parle d'un joueur qui n'a pas hésité à tacler le Barcelonais Neymar avec la tête, là où d'autres auraient hésité à mettre le pied.

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